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Une Toussaint en demi-teinte, à l’arrière-goût amer

Alors que les chrysanthèmes étaient de belle facture et les produits sur le marché peu abondants, soutenant les prix, l’annonce du reconfinement a gâché la fête dédiée aux défunts.

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pour certains circuits, une fête de la Toussaint correcte,­ plus compliquée en ville et dans les jardineries, alors qu’il aurait pu s’agir d’un bon millé­sime : tel semble être, finalement, le bilan du 1er novembre, dans un contexte tota­lement inédit, celui de l’annonce du reconfinement de la France alors que la seconde­ vague de Covid-19­ commençait à déferler.

En tout cas, le 31 octobre, certains commerçants ouverts en cœur d’agglomération se demandaient, en cette fin de vacances scolaires, « où étaient passés les gens », tandis que les points de vente installés près des cimetières en campagne ou les producteurs détaillants affirmaient globalement avoir bien travaillé.

Peu de réapprovisionnements chez les fleuristes

Les producteurs du réseau HPF (Horticulteurs et pépiniéristes de France) estiment, par exemple, avoir dans l’ensemble réa­lisé une Toussaint correcte, avec parfois un peu de plantes invendues, ce que confirment beaucoup de petits commerces de proximité et des horticulteurs locaux. Les points de vente plus urbains semblent avoir rencontré des difficultés plus marquées. L’enseigne Truffaut calcule ainsi que, dans tous ses magasins, les ventes ont été en retrait de 20 %.

La possibilité offerte aux fleuristes de rester ouverts jusqu’au dimanche pour écouler leurs stocks et vendre les plantes de Toussaint (lire l’article « Toussaint 2020, premier satisfecit des fleuristes et des jardineries », sur www.lienhorticole.fr dès le 30 octobre dernier) n’a pas rencontré partout le succès escompté : un commercial de Chrysanthèmes Bernard , l’un des derniers gros producteurs de jeunes plants du secteur, à Prigonrieux (24), note que « les ventes ont été en retrait et du produit a dû être jeté. La profession n’avait pas besoin de ça ». Des magasins qui avaient la possibilité de rester ouverts n’ont a priori pas pris le risque de réapprovisionner en végétaux sitôt la nouvelle du reconfinement annoncée. Roland de Boissieu, qui est grossiste à Rungis, président de la Fédération des grossistes en fleurs et plantes, explique que tout se passait très bien jusqu’au mercredi 28 octobre. Les produits s’écoulaient bien, mais l’imminence des annonces présidentielles a tout bloqué. Dans un premier temps, l’arrêt était lo­gique, les fleuristes pensant qu’ils devraient fermer immédiatement boutique. L’annonce ultérieure de la possibilité de maintenir l’ouverture jusqu’au dimanche n’a pas relancé les ventes. Résultat, les grossistes n’ont pu écouler leurs stocks et ont dû jeter. Pourtant, les réapprovisionnements auraient pu être justifiés, certains observateurs ayant noté de grosses ventes le jeudi, avant l’entrée en vigueur du nouveau confinement.

Des produits de belle qualité

La conjoncture défavorable a été vécue d’autant plus difficilement que toutes les conditions étaient réunies pour que tout fonctionne au mieux. Le produit était de qualité. Hormis un peu de pucerons en fin de culture et parfois des petits retards dans les floraisons des multifleurs dans certaines régions (dus à la baisse sensible des températures nocturnes fin octobre), dans l’ensemble, les cultures étaient plutôt belles, avec peu de problèmes de thrips ou de virus. Surtout, les baisses de mises en culture constantes ces dernières années, que ce soit en France mais aussi de plus en plus, semble-t-il, en Belgique, avaient tendance à soutenir les prix sur le marché, laissant augurer des marges correctes pour chacun. La filière pouvait espérer une bonne Toussaint et continuer à rattraper le retard de chiffre d’affaires enregistré au début du printemps dernier. Mais l’annonce du reconfinement est tombée. Certes, il est plus léger que celui du printemps, mais son impact a été immédiat sur l’activité, variable selon les circuits et les régions.

Côté produit, les multifleurs représentent bien sûr l’essentiel des ventes, mais les dirigés à grosses fleurs résistent bien, ce qui était disponible s’est très bien écoulé. Les compositions, mêlant chrysanthèmes et conifères, par exemple, ont aussi rencontré un beau succès. Les cimetières accueillaient aussi pas mal de cyclamens, voire des dipladenias dans le Sud, avec des températures très clémentes en ce milieu d’automne. Mais attention à ne pas trop extrapoler les tendances d’une année qui restera, quoi qu’il arrive, un millésime que l’on ne peut qu’espérer très atypique !

Pascal Fayolle

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