Le vert renforcé

Le Grenelle de l'environnement a fait évoluer notre paysage : un peu plus d'herbe dans les villes pour limiter l'usage des produits phytosanitaires, des friches valorisées au nom de la biodiversité, des panneaux photovoltaïques sur le toit des maisons... Des avancées pour lesquelles notre filière a trouvé des arguments à faire valoir, même si elle a, au début, dû se battre pour que sa voix soit entendue et que le rôle du végétal dans ces nouvelles orientations soit reconnu. Avec ses toitures végétalisées, l'entreprise Jade (lire page 12) a su, comme bien d'autres, s'engouffrer dans les nouvelles niches offertes par la tendance « développement durable ». L'actualité récente pourrait rafraîchir les plus enthousiastes, sur le mode : « Cela va-t-il durer ? »

Malgré la crise et les petites phrases du genre « L'environnement, ça commence à bien faire », jusqu'ici l'édifice tenait. Mais, depuis le début de l'année, la filière du photovoltaïque, gourmande en finances publiques, est entrée dans une période de grandes turbulences. Montrée du doigt pour ses pratiques (la qualité des panneaux...) et pour son coût, elle voit, en France comme dans de nombreux pays alentours, son financement fortement remis en cause.

La question peut légitimement se poser pour nos toitures végétalisées et autres murs végétaux : la même mésaventure pourrait-elle nous arriver ? Un retournement du marché pourrait-il se produire ? C'est peu probable. Ces marchés sont peu concernés par les subventions publiques, ils sont essentiellement portés par la volonté des donneurs d'ordres, pour l'instant intacte. De plus, dans un monde où le prix de l'énergie flambe de nouveau, une toiture verte à 100 euros/m² ne représente pas grand-chose si elle permet d'économiser sur le fonctionnement du chauffage en hiver et de la climatisation en été. L'argument n'est pas nouveau, mais trouve aujourd'hui plus de justification économique...

PAR PASCAL FAYOLLE