Naviguer à vue longtemps va nécessiter de la solidarité

Le mois de novembre aura cette année été marqué par un nouveau confinement visant à enrayer la seconde vague de Covid-19. L’événement a perturbé le ventes de plantes de Toussaint (page 42), mais fait surtout planer une vague d’inquiétude sans précédent sur la filière (notre enquête page 6). Cette nouvelle action contre la pandémie aura été voulue par le gouvernement plus supportable d’un point de vue économique que celle du printemps : services publics et écoles en activité, entreprises au travail, transports assurés... Pourtant, l’ambiance n’y est plus du tout, cette fois. Pas facile de mettre à l’arrêt quasiment du jour au lendemain une société marquée­ depuis plusieurs décennies par l’hypermobilité et de donner le sentiment aux Français de ne plus avoir que le travail et les contraintes comme horizon, sans les bons côtés de la vie. Résultat, tous les indicateurs sociétaux sont au rouge, l’économie recule autant que le moral de tous, de l’inactif au patron d’entreprise. Est-ce dans ce contexte et cette ambiance que se dérouleront les fêtes de fin d’année ? Pas facile de l’anticiper. À la mi-novembre, les nouvelles sont plutôt bonnes : le feu vert vient d’être donné pour les ventes de sapins de Noël (p. 15), on parle d’une réouverture des magasins pour début décembre, les premiers échos encourageants arrivent en matière de vaccins. Mais après ? Quelle sera l’envie d’acquérir un sapin pour fêter Noël en comité restreint, distanciation physique oblige ? Quelle sera la motivation de fleurir une table qui devra accueillir bien moins de convives qu’à l’habitude ? Le pays est entré depuis le 28 octobre à minuit dans une zone de navigation à vue, qui va demander une adaptation encore plus forte que d’ordinaire. Dans les métiers du végétal, l’avantage est que s’adapter, on sait faire. Mais il faudra que les outils suivent, et là c’est à l’État d’intervenir pour garder les entreprises à flot, en libérant au plus vite les aides promises au printemps, par exemple­. Naviguer à vue, qui plus est pour une durée indéterminée, va nécessiter beaucoup de solidarité !