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Le plastique mise surtout sur le recyclage

Le pot horticole permet d’intégrer des taux importants de plastique. Les fournisseurs sont fortement investis. Mais le recyclage a ses limites, d’autres solutions sont à l’étude.

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Que ce soit pour ses qualités techniques (la résistance, la fa­cilité d’automatisation...) ou du point de vue du marketing (omniprésence des pots de couleur, apposition de marques ou de logos directement sur le contenant...), le plastique s’est imposé dans le domaine de la poterie horticole. Chez les horticulteurs, il a petit à petit supplanté les pots de terre cuite.

Chez les pépiniéristes, il a accompagné le développement des cultures hors sol. Le mouvement a débuté dans le courant des années 1960-1970. Mais dans la filière horticole comme ailleurs, la praticité et la facilité de fabrication à un coût faible se heurte aujourd’hui au mur de la gestion des déchets. L’image du fameux océan de plastique dans le Pacifique­ ou l’étude brandie l’an dernier par les protecteurs de l’environnement, montrant que chacun d’entre nous ingère environ cinq grammes de plastique par semaine, soit l’équivalent d’une carte ban­caire, ont marqué les esprits de notre­ société de plus en plus portée à s’enflammer sur tout ce qui con­cerne­, notamment, la santé publique et l’environnement.

Si, dans les milliards de tonnes produites chaque année sur notre planète, la part du secteur horticole est infime, le problème n’en demeure pas moins important. Ne serait-ce, par exemple, que d’un point de vue de l’image de la profession. Le jardinier qui doit, après une journée de plantation de végétaux véhiculant des valeurs positives pour l’environnement, gérer­ une pile de pots en plastique à l’image bien négative s’interroge forcément sur les li­mites de son activité…

Les fournisseurs à l’action

Impossible, dans ce contexte, pour les fabricants de pots en plastique d’ignorer le problème, au risque de se voir mettre au ban des consommateurs, au même titre que les horticulteurs. Et les choses s’accélèrent, les derniers Salons professionnels l’ont clairement montré.

Au Salon du végétal, à Nantes (44), en septembre dernier, Modiform a été récompensé au concours Innovert pour ses packs en PET vert transparent. Ce plastique, le plus facile­ à recycler (notre dossier du n° 1088 de septembre 2019), est recyclé et recyclable : l’utilisateur peut le déposer dans le bac de tri sélectif quand il n’est plus réutilisable.

CEP y présentait aussi sa démarche : utilisation de 80 % de matières recyclées, avec un objectif de 100 % dans le futur en s’intégrant dans les circuits de collecte des produits recyclables. L’entreprise cherche également à limiter autant que possible l’usage des colorants et travaille sur l’utilisation de l'énergie, en recyclant les calories produites et en recourant à des machines à injecter hybrides pour limiter la consommation d’énergie.

Au Sival, le Salon international des techniques de production végé­tales, à Angers (49), en janvier, Soparco a mis en avant une démarche de bonnes pratiques reposant sur des engagements précis (notre édition Web du 24 janvier, en ligne sur www.lienhorticole.fr). Ces engagements portent sur la volonté d’augmenter la part de plastiques recyclés (actuellement plus de 80 %), le développement de la production en matière recyclée postconsommation, ou l’approvisionnement autant que faire se peut en matières premières d’origine européenne. Des produits conçus avec des parois plus fines­ utilisent moins de matière. Enfin, un service de collecte des conteneurs usagés chez les producteurs, Horti-éco, récupère de la matière première à recycler.

Pöppelmann a présenté de son côté un classement de ses pots en fonction de leur impact environnemental (notre édition Web du 17 janvier dernier). Les gammes sont organisées en quatre niveaux selon la proportion et l’origine des matières utilisées, ainsi que la recyclabilité. La première place est occupée par le pot de culture Circular360, recyclé et recyclable. Suivent le PCR Recyclable, fabriqué à partir de déchets de plastique récoltés dans des pays européens, puis le pot de culture Recyclable­, produit à partir d’un mélange de matériaux – déjà utilisés et issus de la transformation industrielle du plastique – et de ma­tières vierges. Le pot noir, à ce jour non recyclable car non reconnu par les systèmes de tri, ferme la marche.

Les pots du jardin concernés

Les Journées des collections, qui ou­vriront­ leurs portes à Marseille (13) du 12 au 14 mai, ne le démentiront certainement pas, cette tendance au recyclage et à la remise en cause des méthodes de production clas­siques du plastique concernent aussi les fournisseurs des jardineries.

Chez Chapelu, on utilise 20 à 25 % de matière recyclée, au-delà de ce que la législation prévoit pour 2025, et ce, en garantissant les mêmes qualités techniques que si les produits avaient été fabriqués avec des matières neuves.

Plastique or not plastique ?

Une fois ces démarches posées, faut-il continuer à cultiver en pots plastique, en se disant que, pour peu que l’on se donne la peine de le re­cycler, ce matériau présente trop d’avan­tages par rapport à ses inconvénients, ou bien faut-il au plus vite se tourner vers les alternatives disponibles sur le marché ou qui ne vont pas manquer d’arriver ?

Les démarches de recyclage menées en horticulture sont saluées par Pierre de Lépinau, directeur général d’Adivalor, organisme chargé de valoriser­ les déchets issus des agri­culteurs, des distributeurs et des indus­triels (les produits arrivés chez le consommateur ne sont donc pas concernés). Pour lui, « les taux de ma­tières recyclées dans les pots hor­ticoles sont élevés, ce produit pourrait écrire une très belle his­toire de l’économie circulaire ».

En fait, les contraintes de recyclage avec les pots horticoles sont faibles par rapport à des domaines comme l’alimentaire. Les épaisseurs utilisées autorisent des taux de produit recyclé importants, « jusqu’à 50 % », précise-t-il. Un bonheur dans le domaine du recy­clage, là où l’agroalimentaire doit retravailler l’écoconception de ses produits, qui sont parfois constitués de plastique aggloméré à de l’aluminium, un vrai casse-tête pour les recycleurs.

Les fabricants de pots manquent d’ailleurs aujourd’hui de plastique recyclé, la faute à un système de collecte peu performant (notre dossier de septembre dernier) et à une demande en hausse. « Il y a plusieurs années que nous travaillons du PP recyclé, explique Éric Chapelu, qui dirige le fournisseur de pots pour les jardineries du même nom. Au début, nous nous sommes lancés pour des raisons économiques, car le pro­duit recyclé était alors moins cher. Actuellement, en fonction des cours du pétrole, son prix équivaut à la matière première neuve ! »

En revanche, Nathalie Gontard, qui est chercheuse à l’Inrae (issu de la fusion entre l’Inra et l’Irstea), spécialisée dans le recyclage des plas­tiques, souligne qu’il ne faut pas oublier que la technique ne fait pas disparaître la ma­tière, elle la réuti­lise. Si c’est une bonne démarche, « il ne faut pas qu’elle soit employée pour remplacer une matière qui ne pose pas de problèmes vis-à-vis de l’environnement ». Et, selon elle, les plastiques ne sont de toute façon pas recyclables à l’infini­. Mais des matières prometteuses comme la cellulose pourraient l’être…

Des plastiques « naturels » ?

Nathalie Gontard aborde là une solution souvent évoquée, la mise au point de plastiques à base de ma­tières renouvelables qui pourraient avoir les mêmes avantages que celles­ issues du pétrole, sans laisser à terme de résidus­. Le PLA, Polylactic Acid, d’origine végétale, est à ce titre souvent cité (lire l’encadré ci-dessus). Pour la chercheuse, si l’on n’a pas d’autres solutions, il faut recycler, mais il faut également trouver d’autres produits. « Sur ce sujet de l’usage des plastiques, nous en sommes à la petite enfance ! » Signe que tout reste à faire pour inventer de nouveaux matériaux qui, à terme, pourraient révolutionner l’activité.

À suivre… très attentivement !

En attendant, des solutions alter­natives existent, mais elles présentent elles aussi des limites (voir page suivante). Produire des matières végétales dans l’objectif de concevoir des plas­tiques ne sera pas sans contraintes sur l’environnement : il faudra y dédier des surfaces agricoles, et le débat sera le même que celui autour des biocarburants.

Le sujet est donc vaste, et les clés de choix multiples. De plus, il est sus­cep­tible, à l’instar des phytosani­taires, d’enflammer subitement le grand public. Les actions volontaristes de la filière, comme la mise en place de collectes à l’initiative des points de vente ou des entreprises du paysage, par exemple, seront les bienvenues, pour son image, pour prouver qu’elle sait s’impliquer dans un problème crucial pour l’avenir.

Pascal Fayolle

© PÖPPELMANN WBG - Pöppelmann a classé ses produits selon leur impact environnemental.

© CHAPELU - Le plastique recyclé ne concerne pas que la production, Chapelu en met dans ses pots pour le jardin. CHAPELU

- Soparco s’est engagé à augmenter la part des plastiques recyclés qu’elle utilise.

© P. FAYOLLE - Les packs Modiform en PET ont été récompensés au Salo­n du végétal, à Nantes, en septembre. P. FAYOLLE

- Soparco s’est engagée à augmenter la part des plastiques recyclés­ qu’elle utilise.

© PÖPPELMANN WBG - Pöppelmann a classé ses produits selon leur impact environnemental. PÖPPELMANN WBG

© CHAPELU - Le plastique recyclé ne concerne pas que la production, Chapelu en met dans ses pots pour le jardin.CHAPELU

© P. FAYOLLE - Les packs Modiform en PET ont été récompensés au Salon du végétal, à Nantes, en septembre. P. FAYOLLE

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