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Christophe Verducci, gérant de la SARL Angle vert, qui crée des jardins paysagers à Baillargues (34), président de l’Unep Hérault. « Nous pratiquons le collectifinterprofessionnel ! »

Il est également président de l’Association horti.FM, qui organise Seve (Scène d’expression végétale éphémère), tous les deux ans, ouverte au public averti ou néophyte comme aux professionnels, dans un des parcs de Montpellier. Odile Maillard

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Le Lien horticole : Seve, festival de jardins éphémères, va reprendre du vendredi 2 au dimanche 4 octobre 2020. Comment le végétal figure-t-il au cœur de cet événement ?

Christophe Verducci : Notre festival invite à « oser les plantes ». Après « Un Jardin pour tous, un jardin en tout lieu », « Oser son jardin ! » et « Je(ux) jar­dine », le thème de cette année sera « Aux arbres citoyens ! ». Nous annonçons une « déclaration d’amour aux arbres » par les différents acteurs de la filière… Trois jours pour le (re)mettre au cœur des préoccupations des citoyens.

Méconnu et mal compris, ce garant de notre bien-être et de la santé de nos écosystèmes est encore trop souvent considéré comme un objet d’ornement, déconnecté des bénéfices plus larges dont il est un des éléments clés. À eux tous, les partenaires mettront en valeur autant les symboles qu’il véhicule que les exigences de culture. C’est l’occasion de rappeler qu’un jardin se prépare à l’automne pour réussir au printemps.

LLH : Vous annoncez du renouveau. Où et comment ?

CV : Notre nouvelle formule va quitter les extérieurs de Montpellier (34) pour venir s’insérer à l’ombre des grands platanes, le long de l’esplanade du Champ-de-Mars. Ce jardin, entre le centre de congrès Corum et la célèbre place de la Comédie, est une démonstration des bénéfices apportés par l’arbre en milieu urbain, tout près des services culturels.

LLH : Vous accorderez une plus grande place aux formations et au recrutement. Comment cela se passera-t-il ?

CV : Nous avions déjà un village des associations et des métiers, ainsi qu’un village de l’emploi et des formations. Les lycées agricoles et les CFA viennent nous aider. Du fait de cet emplacement en cœur de ville, durant les quatre jours de montage (du lundi au jeudi), nous allons tous pouvoir communiquer avec les citadins, faire de la pédagogie. Des ateliers seront ouverts au public. Nous pourrons parler de nos métiers, des formations, des enjeux de notre société en matière de végétal et d’environnement. Nous envisageons un « lâcher de végétaux », pour que les tout jeunes visiteurs puissent partir avec leur bouture ou leur plante. Depuis la place de la Comédie,durant les trois jours de festival, une scène témoin devrait accueillir un jobdating.

LLH : Pour la quatrième édition, l’organisation arrive-t-elle à rester une œuvre collective et de filière, de même qu’une réalisation réellement collaborative, comme vous l’affirmez ?

CV : Dès le départ, nous avons voulu que production, commerce et paysage s’unissent et que ce soit un collectif qui porte l’événement. Avant, nous nous croisions plus que nous ne nous connaissions vraiment. Pour 2020, le bureau a été sensiblement renouvelé, ce qui va donner un nouveau souffle. Mais l’Association horti.FM garde son ADN : elle a le mérite d’être composée­ d’un collectif fédérateur parmi les acteurs locaux de l’horticul­ture, du paysage et de l’enseignement.

La Ville de Montpellier, avec sa direction Paysage et biodiversité, son service espaces verts et ses jardiniers, très impliqués, a très rapidement répondu dès le départ. Notre bureau représente les familles de la filière horticole (voir Repères). Nos rencontres et festivals permettent de discuter, de mieux se connaître, de se comprendre. Chacun reste trop chez soi. Ensuite, pour chaque festival, les scènes végé­tales sont créées­ en petits collectifs. Et la scénographie géné­rale, sur le thème de l’année, est un jardin modulaire, œuvre d’une équipe collaborative, intermétiers, où chacun apporte son savoir-faire à chaque étape : la conception, la mise en place dans l’art et la manière, ainsi que le choix des plantes… Ce sera encore une belle vitrine de nos professions et de nos compétences.

LLH : Cet engouement collectif va-t-il faire école et essaimer dans une autre partie de la nouvelle région Occitanie ?

CV : Déjà, entre deux festivals, nous avons créé un « avant-Seve ». Nos réseaux ont leur assemblée générale ou des réunions internes. La journée se prolonge par un repas commun, une conférence sur un thème transversal et/ou des visites. Beaucoup d’idées naissent alors, certaines sont mises­ en œuvre dans la ville et/ou le festival Seve suivant. Concernant un éventuel transfert, nous envisageons bien un festival du côté de Toulouse (31). Ce serait logique, en alternance avec Montpellier, chaque année impaire. Pour l’heure, c’est encore difficile de mobiliser un collectif interprofessionnel… plus compliqué que dans l’Hérault.

Mais, comme pour tout événement, au-delà de trouver et de mettre en action les bonnes volontés, la plus grosse difficulté reste de trouver des fonds et subventions pour concrétiser tous nos projets. Notre prochaine édition va passer en entrées gratuites, ce qui va changer fondamentalement notre modèle économique. Tout compris, c’est environ 250 000 euros qu’il faut trouver pour monter un festival !

*Pour en savoir plus : www.sevejardins.org

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