Login

Brion (01) Un aspect contemporain qui respecte l’identité du lieu

Franck Viollet, paysagiste-concepteur à Chazey-sur-Ain, a conçu récemment la nouvelle place du village de Brion, dans l’Ain.

Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.

Brion, village de 521 habitants, est au confluent de deux rivières, l’Ange (ou le Lange) et l’Oignin. Le centre est éga­lement traversé par plusieurs canaux (biefs). La présence de l’eau y est donc très marquée. Le site à aménager se situe le long de l’Ange, au centre-bourg, à proximité de la mairie, de l’école, de la salle des fêtes, de l’église et enfin d’une zone de loisirs. Ce lieu était jusque-là un vaste espace de 4 500 m² en partie délaissé, aménagé assez sommairement en zone de parking ainsi que de dépôt de matériaux.

Créer un espace partagé intégré à la vie du village

Même si le site offrait un potentiel intéressant, rien n’était mis en valeur, qu’il s’agisse du patrimoine architectural, de la rivière ou encore des liaisons piétonnes. Ce lieu n’avait pas vocation à servir de place de village, mais comme il est central, les élus ont souhaité le réaménager. L’équipe municipale désirait créer un espace partagé, intégré à la vie de la cité, qui conserve une zone de stationnement des véhicules­, mais plus discrète. Le lieu devait néanmoins continuer à accueillir la fête foraine, qui sa lieu chaque année. L’ensemble se trouve en zone rouge du Plan de prévention des risques naturels (PPRN), potentiellement inondable par les crues et donc soumis à un certain nombre de règles précises concernant l’aménagement. Quel que soit le projet retenu, celui-ci devait­ recevoir l’approbation de la direction départementale des territoires (DDT) avant toute demande de travaux.

Le CAUE (Conseil d’architecture, d’urbanisme et de l’environnement) de l’Ain, sollicité pour étudier ce projet, a réalisé une analyse très pertinente des potentialités du site par rapport au cahier des charges défini par les élus. Ceux-ci n’ont pas été convaincus par les différentes propositions présentées à l’issue de cette étude. Le CAUE proposait notamment une composition en diverses trames paral­lèles à la rivière et des ambiances distinctes : un espace naturel le long du cours d’eau, une zone plus fonctionnelle pour le parking, des surfaces dédiées aux loisirs ou à des représentations. Les élus souhaitaient au contraire une plus forte interaction entre ces différentes fonctions.

Rendre la rivière plus accessible

L’étude présentée par le paysagiste Franck Viollet avait pour ambition première de répondre à cette attente, avec la rivière comme fil conducteur. Le projet concilie à la fois la création d’une vaste zone de parking, végétalisée pour rester discrète, et un espace de loisirs donnant sur le cours d’eau. Ce dernier repose sur un reprofilage en pente douce des berges, jusqu’alors abruptes, pour créer de larges plages engazonnées libres d’accès. Le parking, qui est situé en arrière-plan, se fond dans l’ambiance, séparé de la zone piétonne par une noue en galets qui rappelle la présence de l’eau.

« Les élus avait intégré dans le cahier des charges la création d’une fontaine fonctionnant en circuit fermé pour agrémenter la nouvelle place, précise le paysagiste. Je n’étais pas de cet avis. L’eau étant déjà très présente, il me semblait plus judicieux de mettre en valeur et rendre plus accessible la rivière toute proche. En revanche, il fallait créer un autre aménagement comme point central. Un kiosque a été imaginé avec l’aide d’un artiste local. Cet élément apporte tout à la fois une touche originale et décalée, mais en respectant l’identité du lieu par l’utilisation exclusive, dans sa construction, de matériaux d’origine locale, comme la pierre et le bois, en harmonie avec l’habitat traditionnel encore très présent dans le village. Cet élément revêt aussi un caractère utili­taire car il sert d’Abribus. »

Le mobilier urbain en accord avec l’identité du lieu

La présence du kiosque illustre le second parti pris du projet, à la fois créatif et en accord avec l’identité des lieux, laissant de côté le mobilier urbain du commerce. Hormis les corbeilles à papier en acier Corten, tous les éléments ont été dessinés et créés tout spécialement en s’inspirant des ouvrages vernaculaires et en s’appuyant sur les compétences des artisans locaux. La pierre de Villebois, roche calcaire issue d’une carrière proche, a été sélectionnée pour les pavages, les bancs et les bains de soleil. Ces derniers, par leur forme monolithique et leur finition – pierre lissée d’un côté et éclatée de l’autre – présentent un aspect très contemporain et singulier.

En second plan, les autres éléments restent plutôt simples, en lien avec l’image paysagère rurale du village : un parking en stabi­lisé, avec des bastaings de chêne in­tégrés afin de délimiter les places de sta­tion­nement et enfin des ga­ni­velles de châ­taignier plantées en limite des propriétés privées.

Le choix des vé­gétaux – près de mille – donne la priorité aux formes naturelles, aux essences locales, arbres, arbustes, vivaces, ainsi qu’à quarante poiriers d’ornement (des Pyrus calleryana ‘Chan­ticleer’) pour fournir de l’ombrage autour du parking.

Claude Thiery

A découvrir également

Voir la version complète
Gérer mon consentement