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Séduire le jeune urbain : réflexions et actions

Dans le cadre de l’Unité mixte technologique STRATège, qui entre dans sa quatrième année d’existence, voici le deuxième volet de la présentation des travaux.

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D­ans le numéro 1091 du Lien horticole de décembre 2019 étaient exposés certains travaux effectués dans le cadre de l’Unité mixte technologique (UMT) STRATège (lire l’encadré ci-dessous) afin de cerner les demandes des jeunes citadins en matière de végétaux.

Dans la suite de la présentation, le programme de recherche Épiclones répond aux attentes scientifiques du second axe de travail de l’UMT, l’identification des facteurs pouvant améliorer la qualité des produits destinés au marché en milieu urbain­. Financé par la Région Pays de la Loire par le biais du RFI Objectif végétal, il pose le problème de l’adaptation des plantes aux stress environnementaux en ville, plus nombreux en raison du changement climatique, surtout le stress hydrique. Ces stress peuvent provoquer des modifications épigénétiques de l’ADN, qui induisent une meilleure adaptation. Cependant, ces modifications se perdent le plus souvent lors de la reproduction sexuée (multiplication par semis) mais restent stables quand les cellules se di­visent par mitoses (bouturage).

Ces modifications de l’ADN présentent un intérêt dans la mesure où l’adaptation des plantes à un stress par la méthode épigénétique­ est plus rapide que par les méthodes­ de sélection génétique traditionnelles, qui prennent jusqu’à dix ans dans certains cas. Ce travail de recherche dirigé par Nathalie Leduc, professeure de physiologie végétale à l’université d’Angers­ (49) et chercheuse à l’Institut de recherche en horticulture et semences (UMR IRHS), est donc d’identifier l’intérêt de pro­duire des variants épigéné­tiques mieux adaptés au stress hydrique en multipliant des plantes par bouturage.

Les tests se font sur pétunia, plante dont le potentiel épigénétique est déjà étudié dans d’autres pays. Les recherches sont actuellement en cours. La chercheuse cons­tate un effet marqué du stress hydrique sur le pétunia et note une possible adap­tation des plantes à la sécheresse. Il faut maintenant poursuivre ces tests afin de mieux appréhender et comprendre les mécanismes d’adap­tation, qui permettront d’évaluer les itinéraires techniques associés à cette nouvelle méthode et d’étendre celle-ci à d’autres espèces.

Contrôler la lumière pour maîtriser la croissance

Autre projet de recherche développé dans le cadre du second axe de STRATège : Irradiance. Partant du principe que les populations sont de plus en plus urbaines et que l’espace consacré au jardin se rétrécit, il est important de disposer de plantes ramifiées et compactes. Or les plantes cultivées à forte densité ont au contraire tendance à s’étioler et à peu se ramifier, conséquence de la diminution du rapport entre le rouge clair et le rouge sombre dans le spectre lumineux reçu. Jusque récemment, la principale solution portait sur l’utilisation de régulateurs de croissance chimiques. Cette solution, qui n’est cependant pas durable, nécessite de développer de nouvelles alternatives.

Dans le projet Irradiance dirigé par Laurent Crespel, enseignant-chercheur à Agrocampus Ouest Angers – UMR IRHS en collaboration avec Astredhor Loire-Bretagne (Arexhor Pays de la Loire) et Astredhor Sud-Ouest (GIE Fleurs et Plantes), les travaux conduits portent sur l’identi­fication de l’intérêt de l’éclairage LED comme­ solution pour mieux contrôler la croissance et la ramification des végétaux. Cofinancés par Val’hor et le Casdar, ils sont effectués dans un milieu totalement artificialisé, dont l’objectif est d’évaluer et de caractériser l’effet de combinaisons de longueurs d’ondes lumineuses variées sur l’architecture de la plante.

Cette technique est associée à la stimu­lation mécanique déjà travaillée par Astredhor en alternative aux régulateurs de croissance. Ce projet de recherche fait l’objet d’une thèse Cifre portée par Astredhor, pour comprendre avec précision les effets de l’éclairage LED sur l’architecture des plantes. Les travaux se termineront par une évaluation technico-économique de cette méthode de production.

Valider l’approche par type d’usage des végétaux

Enfin, dernier programme présenté par STRATège à mi-parcours, Créa’Gam, qui répond au troisième axe adopté au départ (définition de nouvelles stratégies techniques et commerciales répondant aux attentes du marché horticole urbain). Ce programme, sous la direction d’Anne-Laure Laroche, ingénieure chargée de mission économie et marché à Astredhor, vise à redéfinir les gammes de végétaux en privilégiant une entrée par les usages. La première­ phase de ce programme, intitulée Créa’Gam 1, a balayé les différentes attentes­ des consommateurs et cartographié ces usages : des végétaux pour apporter du bien-être, ceux qui sont bénéfiques pour l’environnement, d’autres servant à s’isoler de ses voisins, etc. La suite est dorénavant lancée, avec Créa’Gam 2, dont le but est de valider auprès des consommateurs le concept de réorganisation des gammes par usage.

Trois étapes sont envisagées : évaluer la pertinence des gammes, construire une méthodologie pour sélectionner les vé­gétaux par usage et enfin développer des outils pour accompagner les professionnels. Des « mises en situation » de plantes par usage, présentées sous la forme de mises­ en scène, vont être réalisées avec des « focus groups » au sein des points de vente pilotes pour recueillir l’avis des consommateurs. Ces tests permettront de valider si le regroupement de végétaux par usage incite ou non à l’achat, et, dans l’affirmative, définir les motivations pour les différents profils d’acheteurs. Il faut également établir si les at­tentes sélectionnées sont bien celles souhaitées par le consommateur et si les outils construits pour les mises en scène sont pertinents.

Encore deux ans pour transmettre aux professionnels

Le programme de l’UMT STRATège, démarche originale qui associe des travaux en sciences du végétal et du consommateur pour un objectif commun, le mar­ché horticole urbain, a débuté en janvier 2017 pour une durée de cinq ans. Fin 2021, dans moins de deux ans maintenant, il faudra que les travaux soient terminés. Mais surtout, il faudra qu’ils soient pleinement valorisés auprès des professionnels de la filière, le but restant évidemment de faciliter la mise en culture de gammes mieux adaptées aux attentes de la clientèle et de mieux les mettre en valeur à l’intérieur du point de vente. Deux années ne seront sans doute pas de trop pour espérer atteindre ce but !

Pascal Fayolle

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