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3e Colloque Embranchements Quels soins et quelles migrations pour les arbres urbains ?

Certains arbres de l’essai substrats par la station Astredhor Est-Horticole ont trouvé place dans le parc de la Pépinière à Nancy (54), durant le colloque Embranchements. © Y. Haddad

« L’arbre prend le temps », mais « il est urgent de mettre en œuvre des actions pour le climat » : tels étaient les fils conducteurs du colloque Embranchements, organisé les 16 et 17 juin derniers, à Nancy. Et qui a réuni plus de 200 personnes autour des questions d’actualité sur l’avenir des arbres dans le contexte de changement climatique.

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Embranchements est un festival dédié à l’arbre, organisé tous les quatre ans par la ville de Nancy, en Lorraine, et plus particulièrement la direction Écologie et nature. Il résulte de la volonté de proposer un cadre de vie plus végétalisé dans un contexte urbain dense et de sensibiliser aux bienfaits apportés par les arbres.

Durant trois semaines, Embranchements offre de nombreuses animations pour le grand public, des créations artistiques et un colloque organisé en trois demi-journées de conférences – le temps des villes, le temps de l’arbre, le temps de l’homme – complétées par une après-midi sur le terrain.

Plus de 200 scientifiques, experts et gestionnaires se sont réunis pour échanger sur ces thématiques et rappeler combien la présence de l’arbre en ville est importante dans le contexte actuel de changement climatique.

Nombreux co-bénéfices et mode de vie « bas carbone »

« Nous allons atteindre avec certitude 1,5 °C de réchauffement d’ici à vingt ans. À l’horizon 2100, tout dépendra des actions menées dans les toutes prochaines années. Nous disposons de leviers d’action, mais il est urgent de les mettre en œuvre », a souligné Valérie Masson-Delmotte, paléoclimatologue et coprésidente du GIEC. Sans une intégration des actions pour le climat dans une politique globale de développement soutenable et une accélération forte de l’engagement des pays, en particulier des plus développés (responsables de plus des deux tiers des émissions de gaz à effets de serre), l’augmentation des températures pourrait atteindre plus de 4 °C.
Parmi les leviers d’actions, les solutions fondées sur la nature et le développement des trames vertes et bleues apparaissent particulièrement intéressantes, car elles présentent de nombreux co-bénéfices et favorisent un mode de vie « bas carbone ».

Augmenter la surface de canopée dans les villes

Tandis que Nancy et Strasbourg ont présenté leurs stratégies de renforcement de la canopée urbaine, Anne Jaluzot, urbaniste consultante à Londres et membre active du « Trees and Design Action Group », a proposé des clefs pour donner une place de premier choix aux arbres dans les projets d’aménagements urbains, avec toutes les conditions nécessaires à leur bon développement : sol prospectable et nourricier, accès à de l’eau en quantité suffisante pour permettre l’évapotranspiration du feuillage et le rafraîchissement de l’air, espace aérien pour déployer le houppier…

Jac Boutaud, ancien responsable du patrimoine arboré de la ville de Tours et propriétaire de l’Arboretum de la Petite Loiterie, à Monthodon (Indre-et-Loire), a quant à lui témoigné sur les pratiques de gestion favorisant l’augmentation de la surface de canopée dans les villes.

Des chênes, des mycorhizes, des essais de transfert…

Les spécialistes de l’écologie ont échangé sur le choix d’espèces adaptées à l’évolution du climat, le fonctionnement des arbres en milieu forestier et la migration des espèces.

Parmi les interventions, Thierry Lamant a présenté une large palette de chênes provenant de régions semi-arides d’altitude (Amérique du Nord, Mexique, Afrique du Nord, Balkans).

Franck Richard, chercheur au centre d’écologie fonctionnelle et évolutive de Montpellier, a souligné l’existence de réseaux mycorhiziens unissant les arbres forestiers et la nécessité d’en tenir compte dans les plantations urbaines.

Marie-Anne Joussemet et Maxime Dupont-Gendro, de la station d’expérimentations horticoles Astredhor-Est Horticole, ont présenté des travaux expérimentaux menés depuis trois ans. L’objectif est d’améliorer les conditions de transfert des jeunes arbres de la pépinière au milieu urbain, en travaillant sur de nouveaux substrats. Un sujet sur lequel nous reviendrons plus en détail ultérieurement.

Yaël Haddad

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