Le défi du changement climatique et des prochains menaces phytosanitaires
Avec une hausse des températures de 5 °C à l’horizon 2100 dans les prévisions les plus pessimistes, le système de défense des plantes va être mis à rude épreuve, entre nouveaux ravageurs et épisodes climatiques exceptionnels.
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Elévation des températures,périodes de sécheresse, de canicule, des inondations et des incendies bien plus fréquents, le dérèglement climatique semble s’être déjà imposé dans notre quotidien. Au xxe siècle, la température moyenne du globe a augmenté d’environ 0,6 °C et celle de la France métropolitaine, de plus de 1 °C.
Différents scénarios à moyen et long terme ont été établis pour prédire le climat du futur*. Dans un horizon proche (2021-2050), il est prévu, dans l’Hexagone, une hausse des températures moyennes entre 0,6 et 1,3 °C, une augmentation du nombre de jours de vagues de chaleur en été et une réduction des jours anormalement froids en hiver. D’ici la fin du siècle (2071-2100), ces tendances s’accentueraient avec, pour le scénario le plus optimiste, entre 0,9 et 1,3 °C de hausse des températures et, pour les prévisions les plus pessimistes, entre 2,6 et 5,3 °C.
Conséquences d’une hausse des températures
Hivers plus doux et étés plus secs vont avoir de nombreuses répercussions, notamment sur le cycle de développement des ravageurs. Des températures hivernales plus clémentes vont encourager la persistance d’un grand nombre d’espèces de ravageurs et améliorer leur survie. Une augmentation de la fécondité et du nombre de générations est aussi à prévoir.
Mais outre des effets directs, les stress induits par les épisodes de sécheresse ou d’inondation vont entraîner des conséquences secondaires, par exemple en rendant les cultures plus sensibles aux maladies et ravageurs.
Des menaces ciblées
À ce tableau s’ajoute le spectre des potentielles futures menaces phytosanitaires, dont la détermination est un exercice difficile. Elles pourraient provenir :
- de ravageurs déjà présents, pour l’instant non favorisés par le climat mais qui pourraient se développer si les températures augmentaient. Leur aire de répartition pourrait même s’étendre (lire l’encadré) ;
- d’espèces non encore introduites mais susceptibles de s’installer au gré des flux de marchandises et des déplacements humains.
Lors d’une journée dédiée à la surveillance des végétaux en Île-de-France, Bertrand Huguet, chargé de mission surveillance du territoire Driaaf-Sral IDF, a listé quelques ravageurs à surveiller de près.
Premier sujet de préoccupation : la punaise diabolique (Halyomorpha halys), qui s’attaque notamment aux cultures de fruits et de légumes. Découverte en France en 2012 pour la première fois, elle est désormais présente dans tout l’Hexagone. La hausse des températures annoncée devrait l’inciter à proliférer.
Autre source d’inquiétude, la bactérie Xylella fastidiosa, qui s’attaque à un large spectre de végétaux dont la vigne, les oliviers, les arbres fruitiers, les agrumes… On peut aussi citer les capricornes asiatiques (Anaplophora glabripennis et chinensis), qui s’en prennent à de nombreuses espèces de feuillus, la flavescence dorée, une maladie de la vigne, la pyriculariose, une maladie fongique qui touche notamment le ray-grass des gazons sportifs, ou encore le scarabée japonais (Popillia japonica), ravageur en pépinière et gazons en Amérique du Nord, qui est présent en Italie.
Léna Hespel*Scénarios établis par le Giec (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat).
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