RECHERCHE VÉGÉTAL La colonisation terrestre par les plantes permise par des champignons
Dans une étude publiée dans la revue Nature Genetics, des biologistes suggèrent qu’un transfert de gènes entre champignons et plantes il y a 500 millions d’années aurait permis aux végétaux de coloniser les continents.
Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.
Il y a des millions d’années, un groupe de plantes aquatiques, s’adaptant à de nouvelles conditions assez inhospitalières (lire l’encadré), a donné naissance à l’ensemble des végétaux terrestres. Une équipe de scientifiques à Toulouse (31) vient tout récemment de mettre en évidence un transfert de gènes des champignons vers des plantes, un phénomène qui aurait rendu possible la colonisation des terres émergées*.
Adaptation à un nouvel habitat
Leur travaux se sont concentrés sur Marchantia polymorpha, l’hépatique des fontaines. Elle constitue la plante modèle pour l’étude des bryophytes (mousses, hépatiques…), un groupe habituellement bien moins étudié que les angiospermes (les plantes à fleurs).
Les biologistes ont fait des analyses génétiques chez une centaine d’individus de M. polymorpha provenant d’Europe et des États-Unis. Ils y ont repéré un gène transmis par un champignon ayant un ancêtre commun avec les plantes terrestres au moment où les algues sortaient des eaux.
« Nos travaux montrent que ce gène est associé à l’adaptation au milieu terrestre, et nous pouvons spéculer que, sans lui, les algues n’auraient pas pu rester longtemps sur la terre ferme. Ce gène leur a peut-être permis de s’adapter aux nouvelles contraintes de leur habitat à l’air libre : manque d’eau, rencontres avec de nouveau micro-organismes… » explique Pierre-Marc Delaux, directeur de recherche au CNRS (Centre national de la recherche scientifique) et coauteur de l’étude.
Cette famille de gènes, conservée chez l’hépatique des fontaines et héritée de l’ancêtre commun le plus récent des plantes terrestres, est absente chez les plantes à fleurs, où elle a été perdue. Ces résultats plaident pour étudier plus en avant des végétaux fort souvent négligés dans les études, car ne présentant pas a priori d’intérêt agronomique, afin de mieux comprendre l’évolution des plantes et les mécanismes sous-jacents.
*Étude publiée dans Nature Genetics en février 2025 : « The Marchantia polymorpha pangenome reveals ancient mechanisms of plant adaptation to the environment », Chloé Beaulieu, Maxime Bonhomme, Pierre-Marc Delaux et al.
Pour accéder à l'ensembles nos offres :