Une plante pleine d’attraits
Pour de nombreux professionnels, l’image du rosier doit être retravaillée en profondeur. Il n’y a pas de raison que cet arbuste ne séduise plus, au vu de ses très nombreux avantages.
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«Le rosier se révèle être une plante simple et naturelle, mais on a dit le contraire pendant des années, assène Jean-Marc Pilté, producteur à Quiers-sur-Bézonde (45) et président de la section « Rosiers » du label rouge. C’est une des plantes les plus résistantes et elle est très florifère. »
Au fil des années, les obtenteurs ont mis au point des rosiers hyper résistants aux maladies. « On ne fait plus de plantes fragiles », assure le rosiériste. C’est d’ailleurs devenu le critère numéro un pour tous les obtenteurs, comme l’a montré une table ronde lors du colloque « Les mondes de la rose », organisé début mars à Paris par la Société nationale d’horticulture de France (SNHF). Étaient présents un obtenteur de chez Delbard, un de chez André Eve, un de chez Meilland et un indépendant belge. « Le premier critère de sélection est la résistance aux maladies, a rappelé Jérôme Ratho, de l’entreprise André Eve. Ensuite, chacun a son image de création, et donc ses propres critères (voir pages 32-33). »
Deuxième degré d’exigence, la faculté d’adaptation à la sécheresse. Par rapport à d’autres plantes, le rosier s’en tire très bien dans les jardins lors d’épisodes de fortes chaleurs. Il survit l’été et refleurit à l’automne. « En période très difficile, comme les canicules, les rosiers ne fleurissent pas mais ils ne meurent pas, affirme Jean-Marc Pilté. Cette résistance aux conditions extrêmes est un bon argument pour les prochaines années. »
Pour les aménagements paysagers et les espaces verts, ces arguments sont à ajouter aux gammes faciles d’entretien et zéro phyto. « Ça pique un peu mais, sinon, c’est une plante qui a énormément de qualités et qui n’est pas très chère », plaisante-t-il.
« Il existe des gammes de rosiers paysagers 100 % zéro phyto et qui demandent moins de travail que du gazon, abonde Matthias Meilland. Un rosier en zéro phyto, c’est, une fois dans l’année, une taille sévère et basse, et c’est tout ! »
La gamme Decorosiers et sa variété phare Emera, éditée par Verdia, est par exemple centrée sur le rosier paysage facile d’entretien, résistant aux maladies et fortement florifère.
Alors pourquoi les rosiers n’ont-ils pas la cote dans l’Hexagone ?
Absent des aménagements paysagers
« En France, il y a eu deux phases dans le paysage. Il y a vingt ans, on avait beaucoup de minéral dans les aménagements paysagers. Maintenant, ce sont les graminées. Mais ça manque de fleurs, déplore Matthias Meilland. Le rosier n’est pas appris dans les écoles de paysage et il garde l’image traditionnelle de l’hybride de thé. [...] Et comme on ne voit pas de rosiers dans les projets paysagers, il est par conséquent peu utilisé dans les espaces verts. »
« Il faut convaincre les architectes paysagistes et les concepteurs de remettre des rosiers dans leurs plans de jardin », soutient pour sa part Dominique Douard, le président de la SNHF, en conclusion du colloque « Les mondes de la rose ».
Il existe tout de même quelques contre-exemples, à l’image du village de Chédigny (37), classé Jardin remarquable. Y sont plantés plus de mille rosiers, pour moins de 600 habitants. Mais ces exceptions confirment la règle.
Séduire une nouvelle clientèle
En ce qui concerne les achats réalisés par les particuliers, la majorité d’entre eux sont des connaisseurs, voire des passionnés, plutôt âgés. « Le rosier a une image assez technique : il faut traiter, tailler, entretenir. On a continué à s’adresser à des jardiniers expérimentés, regrette Jean-Marc Pilté. Mais les consommateurs veulent des choses simples et naturelles. Il y a un gros travail de filière à faire sur le rosier. »
De nombreuses variétés sont tout à fait adaptées pour le jardinier néophyte : elles ne demandent pas d’entretien ni de connaissances particulières. Plusieurs éditeurs et obtenteurs proposent d’ailleurs des gammes ou des variétés destinées à une clientèle plus jeune et/ou plus urbaine. C’est par exemple le cas du rosier miniature Zepeti de Meilland ou la gamme Rosanatura, développée par Verdia (voir pages 32 et 33).
Mais ce qui rebute souvent, c’est le mot rosier en lui-même et l’image qu’il véhicule. « J’essaie de ne pas prononcer le mot “rosier” mais plutôt “arbuste qui fait des roses”, ironise le président de la SNHF. Les mots ont leur importance. » Les mots, mais aussi le choix des visuels et des photos lors de la commercialisation, la communication via les réseaux sociaux ou les newsletters... « Le marketing joue un grand rôle », abonde Martin Vissers, obtenteur belge indépendant qui travaille avec un éditeur. Les éditeurs comme Verdia, spécialisés dans la commercialisation des variétés, font un travail de fond sur l’image des plantes. « Nos outils sont retravaillés tous les ans, atteste ainsi Murielle Staszewski, la responsable marketing de Verdia. Les gens reprennent confiance, le terme rosier fait moins peur qu’avant. »
Léna HespelPour accéder à l'ensembles nos offres :