Reconfinement : moins contraignant mais plus inquiétant !
Alors que la seconde vague de Covid-19 déferlait et que le second confinement était entré en vigueur, notre troisième enquête montre combien la situation est difficile sur le terrain et l’angoisse palpable. L’équipe du Lien horticole
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L’histoire se répète : après un premier confinement mis en place au moment où s’ouvrait la saison de printemps, le second aura été annoncé en pleine période de vente des chrysanthèmes, venant perturber un millésime qui s’annonçait prometteur (lire page 42) et alors que se profilent les fêtes de fin d’année. Les perspectives pour les sapins de Noël s’éclairent un peu (page 15), mais l’horizon reste encore bouché pour les plantes stars des fêtes, les poinsettias, par exemple.
Un pessimisme qui semble gagner l’ensemble de la filière
C’est dans ce contexte que Le Lien horticole a lancé sa troisième enquête pour essayer d’analyser comment ce second confinement est vécu sur le terrain. À l’image de l’ensemble de la société française, qui semble endurer ce nouvel épisode de vie cloîtrée plus difficilement qu’au printemps, la filière horticole se laisse gagner par le pessimisme.
À la question : « Quel est votre sentiment alors que débute le second confinement de l’épidémie de Covid-19 ? », une majorité répondent : « L’expérience vécue au printemps nous permet d’envisager les choses plus sereinement, mais nous allons perdre quand même du chiffre d’affaires » (page 8), ce qui semble relativement positif dans le contexte actuel. Les répondants sont 40 % à voir dans ce blocage automnal « un nouveau coup dur qui va encore plus nous fragiliser, et la filière avec ». Un nombre très limité d’entreprises sont prêtes à fonctionner normalement grâce aux ventes sur le Web. Et si les masques sont cités comme un des éléments permettant d’être plus sereins face à la seconde vague de Covid-19, bien plus nombreuses sont les personnes se demandant si elles ne vont pas attraper le virus, ou leurs salariés.
Contrairement au printemps dernier, l’objectif clairement affiché du gouvernement est cette fois de maintenir la vie économique le plus largement possible. Mais sous certains aspects, le commerce des plantes est plus compliqué qu’au printemps. En avril, il y avait eu un arrêt, puis les magasins avaient rouvert et les ventes, finalement, avaient profité du confinement. Cette fois, les magasins sont restés ouverts, mais sous conditions (page 40), avec des rayons accessibles, d’autres pas. Les entreprises ne savent plus trop ce qu’elles peuvent faire ou non, certaines affirmant volontairement être ouvertes, tout en se sachant en délicatesse vis-à-vis de la législation en vigueur. Ce qui fait craindre à d’autres des arrêtés locaux de fermetures administratives. Il semble aussi que des injonctions locales, ici la MSA, là la préfecture, fassent passer des messages contradictoires, en fonction des régions. Cela avait été le cas au printemps, mais aujourd’hui la situation semble plus mal vécue.
Il faut de plus noter que les points de vente ouverts n’affichent qu’un chiffre d’affaires limité, souvent autour du tiers de l’activité normale. Au printemps, les magasins ouverts avaient plutôt bien travaillé. Cet automne, c’est plus compliqué.
Alléger le dispositif pour les fêtes ?
Autre point qui pèse sur le moral de la filière, le fait de manquer de perspectives d’avenir. Au printemps, le déconfinement pouvait être suivi d’un rebond. Là, si les ventes sont nulles en décembre, comment trouver de la trésorerie avant le mois de mars ou d’avril et le début de la saison de printemps ? À la mi-novembre, les projections pour les semaines suivantes semblaient être un confinement encore plus allégé en décembre, avec une ouverture de l’essentiel des commerces.
L’idée serait de laisser Noël se passer non pas normalement – la distanciation physique ne le permettra pas –, mais avec un semblant de vie de famille. Les fêtes de fin d’année occupant une place prépondérante dans beaucoup de foyers, la capacité des Français à tenir le coup – psychologiquement parlant – est peut-être à ce prix. Cela pourrait entraîner, de l’avis de nombre d’observateurs et de personnes ayant répondu à notre enquête, une troisième vague et un autre épisode de confinement durant l’hiver. Un phénomène jugé quasi inéluctable, mais aussi potentiellement mortel pour les entreprises. Néanmois, bien malin qui peut dire pour l’instant comment évoluera la pandémie, même si les perspectives d’un vaccin se rapprochent de plus en plus.
Que mettre en culture pour le printemps prochain ?
Enfin, le dernier point de l’enquête concerne les aides. Malgré toutes les annonces et les milliards qui sont mobilisés, elles sont jugées insuffisantes par plus de 80 % des entreprises ayant répondu au questionnaire*. Il faut dire que la plupart d’entre elles poursuivent une activité « normale », en ayant mis en œuvre les mesures sanitaires. Elles ont donc des charges salariales à la hauteur d’une année ordinaire, avec des débouchés limités pour l’instant. Seules 15 % des sociétés du panel ont eu recours à des mesures de chômage partiel, mais il apparaît un autre point d’incertitude qui mine les esprits : un quart des répondants ne savent pas quelle attitude adopter face au peu de visibilité de la période. Par conséquent, beaucoup soulignent ne pas avoir encore vu un centime de la fameuse enveloppe de 25 millions d’euros promise au printemps dernier par le ministère de l’Agriculture pour aider les métiers du végétal. De nombreux messages traduisent un sentiment de délaissement, voire d’abandon, de la filière.
Les solutions mises en application au printemps – la vente en ligne, en particulier – ont bien été intégrées, mais elles s’avèrent insuffisantes pour arriver à combler le manque à gagner vécu par la profession. Confinés moins durement qu’au printemps, les Français ont semble-t-il moins le moral et seraient donc moins enclins à consommer.
Mais la grande inquiétude porte sur le printemps prochain : que faut-il mettre en culture ? Avec quelle trésorerie ? En mars, la même angoisse s’était exprimée, alors que les choses ne s’étaient finalement pas si mal déroulées. Mais pas pour tous. Et « pas si mal » n’est pas « bien ». Si le manque à gagner a été pour beaucoup moins fort que prévu, il reste effectif. Quand survient un second coup dur, il devient plus difficile de le supporter, économiquement, mais aussi mentalement.
*Voir dans cette édition, en page 34, les aides annoncées, mises à jour au 9 novembre.
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