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Clichy-Batignolles (17e arrondissement) Les saisons, le sport et l’eau, thèmes d’un parc de 10 ha novateur à Paris

Réalisé en plusieurs tranches et terminé récemment, le parc Martin-Luther-King, dans la ZAC Clichy-Batignolles, a été conçu autour d’un programme datant de plus de dix ans, mais dans l’air du temps.

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Dans le cadre de la biennale nationale des enseignants qui s’est réunie à l’école horticole du Breuil, à Paris, du 13 au 15 octobre (lire Le Lien horticole n° 1110, page 12), quelque soixante enseignants, formateurs, moniteurs, ont passé du temps à échanger sur les problématiques qu’ils rencontraient, mais aussi à visiter des sites. Parmi ceux-ci, les participants ont pu découvrir le parc Martin-Luther-King, au sein de la ZAC Clichy-Batignolles, dans le 17arrondissement de Paris, un espace vert de dix hectares dont la dernière tranche vient d’être terminée et qui présente un intérêt en rapport avec l’histoire du lieu et les vocations qui lui sont désormais dévolues.

Le site appartenait auparavant à la SNCF et le parc a été réalisé par tranches au fur et à mesure de la mise à disposition des différentes parcelles par l’opérateur de transport. La première livraison, de 4,3 ha, a été effectuée à l’été 2007, suivie d’une seconde de 2,2 ha en 2014. Les derniers aménagements, qui occupent 3,5 ha, viennent d’être livrés entre 2019 et le début de cette année.

Recoudre des territoires de Paris

La conception, réalisée par la paysagiste Jacque­line Osty, devait répondre à plusieurs objectifs définis par le maître d’ouvrage  : recoudre les territoires en reliant deux quartiers parisiens, celui de la Plaine-de-Monceaux (dit plaine Monceau) et celui des Épinettes, en supprimant la coupure que représente le raccordement de la ligne de Petite­ Ceinture au faisceau Saint-Lazare, créer un nouvel espace de verdure de 10 ha au nord-ouest de Paris et valoriser les espaces publics.

Le parc paysager est inséré entre les deux fronts bâtis d’un programme de logements, commerces et équipements mené en parallèle. Très largement végétalisé, il a été conçu pour obéir à trois théma­tiques principales, les saisons, le sport et l’eau. Pour la première, les cycles naturels ont servi­ de support pour déterminer le type de plantations, guidant le choix des essences pour que, du sud au nord, une saison plus qu’une autre soit mise en valeur. Concernant le sport, le parc offre de nombreuses aires pour pratiquer des jeux et des activités physiques pour tous les âges.

L’eau, un thème qui illustre bien la démarche environnementale

Enfin, l’eau est déclinée sous plusieurs formes : environnementale, technique, paysagère et lu­dique. Dans la dernière tranche de travaux livrée récemment, un canal récupère l’eau non potable provenant du square des Batignolles (elle partait auparavant vers le réseau d’évacuation classique). Aujourd’hui, cette eau est dirigée vers une cuve de stockage assurant la disponibilité en eau non potable tout au long de l’année pour l’arrosage du parc et l’alimentation d’un « bassin biotope », de fossés humides, d’une place de jets…

Une démarche environnementale a guidé la conception du parc : une succession de bassins et une cascade permettent d’étendre le processus d’épuration naturel. L’arrosage se fait ainsi sans utili­sation d’eau potable. De nouveaux milieux, une prairie et un canal planté ont proposé de nouveaux écosystèmes afin de favoriser le développement de la biodiversité dans la capitale.

Il y a peu, il a été décidé d’enrichir le pro­gramme pour répondre à un besoin d’offrir un espace à l’agriculture urbaine et pour aménager un verger et des haies fruitières. Au total, 58 arbres fruitiers en tige ou palissés ont été plantés dans un espace ouvert­ de prairie et complétés par des haies fruitières (cassissiers, groseilliers, entre autres).

Des espèces indigènes pour favoriser la biodiversité

La mise en œuvre de la dernière tranche du parc a été précédée d’une démarche très volontariste visant à favoriser la biodiversité. Elle est composée de près de 26 % d’espèces indigènes régionales, respectant ainsi l’action 21 du plan biodiversité qui prévoit 20 % de ce type de plantes dans les nou­velles plantations depuis 2020. Ce sont les strates arborée et herbacée qui en sont le point fort, avec respectivement 46 et 37 % de plantes régionales. L’idée était ici de proposer une source de nourriture : riche en pollen et nectar, puis formant fruits et graines, cette végétation est à la base de nombreuses chaînes alimentaires. Les parties végétatives de certaines espèces sont aussi les supports de ponte spécifiques de nombreux insectes ou autres invertébrés.

Le nouveau parc présente désormais des habitats plutôt diversifiés dont certains sont prioritaires au sein du territoire parisien. Parmi eux, on retrouve des typologies de prairie, des murs en gabion, une végétation de sous-bois, ainsi qu’une reconstitution d’un milieu humide avec des fossés, des bassins végétalisés de type « roselière », permettant la phytoremédiation, ainsi qu’une mégaphorbiaie*. Ces habitats humides et aqua­tiques, encore trop rares à Paris, contribuent fortement à la trame bleue du territoire. De plus, la présence de jardins partagés peut se révéler intéressante pour les pollinisateurs ainsi que pour les oiseaux frugivores.

Le site accueille ainsi des espèces animales dites « cibles » (dont la présence montre la fonctionnalité de la sous-trame dans laquelle ils vivent). Parmi celles-ci figurent le lézard des murailles, le hérisson­ d’Europe, l’orvet fragile, des papillons comme le vulcain ou le tircis, des odonates (libellules et demoiselles), des orthoptères (criquets et sauterelles) ainsi que des crapauds communs.

Une gestion différenciée

Le parc est soumis à une gestion différenciée avec fauche tardive rotative pour certains secteurs, qui a notamment permis d’obtenir une prairie en lieu et place d’une zone d’origine horticole. La quasi-totalité de la strate arbustive est laissée en port libre­, favorisant ainsi le développement de fleurs puis de fruits qui fourniront de la nourri­ture aux pollinisateurs et aux espèces frugivores (principalement les oiseaux). De plus, les interventions sur la strate arbustive sont réalisées en dehors de leurs périodes de reproduction, et les méthodes de fauche, de curage et de faucardage des zones aquatiques sont conçues afin de respecter elles aussi la faune et la flore.

Le parc Martin-Luther-King s’inscrit ainsi pleinement dans la politique de la Ville de Paris, visant le renforcement de la présence des espaces verts et de la biodiversité.

Pascal Fayolle

*Zone de végétation de milieu humide composée de hautes plantes herbacées vivaces.

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