TERRA BOTANICA, à Angers (49) Mieux comprendre les mystères des arbres

« Les Mystères de la forêt » s’étendent sur 7 000 m2 au milieu d’une forêt existante de 20 ha en périphérie des 12  ha du parc. Ici, le géant Robur livre ses secrets. © TB/Thierry Huguenin
« Les Mystères de la forêt » s’étendent sur 7 000 m2 au milieu d’une forêt existante de 20 ha en périphérie des 12  ha du parc. Ici, le géant Robur livre ses secrets. © TB/Thierry Huguenin

Le rôle pédagogique revendiqué par le parc du végétal angevin s’affirme avec la création, en 2021, d’un cinquième univers baptisé « Les Mystères de la forêt ». En parallèle, Terra Botanica multiplie les initiatives pour renforcer son ouverture à la botanique et à l’écologie.

« La vocation de Terra Botanica est d’apprendre en s’amusant autour du monde du végétal et de la biodiversité, rappelle Pierre Watrelot, directeur du parc d’Angers (49), présentant le nouvel univers qui vient d’ouvrir. “Les Mystères de la forêt” s’inscrivent dans cette démarche, à travers une expérience à la fois sensorielle, ludique et pédagogique. Nous entendons nous servir de l’attractivité du parc pour vulgariser. »

Vulgarisation scientifique

Les parcours à la cime des arbres, avec passerelles et cabanes, offrent diverses expériences selon les circuits : ambiance zen pour l’observation de la faune et de la flore ou environnement ludique et acrobatique. Au sol, le long du parcours ludo-pédagogique, trois géants de quatre mètres de hauteur, ayant chacun sa personnalité, content les secrets des arbres.
Le cheminement légèrement surélevé protège utilement le système racinaire dans un parc à forte fréquentation (autour de 300 000 visiteurs).

Les trois géants sonorisés (ici Mycena) sont autant de pôles spécialisés de communication où la forêt prend forme humaine. Ils sont judicieusement associés à des activités ludiques. © TB/Vincent Ripaud

C’est l’occasion de présenter le rôle des racines avec Lokas, l’un des trois géants. Les dires de ses voisins Robur et Mycena sont tout aussi denses, pour mieux capter un public familial ou plus ou moins curieux de nature.
Boris le Jardinier, responsable de la médiation scientifique de Terra Botanica, insiste sur la nécessité de « sensibiliser à l’usine du sol, à l’infiniment petit comme les lombrics et les mycorhizes. Et, à la surface, même les branches et feuilles tombées ont leur rôle à jouer ».

Outre les deux animateurs permanents dans cette forêt mystérieuse, des ateliers pédagogiques pour diverses tranches d’âge s’articulent autour de 200 thématiques construites avec l’éducation nationale.

Respecter les arbres

L’accès aux « Mystères de la forêt » est une transition douce le long d’un petit merlon paysager planté de 35 sujets. Soit un par essence locale menacée par le réchauffement climatique (orme, chêne, peuplier noir…). Sur la lisière sèche, un mélange fleuri a été semé pour favoriser une recolonisation naturelle.

La transition douce d’accès aux « Mystères de la forêt » est plantée d’espèces locales menacées par le réchauffement climatique. © LKP

Comme pour les animations, ce travail de fond a été mené avec des spécialistes écologues. À une échelle plus large, Terra Botanica est en contact avec d’autres parcs (en Anjou, le parc de Maulévrier et le Bioparc, et, en région Centre-Val de Loire, le zoo de Beauval) accueillant de vastes espaces végétalisés afin d’échanger sur les bonnes pratiques de leur gestion.

Le langage des plantes

Ces actions autour de l’observation et de la compréhension des arbres sont complétées

par des vidéos-reportages thématiques. Certaines (l’arbousier au cœur du jardin sans eau et le pin de Wollemi) étaient diffusées cette année pour la participation de Terra Botanica à la journée mondiale Fascination Plant Day le 18 mai*.

Les 21 et 22 juin, le parc du végétal avait convié Francis Hallé pour deux conférences ouvertes au grand public. Le premier soir, le botaniste a tenté de répondre à l’interrogation « Peut-on parler d’intelligence chez les plantes ? ». Elle est assurément équivoque en l’absence de cerveau. Les auditeurs sont repartis avec une curiosité activée et un message militant : « L’observation est fondamentale. Ne vivons pas à côté des plantes sans les connaître. » Durant sa seconde conférence sur la forêt primaire, l’explorateur des canopées a évoqué les multiples versions de son radeau des cimes, avec un discours combatif autour de la disparition des forêts primaires. Et d’évoquer son projet d’en faire renaître une en Europe occidentale dans un site arboré existant qui évoluerait sans intervention au fil des siècles. La superficie souhaitée est de 70 000 ha, soit un carré de 26 km de côté. Découvrir son association ici.

Linda Kaluzny-Pinon

Lire aussi Le Lien horticole n° 1100 de novembre 2020 « Le parc du végétal transmet des valeurs écologiques ».
*Cette journée mondiale de célébration des plantes a été créée en 2012 sous l’égide de l’Organisation européenne des sciences végétales (EPSO).
Pour en savoir plus.

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