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Biodiversité Quelle place pour les pollinisateurs en ville ?

Les fleurs installées en ville, si elles sont esthétiques, ne sont pas toutes attractives pour les insectes pollinisateurs. ©L. Hespel

Favoriser la présence des pollinisateurs, mieux les intégrer aux paysages urbains, mais aussi évaluer leur présence par les collectivités : ces sujets étaient au coeur d’une journée consacrée à ces insectes début novembre 2020.

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Chercheurs, collectivités, et associations étaient réunis mercredi 4 novembre 2020 pour échanger sur les pollinisateurs en milieux urbanisés à l’occasion d’une journée technique organisée par le groupement de recherche Pollinéco* et l’association Arthropologia.

Des fleurs sauvages pour les abeilles

La biologiste Isabelle Dajoz a commencé la journée en faisant un état des connaissances scientifiques sur la pollinisation en ville. Elle a rappelé que les villes sont favorables aux insectes pollinisateurs : par rapport à la campagne, il y a moins de produits phytosanitaires, il y fait plus chaud l’hiver et des fleurs sont à disposition toute l’année.
Toutefois certaines caractéristiques propres aux milieux urbains leur sont défavorables. En effet, tous les insectes ne peuvent pas survivre en ville (climat, flore, densité des sites de nidification), et les communautés urbaines d’abeilles sauvages sont appauvries en espèces rares.
De plus, certaines plantes ornementales très modifiées ne sont pas intéressantes pour les pollinisateurs. La gestion des ressources florales en ville, et plus largement des espaces verts, a donc un fort impact sur ces pollinisateurs.

Hugues Mouret, directeur scientifique d’Arthopologia, a ensuite évoqué les besoins des pollinisateurs, afin de favoriser leur présence en ville. Parmi les actions préconisées :
. connecter les espaces entre eux ;
. planter des essences indigènes et locales ;
. retarder, décaler et limiter le nombre des fauches ;
. laisser des zones en jachères ;
. laisser le bois mort et des tas de pierre sur site.

La matinée a aussi été l’occasion pour Plante & Cité de présenter son projet Appollo (Adaptation des Pratiques en faveur des POLLinisateurs et des Oiseaux pour la gestion écologique des espaces verts), projet en cours qui devrait s’achever en 2021. Ses objectifs : actualiser et enrichir les références techniques de gestion écologique des espaces verts, en se focalisant sur les pollinisateurs et les oiseaux. Mais aussi traduire les connaissances existantes en termes opérationnels pour les concepteurs et gestionnaires (collectivités et entreprises), au regard des pratiques de gestion écologique déjà préconisées.

Des outils pour mieux intégrer les pollinisateurs au milieu urbain

L’après-midi était consacrée à la présentation d’outils. Un point a d’abord été fait sur le pollinimètre. Cette base de données encore en développement est mise au point par les membres du groupement de Recherche Pollinéco. Il s’agit d’évaluer la capacité des milieux urbains à assurer le service de pollinisation, et d’identifier les liens entre pollinisation et gestion du milieu urbain. Cette présentation a permis de présenter le protocole afin de demander les avis et recommandations des futurs utilisateurs de cet outil.

Tela Botanica et Pollinéco ont ensuite présenté le logiciel Plant’Poll, lui aussi encore en phase de test. Dans les espaces verts actuellement, beaucoup de fleurs sont des espèces qui présentent un intérêt esthétique pour le fleurissement, mais qui ne sont pas forcément adaptées pour la pollinisation. Cet outil d’aide à la décision (OAD) gratuit a vocation à favoriser des espèces locales et adaptées, pour un fleurissement à la fois fonctionnel et esthétique. Un premier prototype a été présenté, pour ici aussi pouvoir recueillir des remarques et questions. A destination des collectivités et des particuliers, le logiciel fonctionnera sur Windows, et bientôt sur Linux.

Dernier outil présenté : Le diag pollinisateur**, développé par Arthropologia. Lui aussi gratuit, ses objectifs sont de sensibiliser, évaluer, et gérer en faveur des pollinisateurs. L’outil est décliné en trois versions :
. une pour les espaces verts (gestionnaires d’espaces verts, de voiries, paysagistes, urbanistes) ;
. une pour le grand public ;
. et une dernière pour les scolaires et loisirs.

Léna Hespel

*Groupement de chercheurs du CNRS et de l’Université Paris 7 qui travaillent autour de la pollinisation.
** L’outil est à retrouver ici
Les présentations effectuées dans le cadre de cette journée devraient être mises en ligne sur le site internet d’Arthropologia

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