Agriculture « Il nous faut un plan Marshall des haies »
L’Afac-Agroforesteries s’alarme de l’accélération de la disparition des haies et lance un appel en leur faveur. Objectif : lutter contre les conséquences du changement climatique et l’érosion de la biodiversité.
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Le CGAAER, Conseil général de l’alimentation, de l'agriculture et des espaces ruraux, a rendu un rapport sur les haies fin avril et son constat est alarmant : elles « régressent six fois plus vite que l’on n’arrive à les reconstituer, alors qu’elles sont au carrefour de tous les enjeux environnementaux ». Un rythme qui s’est accéléré, même si on communique souvent autour de projets de replantation finalement trompeurs. L’Afac-Agroforesteries, « réseau pour l’arbre et la haie », s’est ému de ce constat et estime qu'« inverser cette tendance doit être une priorité de la planification écologique ».
L’Afac appelle à « traduire les recommandations du rapport en un grand plan national pour les haies, financièrement doté et traçant une trajectoire claire et chiffrée de 2024 à 2030, pour faire face à l’urgence écologique et s’adapter aux conséquences inéluctables du changement climatique ».
Le rapport estime que la perte actuelle de haies en France se situe à « 23 571 km/an entre 2017 et 2021, contre 10 400 km/an entre 2006 et 2014 ». C’est d’abord le manque d’intérêt et de valorisation économique pour les agriculteurs qui les voient toujours comme une gêne et une charge d’entretien. Les haies meurent par entretien mécanique dégradant (pour en réduire la largeur), par vieillissement, par arrachage, ou par une surexploitation en « one-shot » (un entrepreneur vient raser d’un coup tout le linéaire de haies tout en payant mal l’agriculteur) qui les assimile à un simple « gisement de biomasse », alors qu’il s’agit d’une ressource vivante qu’il convient de gérer durablement et de renouveler.
Une approche plus globale que la seule plantation
En conséquence, l’Afac-Agroforesteries lance un « appel de la haie », afin d’inciter les décideurs à en faire une priorité centrale de la planification écologique. Un des messages clefs : il faut cesser de réduire l’action publique en faveur des haies à la seule replantation pour passer à une approche beaucoup plus globale, combinant trois priorités :
- valoriser les haies pour les agriculteurs et les territoires ;
- protéger en visant le « zéro disparition de haies » ;
- reconstituer en doublant le linéaire de haies à l’horizon 2050.
Une analyse qui converge avec les conclusions du rapport du CGAAER, qui souligne notamment l’importance de gérer durablement les haies pour restaurer ce capital arboré, de les valoriser économiquement, de maintenir les aides à la reconstitution des linéaires et de former des conseillers et techniciens agroforestiers.
D’ores et déjà, l’appel de la haie a reçu le soutien de 10 000 signataires et 300 organisations (agriculteurs, opérateurs de l’arbre et de la haie, entreprises, associations, collectivités territoriales, fondations) ainsi que de nombreux parlementaires. Un « soutien massif qui montre qu’un très large consensus politique existe autour du sujet des haies qui permet de concrétiser, d’accélérer et d’incarner la planification écologique », se réjouit l’Afac.
Reste maintenant à enrayer la chute des linéaires, ce qui est souvent une autre histoire !
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