FORESTERIE URBAINE Étudier l’architecture de l’arbre en lien avec son potentiel de rafraîchissement

L’arboretum-laboratoire à l’exposition Floriade 2022 (Almere, Pays-Bas) compte 68 « jeunes arbres », en espace très ouvert dans un futur quartier périurbain. A contrario, à Delft, des arbres en conteneurs mobiles peuvent être déplacés pour tester différentes configurations. ©LKP
L’arboretum-laboratoire à l’exposition Floriade 2022 (Almere, Pays-Bas) compte 68 « jeunes arbres », en espace très ouvert dans un futur quartier périurbain. A contrario, à Delft, des arbres en conteneurs mobiles peuvent être déplacés pour tester différentes configurations. ©LKP

L’un des travaux de l’université néerlandaise TU, à Delft, aboutit à la création d’une typologie architecturale d’espèces destinées à améliorer le microclimat urbain grâce à une clé de répartition multicritère. La recherche se poursuit avec des parcelles-laboratoires en milieu ouvert.

Le projet Arboreta Urban Climate est conduit par le laboratoire de foresterie urbaine (section Architecture du paysage, département d’urbanisme) à la faculté d’architecture et d’environnement bâti de l’Université technologique TU Delft (Pays-Bas). Présenté sur le site Internet www.urbanforestry.nl, il est à peu près à mi-parcours. Le projet multidisciplinaire associe le laboratoire à des chercheurs de différentes disciplines (dendrologie, sols, services écosystémiques, etc.). De nombreux pépiniéristes sont partenaires, tout comme l’association nationale des paysagistes.

Mieux comprendre la manière dont la forme de l’arbre et ses autres caractéristiques influent sur son pouvoir de rafraîchissement est le fil conducteur du projet. Au cœur de l’expérimentation figure l’étude et la mesure d’arbres vivant en conditions contrôlées extrêmes dans des laboratoires extérieurs.

D’abord décrire

Un des premiers acquis de la première période 2017-2021 est la création d’une typologie architecturale d’espèces destinées à améliorer le microclimat urbain. Elle a abouti à la mise en place d’une grille descriptive de l’architecture de l’arbre d’une espèce ou d’un cultivar eu égard à son potentiel de rafraîchissement.

Trois ensembles de caractéristiques définissent les traits physiques primaires qui déterminent la capacité d’un arbre à réfléchir, absorber et intercepter la radiation solaire : la forme de la couronne, les caractéristiques du feuillage et la morphologie du bois. Toutes les descriptions réalisées se focalisent sur la période générative (étapes jeune arbre, arbre adulte et arbre mature) durant laquelle les arbres du milieu urbain ont l’impact le plus tangible sur le microclimat.

Après avoir décrit chaque espèce à l’appui de ces critères, les arbres ont été regroupés en catégories présentant des traits similaires pour constituer la grille UM-TAT (urban microclimate – tree architecture typology). Les 75 espèces candidates dans le projet Arboreta ont alors été classées dans l’une des catégories.

Des parcelles-laboratoires

Ensuite, des parcelles-laboratoires extérieures ont été réparties dans plusieurs zones climatiques des Pays-Bas pour procéder à l’étude et à la mesure d’arbres évoluant en milieu ouvert et en assurant une mesure des situations extrêmes (sécheresse, chaleur).

Les 75 espèces choisies (des sujets entre 10 et 20 ans d’âge) sont les plus courantes dans les villes néerlandaises. Le dispositif expérimental teste également des essences moins communes dans le pays mais offrant elles aussi un potentiel de rafraîchissement et de résistance en conditions extrêmes.

Mesurer le pouvoir rafraîchissant

Le potentiel climatiseur des arbres de chaque type d’architecture défini par la typologie conçue durant le premier volet d’Arboreta est alors mesuré. Ces mesures fournissent un aperçu de la valeur optimum ou maximum pour chaque type d’arbre durant des journées chaudes (température supérieure à 20 °C) par ciel clair entre le 21 mars et le 21 septembre. La mesure du rafraîchissement informe sur l’effet d’ombrage, la transpiration de l’arbre et le confort thermique des humains. En parallèle sont relevés les taux d’évapotranspiration, de même que des images de la couronne de l’arbre à l’aide d’une caméra laser (équipement terrestre Lidar). Des mesures témoins sont effectuées dans des zones proches non arborées.

Durant la période 2021-2024, des espèces répertoriées dans les rues, les parcs et les jardins urbains seront ajoutées et une étude sur site de spécimens adultes et matures se déroulera.

Linda Kaluzny-Pinon
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