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Annonay (07) De nouvelles approches végétales pour de nouvelles aspirations

Après un programme ambitieux de rénovation et de reconquête du centre-ville, la plus grande commune du département de l’Ardèche s’est engagée depuis 2020 dans une profonde mutation de ses espaces verts pour mieux répondre aux attentes sociales et environnementales.

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Au côté d’un centre médiéval très dense, la ville d’Annonay, dans le nord de l’Ardèche, témoigne aussi d’un riche passé industriel datant des xixe et xxe siècles. De nombreux parcs paysagers devenus propriétés communales ou intercommunales remontent à cette époque.

Depuis une dizaine d’années, la Ville s’est engagée dans la réhabilitation et la redynamisation de son centre-ville historique. Le dispositif « Action cœur de ville » lancé par le gouvernement en 2018, dont Annonay est l’un des deux cent vingt-deux bénéficiaires, a accéléré certains projets en cours ou à l’étude et a aussi élargi le périmètre géographique­ et les champs d’action. Ce cœur de ville très dense, où les plantations se limitaient jusqu’alors à des petits îlots disséminés­, bénéficiera, après la démolition d’immeubles vétustes, d’un nouvel espace na­ture en belvédère dominant une partie de la ville.

Toutefois, si de nouveaux aménagements paysagers accompagnent ces rénovations en centre-ville, les espaces verts dans leur ensemble sont restés un peu à l’écart et ont peu évolué depuis plusieurs décennies, tant dans leur conception que dans leur mode de gestion. Face à ce constat, la nouvelle municipalité élue en 2020 affiche une politique verte plus ambitieuse pour l’ensemble de la cité afin de répondre aux préoccupations et attentes­ des habitants, avec une finalité à la fois environnementale et sociale. Pour résumer les propos de Romain Évrard, élu à l’environnement, « le végétal doit être associé à tous les projets d’urbanisation­, de nouvelles formes de végétalisation et de gestion doivent être imaginées en s’inspirant et en profitant de l’expérience d’autres collectivités ». L’objectif était d’améliorer le cadre de vie, d’atténuer les effets des changements climatiques, de faire entrer davantage de biodiversité, tout en créant du lien social, et de permettre la réhabilitation des parcs historiques vieillissants et des multiples îlots éparpillés au sein de la ville.

Jean-Luc Gargiolo, directeur du service espaces verts depuis deux ans, a été recruté pour mettre en œuvre ces ambitions, apporter un regard neuf sur la ville et élaborer un plan de végétalisation et de gestion à long terme des parcs et jardins. Ce plan, chiffré à plusieurs millions d’euros, répond aux objectifs fixés par les élus qui, à l’échelle du mandat, se sont engagés sur un grand nombre d’actions.

Un patrimoine végétal vieillissant à rajeunir

Les parcs de Déomas et Mignot constituent deux exemples d’espaces paysagers aménagés par les familles d’industriels autour de leurs propriétés. Le premier, qui a une superficie de 13 hectares au sein duquel s’envolent chaque année des dizaines de montgolfières, afin de célébrer le premier envol de ballon des frères Montgolfier, le 4 juin 1783 dans la ville, est encadré de grands bosquets aux nombreuses essences : platanes, chênes, sapins pectinés, séquoias, marronniers, érables, certains datant de la création du parc. Comme en d’autres endroits de la ville, ce patrimoine végétal vieillissant présente aujourd’hui de nombreux dépérissements accentués par les années sèches des deux dernières décennies. Un grand nombre de sujets sont à remplacer au cours des prochaines années.

Sur ces terrains granitiques et drainants, le choix de nouvelles espèces résistantes à de longues périodes­ de sécheresse est délicat. Une espèce semble particulièrement bien adaptée au biotope local : le cèdre de l’Atlas. Utilisée comme essence forestière au xixe siècle dans les environs, notamment autour du lac de Ternay, elle s’est largement disséminée par semis spontané et semble s’accommoder des conditions locales.

À proximité de la mairie, le parc Mignot, d’une superficie de 7 000 m², constitue de son côté le premier grand chantier mis en œuvre dans le cadre du plan de végétalisation, avec une réhabilitation complète de son jardin à la française. Cet aménagement reprend dans les grandes lignes les plans d’origine, en y incluant quelques notes contemporaines dans le choix des matériaux : bordures métalliques, murs de soutènement en bois et une palette de végétaux plus adaptés comme les fusains en remplacement des buis.

Aménagements datés ou de mauvaise conception, nombre d’îlots de verdure sont à repenser, tant techniquement – arbres dépérissants en raison de fosses de plantation trop réduites, entretien difficile et chronophage… – qu’esthétiquement, leur agencement comme leur style étant dorénavant largement dépassés. Le centre-ville, construit sur un piton rocheux, présente des déclivités importantes. D’anciens jardins ouvriers sur terrasses à l’abandon, rachetés par la municipalité, sont à reconquérir, mais demandent d’importants travaux de soutènement pour leur mise en sécurité.

Des jardins partagés pour répondre à une forte attente

Point important soutenu par les élus, la création de jardins partagés répond à une forte demande sociale et a fait l’objet d’une mise en œuvre accélérée. Une chargée de mission est arrivée en 2021. En quelques mois seulement, les premiers jardins ont été mis à disposition des candidats, recrutés après un appel à projets. Sept sites ont été aménagés l’an passé (construction des clôtures et cabanons, point d’eau), vingt-cinq familles et onze associations se sont vu attribuer une par­celle d’une surface entre 50 et 100 m². D’autres lopins­ seront proposés d’ici à la fin de l’année, dont deux sites actuellement en cours d’aménagement en lien avec les centres sociaux et une école primaire. Repas partagés, groupes Whats­App constitués entre jardiniers, fêtes des plantes, ces lieux sont là avant tout pour créer du lien entre les habitants, notamment auprès des personnes en situation de précarité.

Végétalisation et chantiers participatifs

Enfin, la ville se projette dans l’avenir, avec de nouvelles formes de verdissement apparues ces dernières années. Si l’on s’interroge quant à leur avenir d’un point vue tech­nique (voir le dossier du Lien horticole n° 1116 de juin dernier), les forêts urbaines permettent, lors de leur élaboration, de sensibiliser et d’impliquer différentes populations, particulièrement les enfants des écoles primaires. Une expérience de forêt Miyawaki a été menée en 2021. Les vergers partagés vont dans le même sens. Atout important : la commune dispose en périphérie de réserves foncières pouvant être utilisées à ces fins…

Claude Thiery

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