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Terra Botanica, à Angers (49) Le parc du végétal transmet des valeurs écologiques

Pour ses dix ans, Terra Botanica capitalise sur ses bonnes pratiques avec le Jardin sans eau et le Potager malin et dynamise ses vitrines pédagogiques grandeur nature.

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A côté du slogan de « Jardins extraordinaires », le panneau à l’entrée de Terra Botanica, à Angers (49), af­fiche les ambitions du premier parc à thème végétal en France : « L’écologie est une de nos valeurs pour assurer la transmission et la préservation de la biodiversité. Nous voulons mieux nous inscrire dans notre mission de service public », avance Denis Griffon, à l’origine de la « mutation » du parc qu’il a dirigé pendant cinq ans. Il est remplacé depuis début août par Pierre Watrelot.

« Dix ans , c’est le moment de transmettre des valeurs, non pas en expliquant et en théorisant, mais en montrant, plaide l’ancien directeur. Dans le passé, nous n’avions pas assez communiqué sur nos bonnes pratiques de conduite d’un site de 20 ha sans pesticides et sans engrais chimiques. Il fallait prendre le temps de laisser évoluer Terra Botanica. Désormais, nous avons à Angers un message hors normes. Depuis cinq ans, je reçois des demandes provenant de France, d’Italie, d’Angleterre afin d’étudier notre modèle pour des projets similaires. »

Bonnes pratiques, une histoire enracinée

Le Grand Potager et le Jardin malin, notamment, doivent interpeller les visiteurs et provoquer des échanges. Ainsi, le personnel de Terra Botanica présente l’intérêt des paillages, dont une grande variété est employée en routine, en démonstration et en essai : du chanvre, des cosses de café ou de cacao, du Pailleo (granulés de paille compressée), etc. Pour l’ensemble du site, les mycorhizes ont été utilisées sur des gros sujets dès l’implantation, les engrais sont organiques. Et le zéro traitement s’appuie, entre autres, sur des purins et la PBI (protection biologique intégrée) avec les sachets de prédateurs : du Swirskii Breeding System de Biobest, par exemple.

Certains fournisseurs ont d’ailleurs compris l’intérêt d’une collaboration pour aller à la rencontre du grand public. Les bonnes pratiques sont dans les moindres détails, à l’instar de ces trognes, conservées car leurs creux constituent des ré­servoirs d’insectes utiles. Tout ceci exige beaucoup d’observation et d’anticipation. « Je demande à mes équipes que chacun soit en veille, par exemple­ vis-à-vis de la pyrale du buis, un végétal assez présent dans le parc, détaille Dominique Lamy, responsable du paysage à Terra Botanica. Je les sollicite pour m’informer après leur tournée quotidienne pour l’entretien. Heureusement, vu l’absence de traitement depuis la création, l’équilibre s’est installé,la nature sait le faire elle-même. Si nécessaire, nous intervenons avec des produits biologiques. »

Ce vaste territoire de 18 ha occupe seulement neuf jardiniers permanents et quinze à dix-huit saisonniers de mars à octobre. Ensuite, tout est une histoire de transmission. Les treize médiateurs omniprésents dans le parc ont un rôle essentiel pour faire passer auprès des visiteurs le message sur les bonnes pratiques, tout comme les jardiniers, au hasard des rencontres. Ils utilisent un langage approprié, évoquant plutôt des mauvaises herbes que des adventices. Boris, chef d’équipe des médiateurs, témoigne : « Il faut faire comprendre au public comment nos bonnes pratiques sont les alliées de l’esthétique, car, pour lui, c’est souvent l’instantané qui compte. Ainsi du gravier est choisi pour éviter les adventices. Et nous incitons à surveiller la consommation d’eau. » Ce spécialiste souhaite aussi que le paysagiste redevienne un biologiste « pour per­mettre à la plante de reprendre sa place et de ne plus laisser d’espace pour les adventices ».

Une communication visuelle renforcée

En fait, pour les pratiques écologiques de gestion, c’était « déjà demain » dès l’aménagement du parc en 2009. Encore fallait-il le faire savoir. La communication visuelle a été renforcée. Des panneaux très informatifs, qui renvoient à des sites Internet comme Floriscope, ont été installés dans différentes sections, surtout dans le Jardin malin. Sans oublier le Jardin pédagogique dédié aux enfants accueillis en groupes, pour des ateliers de découverte et d’apprentissage.

Le Jardin malin, inauguré en 2019, est imaginé selon le plan Écophyto plateforme Jevi (jardins, espaces végétalisés et infrastructures). Il est le fruit d’une collaboration entre Terra Botanica et des partenaires institutionnels (Geves, Gnis, Inra, Terre des sciences, Végépolys), ainsi que des fournisseurs (Ferme aquacole d’Anjou, Nova-Flore, les pépinières Dalival, Pépinières Minier, Pépinières Ogereau, Plandanjou). L’initiative explique comment le jardin est un écosystème en lui-même.

Il développe des pratiques culturales respectu­euses de l’environnement : choix des plantes, arrosage, fertilisation, etc. Il participe à la biodi­versité, à l’instar de ces espèces arbustives qui composent une haie. Pour aller plus loin, l’exposition de panneaux livrant des conseils simples renvoie à « Jardiner autrement ». Ce projet est porté­ par la Société nationale d’horticulture de France, avec le soutien de l’Agence française pour la biodiversité, du ministère chargé de l’Environnement et du ministère chargé de l’Agriculture.

Le végétal sait s’adapter

Le Jardin sans eau – en fait, plutôt sans arrosage, au-delà des précipitations naturelles, une fois en régime de croisière – est aménagé depuis le printemps 2020. Il est emblématique de l’adaptation des végétaux à des conditions difficiles, pour peu qu’on ait préparé le terrain au propre et au figuré. Pour Dominique Lamy, « ce jardin pour l’avenir a été créé comme un lieu expérimental tourné vers le futur de nos villes, où vit 80 % de la population. L’eau est devenue un enjeu majeur à l’heure du changement climatique. »

En vue de faire prospérer des plantes même en cas de sécheresse, la palette botanique a été parti­culièrement soignée. Des végétaux au feuillage argenté (achillées, santolines, lavandes…) cohabitent avec d’autres vivaces et des graminées. Certaines espèces ont un rôle écologique pour attirer les papillons et les insectes utiles, et les aromatiques jouent leur partition traditionnelle. Il est à noter que certains plants ont été mycorhizés.

Pour une pelouse verte en pleine forme supportant rapidement le piétinement, le choix a été fait d’espèces s’étalant par drageons ou stolons (lierre terrestre, bugle, piloselle…) et offrant un fleurissement tout au long de la saison (potentille, trèfle…). Le Lippia, une vivace stolonifère traçante­, et le thym tapissant figurent parmi les meilleures alternatives au gazon.

Dans le futur, des essais se dérouleront avec des espèces locales élevées en pépinière selon les besoins­ de Terra Botanica.

Linda Kaluzny-Pinon

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