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Paysage Un nouvel outil d’aide à la décision pour la végétation de bord de route

Le frêne est une essence emblématique de la Moselle et plus largement de la région lorraine (ici à Trampot dans les Vosges).

Dans la continuité des projets Sésame pour l’aide aux choix des végétaux ligneux en milieu urbain, le Cerema* Est et l’université de Lorraine ont présenté un projet de nouvel outil adapté au contexte routier, ceci à l’occasion d’un webinaire le 4 novembre 2025.

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Le projet Sésame I a été développé entre 2018 et 2019 par le Cerema Est en partenariat avec la ville de Metz et l’Eurométropole de Metz.
L’objectif était de développer un outil d’aide à la décision pour faciliter le choix d’une palette adaptée au contexte local et aux contraintes d’aménagement en ville, en s’appuyant sur l’analyse de services écosystémiques jugés prioritaires, comme l’amélioration de la qualité de l’air (absorption des polluants gazeux, fixation des particules fines), la régulation du climat local, la qualité du cadre de vie et des paysages, le rôle de support de biodiversité.

Plusieurs déclinaisons de l’OAD

Cette première version proposant 85 espèces a ensuite été complétée par une deuxième version Sésame II (2022/2023) avec de nouveaux partenaires tels que la métropole du Grand Nancy, une palette élargie à 250 espèces adaptées au contexte lorrain, ainsi qu’un plus grand nombre de services écosystémiques.

Plusieurs déclinaisons ont ensuite été développées sur d’autres territoires métropolitains comme sur Bordeaux Métropole, la communauté urbaine du Grand Poitiers, les Bouches-du-Rhône ou la ville de Paris.

Une version pour les alignements

« En 2024, nous avons été sollicités par le département de la Moselle pour travailler sur un outil spécifiquement dédié à la végétalisation des bords de route baptisé "Sésame routes de Moselle" qui est aujourd’hui en phase de finalisation », précise Luc Chrétien, responsable du groupe biodiversité, aménagement & nature en ville au Cerema Est.

Le principe est similaire aux autres projets Sésame, avec une prise en compte des services écosystémiques « classiques » des arbres, auxquels s’ajoutent des critères plus spécifiques des alignements de bords de route. La dimension paysagère est l’une d’elles, avec une analyse des paysages mosellans et une réflexion sur les essences emblématiques qui peuvent encore être utilisées et celles qui ne sont plus adaptées.

Des essences à éviter

Ainsi, l’orme champêtre a disparu du fait de la graphiose, mais pourrait être remplacé par des variétés considérées comme résistantes (Ulmus ‘Lobel’ par exemple).
Le frêne, encore très présent, n’est plus une essence recommandée à cause de l’expansion de la chalarose.
Les fruitiers, héritage de la période allemande, restent encore assez présents dans certains secteurs.

L’objectif est donc d’identifier les espèces locales résistantes et de rechercher d’autres espèces dans la palette exotique, adaptées au contexte routier, aux conditions de sols et climat futur.
La déclinaison sur d’autres départements est envisagée dans les années à venir.

La sécurité routière : un critère obsolète ?

Dans ce nouveau projet « Sésame routes de Moselle », l’un des critères spécifiques, le volet sécuritaire, a fait débat et pourrait s'avérer en contradiction avec l'objectif affiché : enrichir les plantations de bords de route et renouveler le patrimoine existant.

Pour Chantal Pradines, spécialiste internationale des allées d’arbres et déléguée générale de l’association Allées-Avenues/Allées d’avenir, baser des recommandations pour le renouvellement de ce patrimoine culturel et naturel en s’appuyant prioritairement sur des données de sécurité routière, qui plus est datant de 1999, n’a aucune justification fondée.

Une étude de cette experte, publiée dans la « Revue générale des routes et de l’aménagement » en 2011, montre d’ailleurs que le niveau de sécurité routière est largement supérieur dans certains départements très richement dotés d’arbres d’alignement en bord de chaussée, comparés à d’autres qui en ont peu. « Les gestionnaires sont les premiers à reconnaître que s’appuyer sur des recommandations imposant des critères de distance comme celles présentées limite fortement les possibilités de plantation et de renouvellement d’allées patrimoniales existantes », conclut Chantal Pradines (voir Encadré).

*Cerema : Centre d'études et d'expertise sur les risques, l'environnement, la mobilité et l’aménagement.

Pour en savoir plus :
Sur les outils Sésame
Sur les allées d’arbres

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