FESTIVAL INTERNATIONAL DES JARDINS DE CHAUMONT-SUR-LOIRE (41) Il était une fois des jardins
Le thème retenu cette année au domaine de Chaumont-sur-Loire, « Il était une fois un jardin », plonge les visiteurs dans l’univers des contes. Focus sur les réalisations qui ont particulièrement retenu l’attention de la rédaction.
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Chaque année, le Festival international des jardins de Chaumont-sur-Loire propose une vingtaine de nouveaux jardins sur un thème imposé. Ils sont imaginés et réalisés par des concepteurs paysagistes, des architectes, des scénographes ou encore des plasticiens… Comme à l’accoutumée, la sélection du jury a fait la part belle aux équipes françaises, avec près de la moitié des projets, les autres venant d’Europe (Italie, Espagne, République tchèque), de Grande-Bretagne et de plus loin encore : Tunisie, Iran, Inde, Brésil, Chine.
Un choix qui conforte le rayonnement international de l’événement. Sans augurer des prix qui seront décernés par le jury, la rédaction en propose une sélection.
1. Premier coup de cœur : « Le jardin secret de l’Argoat »
L’Argoat, c’est la Bretagne de l’intérieur, moins connue que celle du bord de mer, l’Armor. Mais pour le jeune paysagiste Romain Stivala, formé à l’Agrocampus Ouest d’Angers (49), ce territoire est tout aussi riche, regorgeant de légendes et de paysages variés, entre landes et forêts. Il invite, avec beaucoup de poésie, le visiteur à les découvrir, ainsi que les korrigans (lutins) qui y vivent, de même que leur hutte. Par ce biais, il incite à préserver la nature et à prendre soin de la diversité des habitats.
2 et 3. Deuxième coup de cœur : « L’épopée du haricot magique »
C’est à un collectif de cinq étudiants – garçons et filles – de l’Institut Agro Rennes-Angers, accompagnés de deux autres pour la phase de réalisation, que l’on doit ce jardin inspiré du conte Jack et le haricot magique, où le minuscule côtoie le gigantesque. Un jardin où l’on s’émerveille à chaque instant de redécouvrir la magie des plantes et la puissance du monde vivant.
4. « Fantastico Pinocchio »
Ce projet venu d’Italie explore l’univers de Pinocchio, pour découvrir les faux mythes que la société propose et les valeurs (partage, sobriété, respect de la nature) qui constituent les vraies richesses des êtres humains. Près de 1 700 plantes, principalement des vivaces, proviennent de la pépinière Priola, à Trévise (Italie), avec des floraisons étalées tout au long du festival. Le fil rouge symbolise le fil de l’Histoire et de la vie.
5. « Lis-moi une histoire »
Ce jardin imaginé par une artiste plasticienne française, Anne Marlangeon, célèbre le rituel de la lecture du soir, qui permet de stimuler l’imagination et de grandir. Il est conçu dans une dominante de vert et de blanc symbolisant la pureté et la vitalité. Les plantes sont disposées en spirale, allégorie de la vie, avec notamment des graminées et des gauras pour créer une plaine ondoyante.
6. « Le jardin des Songes »
Inspiré du Songe de Poliphile, écrit en 1467, publié en 1499, ce jardin a été conçu par le paysagiste Thierry Huau et la sculptrice Daniela Capaccioli avec le concours de l’association Berceau de nymphéas. Au cœur de ce jardin en perpétuelle transformation au fil des mois, les sculptures en grillage blanc se couvriront de plantes grimpantes, tandis que le bassin central verra se succéder la floraison d’une trentaine d’espèces de nénuphars.
7 et 8. « Le jardin Korriganezed »
Ce jardin se réfère à la légende du roi Arthur, chevalier aux fleurs qui a troqué son épée contre une faux… Mais il met surtout en avant les personnages féminins de ce récit, Morgane et Viviane, considérées comme des fées ou des sorcières selon les récits. Une ode aux Bretonnes et plus largement aux femmes et à leurs pouvoirs de réenchanter le monde. La palette végétale fait la part belle aux plantes typiques de cette région (azalées, hortensias, rhododendrons, fougères), aux plantes potagères et aromatiques, mais aussi aux espèces exotiques plus récemment introduites en Bretagne (Dicksonia, Aralia, Grevillea…)
9. « Forxcalibur »
Dans ce projet conçu par une équipe britannique, la légende du roi Arthur est également convoquée pour souligner que la capacité de changer le monde n’est pas dans les mains d’un héros singulier, mais dans celles de tous ceux qui partagent un objectif commun.
10. « Jardin de l’Odyssée »
Un jardin inspiré de l’Iliade et l’Odyssée qui amène à l’instrospection sur le monde actuel, imaginé par de jeunes paysagistes concepteurs avec des matériaux de récupération et une belle palette de vivaces dans un camaïeu de bleu pour figurer l’océan.
11. Carte verte dans les prés du Goualoup
Parmi les trois cartes vertes du festival, les célèbres paysagistes allemands Cassian Schmidt* et Bettina Jaugstetter ont réalisé un jardin permanent dans les prés du Goualoup, avec le concours de la paysagiste et chercheuse Anna Lena Hahn. « Le Tourbillon de la succession » se veut à la fois un projet de land art et une approche philosophique du jardin naturaliste. Les concepteurs s’inspirent des milieux écologiques pour créer des jardins où les associations végétales sont esthétiques et fonctionnelles. Cassian Schmidt a souhaité évoquer les paysages alluviaux de la Loire en suivant la forme en spirale de la précédente installation, « Carbon Pool », de Chris Dury, aménagée en 2014. Deux milieux contrastés rappellent les bancs de sable et les zones en creux (riches en matières organiques et humides), avec des palettes végétales distinctes.
*Plus sur l’approche de Cassian Schmidt dans Le Lien horticole n° 1111 de décembre 2021, pages 42 et 43.
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