Organisées par l’ensemble des acteurs régionaux de la filière horticole et du paysage*, les premières Rencontres du paysage urbain en Auvergne-Rhône-Alpes se sont déroulées à l’auditorium du musée de Grenoble (38) le 16 juin dernier.
Pas moins de 140 personnes s’étaient déplacées afin d’écouter et d’échanger avec les différents intervenants représentant l’ensemble de la profession : architectes, paysagistes, urbanistes, pépiniéristes, responsables et agents des services espaces verts, écologues et naturalistes, juristes… « L’ambition de ces rencontres est de nous faire réfléchir collectivement à l’évolution du paysage urbain et créer une dynamique de filière, a expliqué Laurent Bizot, président de l’Unep, dans son discours d’accueil. Passer d’une ville verte à une ville nature, anticiper et atténuer les effets du changement climatique, offrir à tous les citadins un coin de nature proche de chez eux, tels sont quelques-uns des enjeux qui nous attendent. »
Gilles Namur deuxième adjoint Nature en ville, espaces publics, biodiversité et fraîcheur à la municipalité de Grenoble, l’a rappelé : « Le confinement à été une période riche d’enseignements pour la nature en ville, avec la redécouverte par les citadins des parcs et jardins proches de chez eux, espaces qui durant cette période étaient moins entretenus, laissant apparaître de nouvelles fleurs et leurs cortèges d’insectes. Les Grenoblois ont posé un regard positif sur cette nature. »
Comment concilier densification et végétalisation ?
Les villes sont appelées à devenir de plus en plus denses et accueillir une population plus importante pour éviter l’étalement urbain et limiter les déplacements. Comment concilier densification et végétalisation, pour quelle nature en ville ? Telles étaient les pistes de réflexion des deux tables rondes qui se sont succédé au cours de la matinée.
Le végétal doit être au cœur de l’aménagement urbain, il faut intégrer cette dimension vivante dans le mode de pensée de la ville. Nature domestiquée ou « naturelle », les choses évoluent, l’environnement devient infrastructure et la biodiversité, fonctionnelle, on ne parle plus de végétaux ornementaux mais porteurs de fonctions écosystémiques.
Parmi les autres thèmes abordés, celui de la gestion des eaux pluviales, qui devient un élément central. S’il faut favoriser l’infiltration, cette eau doit d’abord transiter par les espaces verts pour en faire profiter les végétaux, non seulement pour assurer leur survie, mais aussi pour leur permettre d’exercer, par transpiration, leur rôle de rafraîchissement. Les noues, apparues il y a quelques années dans les aménagements urbains, remplissent en partie ces nouvelles fonctions des espaces nature et peuvent, à terme, offrir la possibilité de s’affranchir d’une partie des réseaux enterrés, lesquels constituent souvent des freins pour de nouvelles plantations.
Quels végétaux en ville demain ?
Le débat autour de la biodiversité a été plus ouvert, avec une question : quels types de végétaux en ville pour demain ? Plantes indigènes, origine locale, faut-il anticiper le réchauffement en introduisant des espèces d’autres régions a priori mieux adaptées, mais moins intéressantes du point de vue écologique ? Aux côtés des paysagistes et pépiniéristes, les écologues et associations naturalistes sont aujourd’hui des partenaires incontournables et font évoluer la réflexion sur des thèmes jusqu’alors encore peu explorés, notamment pour tout ce qui concerne la faune associée aux différentes espèces végétales.
Grenoble a été désignée Capitale verte européenne 2022 sur la base de plusieurs indicateurs : la lutte contre le réchauffement climatique, la gestion des espaces verts, le développement des modes de transport alternatifs à la voiture, la lutte contre la pollution, la gestion des déchets ou encore le respect de la biodiversité. L’après-midi, sous une chaleur caniculaire, les visiteurs ont pu découvrir deux exemples d’aménagements récents qui illustrent bien ces enjeux : le parc Flaubert et la caserne de Bonne. Corridors verts entre les rives de l’Isère et celles du Drac, ces réalisations laissent largement entrer la nature en ville…
*Unep, FFP, FNPHP (désormais Verdir), Hortis, Valhor, CAUE.