Gérer l’urgence et les priorités avec un effectif limité : tel est en résumé la situation dans les services espaces verts des villes. Certaines affirment fonctionner quasiment normalement avec toutes les précautions qui s’imposent pour protéger les agents de terrain, d’autres ne font travailler qu’à peine 10 % de leurs effectifs et ne se focalisent que sur l’extrême urgence, un arbre dangereux, un parc dont la fermeture est mal respectée, etc. Nous y reviendrons dans un prochain article. Par-contre, la plupart des villes semblent assurer l’essentiel au niveau de leur service de production. Elles ont souvent réduit leurs commandes de jeune plant, limité les quantités produites, mais tentent autant que faire se peut de mener au bout tout ce qui a été mis en culture. Une enquête vient d’être lancée par Plante & Cité pour mieux évaluer l’état de la situation sur le terrain (voir l’article « Plante & Cité, enquête à destination des collectivités », publiée la semaine dernière) et on en saura plus lorsqu’un nombre suffisant de services y auront répondu. Mais un point semble faire l’unanimité : aucune ville que nous avons interrogée, soit plus d’une vingtaine, ne semble en mesure d’assurer des plantations de massifs fleuris dans les conditions habituelles. Même son de cloche lors d’un « webinaire », séminaire organisé sur internet par l’association des ingénieurs territoriaux de France et le CNFPT, Centre national de la fonction publique territoriale, le 9 avril dernier : plus de 180 participants ont échangé sur internet sur la plateforme dédiée et tous n’avaient aucune idée de la manière dont leur service pourrait sortir de la situation dans laquelle il se trouve. C’était, certes, avant le discours du président de la République donnant une première perspective de déconfinement pour le 11 mai, mais les premiers témoignages des priorités qui se dégageront lorsque les équipes retrouveront le terrain portaient plus sur la remise au propre des sites historiques et prestigieux, la propreté, la sécurité, que sur le fleurissement.
Un fleurissement pas à la hauteur d’une année normale
Comment, dans ces conditions, pourra se dérouler le prochain concours des villes et villages fleuris ? Il est encore trop tôt pour le dire. Au niveau national, dans l’état actuel des choses, les tournées sont maintenues. Martine Lesage, qui dirige le Conseil national des ville et villages fleuris, affirmait début avril qu’hormis quelques villages et en particulier dans l’est de la France, très touché par l’épidémie, peu de collectivités avaient demandé à ne pas recevoir de jury cette année. Depuis, on a appris que quelques villes souhaitaient un report de la visite du jury qu’elles devraient normalement accueillir. Quoi qu’il en soit, Martine Lesage estimait déjà au tout début du confinement que les jurys devraient se contenter d’une approche pédagogique plutôt que d’adopter la vision habituelle de notation pour accorder ou non les 4 fleurs… En région, les remontées sont également disparates, il semble que certaines soient prêtes à ne pas effectuer de tournées cette année, d’autres non. Mais encore une fois, il est bien tôt aujourd’hui pour que chacun ait pu définir une stratégie définitive. Une seule chose est certaine : pour cet été où le tourisme en France sera essentiellement et seulement partiellement assuré par un public français, limitation des voyages oblige, le fleurissement restera limité à sa portion congrue…