Novembre 2023 Un mois qui débute sous la tempête

Les structures et couvertures des tunnels et serres multichapelles à parois gonflables ont le plus souffert face aux vents records de ce 2 novembre.
Les structures et couvertures des tunnels et serres multichapelles à parois gonflables ont le plus souffert face aux vents records de ce 2 novembre. ©Les serres de Kerallic

Autour de la Toussaint, la tempête Ciarán a déferlé sur les côtes de l'Atlantique et de la Manche, à un niveau de records absolus, donc jamais vus depuis les enregistrements officiels. Des horticulteurs et pépiniéristes ont été touchés. Premières évaluations.

La nuit du mercredi 1er au jeudi 2 novembre,3 un épisode météorologique tout à fait exceptionnel s’est déroulé sur plusieurs côtes de l'ouest de la métropole. Au départ, douze départements étaient en alerte rouge ou orange. Au final, le littoral atlantique, le Finistère, les Côtes-d’Armor, la Manche, le Nord et le Pas-de-Calais ont été balayés par des vents ayant atteint les 100 à 120 km/h – ce qui n’est malheureusement plus inhabituel – mais, au plus fort, les relevés ont indiqué 120 à 160 km/h à l’intérieur des terres, avec des pointes – exceptionnelles – de 172 km/h, mais surtout des 150 à 180 km/h sur les côtes.

Pour une fois, le phénomène avait été précisément annoncé à l’avance, des alertes communales ou préfectorales lancées sur les portables. « Mais que faire, sinon ne pas dormir de la nuit… en fait rien n’est possible contre des rafales aussi importantes », témoignent des conseillers et sinistrés.

Parmi les secteurs horticoles les plus touchés figurent :
- tout ou partie de la pointe du Finistère, en particulier la côte nord ;
- Paimpol, dans les Côtes-d’Armor, et près de Saint-Malo, en Ille-et-Vilaine ;
- le département de la Manche (centre) et la pointe du Cotentin…

Les structures légères n’ont pas résisté, les serres beaucoup mieux

Il est encore trop tôt pour faire un bilan chiffré mais les témoignages sur les réseaux sociaux et recueillis durant le Salon d'automne du chrysanthème, des jeunes plants et des intrants (qui se tenait près de Rouen (76), donc sur la route de la tempête) sont concordants.

Des pépiniéristes (Sica Kérisnel, les pépinières Stervinou et Roué) ont communiqué sur LinkedIn, mais des horticulteurs et des maraîchers sont également touchés.

Des témoignages de soutien et des encouragements invitent à ne pas baisser les bras. Les pépiniéristes du Finistère sollicitent un peu de compréhension et de patience, assurant que les expéditions vont reprendre au plus vite.

De même, dans la Manche, au moins sept producteurs touchés y ont été recensés par la chambre d’agriculture. Ils tentent de faire le maximum pour hiverner leurs cultures découvertes…

Car côté cultures, les constats sont très variables selon les sites. Heureusement que la tempête Ciarán est arrivée le lendemain de la Toussaint : les chrysanthèmes chez les horticulteurs étaient vendus (ce chiffre d’affaires ne sera pas grevé, c’est un moindre mal). Soit les serres étaient vides, soit les plantes ont globalement été épargnées.

Chez les pépiniéristes, on indique les cultures en extérieur, et le plein champ chez des maraîchers.
Le souci qui se superpose : les pluies continuelles vont encore, en plus, détremper les pots et potentiellement ajouter des pourritures aux premiers dégâts sur les plantes si les réparations tardent.

C’est surtout côté structures et couvertures que les dégâts sont importants.

Le plus souvent, les serres verre ont plutôt bien tenu, sauf des carreaux cassés et tombés. Par contre, les structures plus légères comme les tunnels et les serres multichapelles à parois gonflables n’ont pas résisté. Quelles que soient les marques de fournisseurs. Même des structures extrêmement récentes.
Au minimum, les couvertures plastique ont été débâchées, découvertes, arrachées.
Au pire les montants, armatures, arceaux ou même des faîtages… ont été pliés, couchés, vrillés, tordus, écrasés. Parfois ce sont les ouvrants de multichapelles qui ont été retournés. Un pépiniériste récemment installé dans l’année écoulée a indiqué environ 40 % de pertes et dégâts…

Dans l’immédiat, la crainte matérielle c’est le manque probable de fournitures pour réparer rapidement et couvrir toutes les cultures qui nécessitent un abri pour l’hiver.

En extérieur et dans de nombreuses villes, les arbres – parfois centenaires – ont payé un lourd tribut. Encore en feuilles à cette date, bien mouillés, avec leurs racines fragilisées par les pluies abondantes, ils ont pris le vent et ont été facilement arrachés aux sols détrempés. Entre autres exemples, mercredi 8 novembre, le magazine Ouest-France relatait : « À Saint-Nazaire (44), on soigne les parcs abîmés par la tempête : sur le front de mer, onze arbres déracinés sur la place devant la mairie, et quinze tilleuls se sont effondrés dans le parc paysager. Depuis […] les équipes des espaces verts sont à pied d’œuvre pour débiter et sécuriser les parcs et jardins de la ville. »

Pour en savoir plus, voir le témoignage vidéo de Christelle et Claude Sehan, des Serres de Kerallic, à Plestin-les-Grèves (22), qui malgré tout ont fait le voyage jusqu'à Rouen pour le Salon du chrysanthème.

https://www.dailymotion.com/video/x8phguj

En attente des aides

Le plus souvent, les chambres d’agriculture ouvrent une cellule de crise* pour recenser les besoins et aiguiller sur les démarches à suivre. Avec son ou ses assureurs, ce sont les premiers contacts à prendre pour s’organiser.

Comme à chaque épisode climatique se reposent les questions de prise en charge des réparations.
Sans oublier la compréhension des subtilités et complexités dans les règlements et contrats… Par exemple « Les structures peuvent être assurées, pas les couvertures », regrette un sinistré.

Les professionnels non assurés ou ceux dont les dégâts ne sont pas assurables attendent une décision rapide de déclaration de catastrophe naturelle. Le Président Emmanuel Macron s’est engagé à accélérer les procédures.

Les adhérents du syndicat Verdir sont invités à se faire connaître, notamment pour donner plus de poids aux demandes d’appui au niveau départemental, ou aux demandes d’aides via les décisions nationales. Un travail est en cours pour demander que les aléas climatiques soient assurables.

Chacun aimerait que ces épisodes restent exceptionnels. Mais les lanceurs d’alerte d’autrefois à propos des dérèglements climatiques commencent à avoir raison, et personne ne croit plus à la clémence des cieux. D’autant que la veille de la Toussaint en Charente et encore maintenant après la tempête, ce sont les inondations qui prennent le relais, en particulier dans le Pas-de-Calais. Nous reviendrons ultérieurement sur ces épisodes.

*Premiers contacts d’urgence pour les agriculteurs : chambre d’agriculture de la Manche. Tél. : 06 07 38 12 28 (7 J/7 entre 8 h et 20 h).

 

 

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