Plusieurs marqueurs resteront sans doute dans les années futures de la volonté affirmée des élus urbains de verdir leur cité au début du xxie siècle. Les noues paysagères et la gestion des eaux de ruissellement en surface en feront assurément partie. L’agriculture urbaine peut-être également, ou encore la désimperméabilisation des surfaces bitumées. Et on peut aussi mettre une pièce sur la forêt urbaine. Combien de villes, et pas nécessairement de très grandes, communiquent actuellement sur la plantation d’une forêt sur tel ou tel espace auparavant dédié à un usage très marqué « xxe siècle », un parking, une friche industrielle ? Taper les termes « forêt urbaine » sur un moteur de recherche est à ce titre édifiant.
La frénésie de plantation rencontre peu de détracteurs, elle est portée par l’air du temps, soutenue par les citoyens et élus qui, pour l’essentiel, ont compris que la ville, demain plus chaude, ne sera respirable que si le végétal y est omniprésent.
Un sujet à creuser
Sur la manière, par contre, certains chercheurs sont plus dubitatifs. Ces microforêts plantées à très haute densité ont-elles vraiment un intérêt par rapport à d’autres techniques de plantation plus classiques ? Une équipe de l’Inrae, en particulier, travaille sur le sujet et cherche à quantifier les bienfaits des forêts en ville (pages 30-31).
La Ville d’Angers (49), qui affirme sa volonté d’être la capitale du végétal d’ornement en France, a présenté l’une de ses forêts urbaines lors des visites de terrain en matinée de la manifestation Végétal Connect en septembre 2021. Mais elle n’est que l’un des maillons d’un mouvement profond en France (pages 32-33). Enfin, si l’on ne dispose que de peu de recul dans l’Hexagone sur le sujet, quelques sites en offrent un aperçu, comme cette plantation effectuée en Seine-et-Marne en 2006 dont le conseil d’architecture, d’urbanisme et de l’environnement vient de dresser un premier bilan (page 34). De cette parcelle qui fête ses quinze ans, on pressent qu’il n’est pas forcément indispensable de planter trop serré et qu’il faut, comme toujours, prévoir des opérations d’entretien, mais l’avenir précisera tout cela.
Reste que, comme toujours à la faveur d’un engouement peu contrôlable pour une nouvelle solution présentée comme miracle, il risque d’y avoir des déçus parmi les collectivités qui auront investi des sommes importantes dans des méthodes qui, dans vingt ans, se montreront peut-être bien peu adaptées au contexte français. Ce sujet, qui n’en est qu’à ses débuts, sera évoqué dans une prochaine édition. Parler forêt urbaine conduit également vers des thèmes déjà abordés, le manque de disponibilité en jeune plant en pépinière (Le Lien horticole n° 1108 de septembre 2021), par exemple, mais mène aussi à une projection dans l’inconnu, qui demande observation et adaptation.
L’avenir de l’arbre en ville est évident. La manière dont il doit s’imposer reste sous certains aspects, tel le choix des taxons, à affiner.