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« Des ventes records, grâce à la fermeture de la frontière ! »

Les mesures mises en place par la Belgique pour freiner le coronavirus ont été une opportunité commerciale pour de nombreux horticulteurs du nord de la France. Exemple avec Bruno Obert, producteur à Leffrinckoucke (59).

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«Surprenant pour la région des Hauts-de-France : la frontière belge étant fermée, les ventes ont très bien fonctionné et ont battu des records [...]. Cela a fait beaucoup de bien en terme de chiffre pour notre secteur. » Dans ce témoignage à contre-courant de ceux recueillis dans l’une des enquêtes du Lien horticole lancées en ligne ce printemps*, l’horticulteur nordiste Bruno Obert attire l’attention sur la situation particulière des zones frontalières.

« Au début du confinement, nous avons plongé », concède l’horticulteur. Entre les salariés qui ont pris leurs droits pour garder­ les enfants (environ 40 %), l’impossibilité de vendre le muguet et les jar­­di­neries fermées, la saison s’annonçait mal et il a fallu jeter des plantes. Autre difficulté, l’impossibilité de louer des plantes, ce qui représente entre 15 000 et 20 000 euros de pertes. Et le tout en travaillant en­core plus que d’habitude, pour compenser les absences.

Mais lorsque les jardineries et la vente au détail chez les producteurs ont pu rouvrir, d’abord pour les plants potagers, puis pour l’ensemble des plantes, le maintien de la fermeture des frontières a été béné­fique. « En Belgique, les commerces sont ouverts le dimanche et ils pratiquent souvent des prix de gros au détail, pour une qualité moindre », explique Bruno Obert. Entre l’impossibilité de se rendre du côté belge et l’envie des Français de jardiner pendant le confinement, certains points de vente du nord de la France ont ren­contré une affluence record. Une situation probablement similaire pour des producteurs proches d’autres zones frontalières, où les prix des végétaux sont plus bas de l’autre côté (Italie, Espagne...). Pour l’horticulteur dunkerquois, cet afflux a permis de rattraper une partie des pertes. Il espère que cette consommation locale et française va se maintenir dans le temps.

Les attraits du métier pendant le confinement

À 63 ans, après plus de quarante ans d’activité, l’horticulteur est stupéfait par l’ampleur de cette crise. Il espère que, dans la foulée, les gens vont chercher des professions avec du sens et que les jeunes s’in­téresseront davantage à l’horticulture. Et si le métier est difficile, pour Bruno Obert, il a des qualités indéniables, qui se sont encore plus révélées pendant le confinement. « C’est un métier de plein air, de recherche, de partage, de curiosité, d’innovation et de passion… » sourit-il.

Depuis quelques années, la filière souffre d’un manque d’attrait auprès des jeunes générations. « Il est assez difficile de trouver des saisonniers et du personnel qui souhaite s’investir, même avec un salaire alléchant », estime-t-il. Et, malgré des finances au rendez-vous et des propositions, le producteur n’a pas trouvé de repreneur­ pour son entreprise, faute d’apport financier de la part des intéressés. Quelques-unes de ses employées partant à la retraite en 2023, Bruno Obert a pris la décision de poursuivre son activité jusqu’à cette date.

Pour la fin de cette année, le choix a été fait de diminuer la production de chrysan­thèmes, au cas où une deuxième vague arriverait­. « C’est peut-être une erreur », confesse-t-il.

Pas de retour à la normale en vue

Mais le retour à la normale n’est de toute façon pas pour tout de suite. En témoignent les prix aux Pays-Bas, bien supérieurs à l’ordinaire : « Les boutures, qui viennent de pays africains, sont bien plus chères que les années précédentes », témoigne le producteur. En ce qui le con­cerne, heureusement, les commandes des boutures de chrysanthèmes ont été effectuées en janvier. Qu’en sera-t-il la saison prochaine ?

Léna Hespel

* Voir « Un printemps presque rescapé du Covid-19 », Le Lien horticole n° 1097, pages 32 à 34.

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