Paysage à deux vitesses

L'écart ne cesse de croître entre des villes disposant de services techniques toujours plus pointus et des villages dans lesquels le suivi des espaces verts est effectué par un technicien chargé aussi d'assurer la propreté, la voirie, voire d'autres tâches...

Le palmarès du fleurissement illustre ce phénomène. Alors que, en France, plus de 80 % des communes comptent moins de 2 000 habitants, cette proportion n'est pas du tout vraie parmi les 211 communes disposant de 4 fleurs au palmarès national, dans lequel les villes moyennes sont surreprésentées. Les 9 fleurs d'or du cru 2010 sont des communes de taille relativement importante (dont la ville de Mâcon, lire page 8). Dans un autre registre, la participation aux dernières Victoires du paysage a été bonne, sauf dans la catégorie des villages, dans laquelle le nombre de prétendants était limité et où l'un des primés avait déjà été récompensé lors de l'édition précédente... Au final, si l'aménagement des villes a considérablement progressé en France ces dernières années, celui des villages reste perfectible, laissé aux mains d'élus et de techniciens pas toujours qualifiés mais parfois très imaginatifs !

Des outils existent pour remédier au problème. Les CAUE (Conseil en architecture, urbanisme et environnement) sont là pour aider les petites communes à mieux concevoir leurs aménagements. Le CNFPT (Centre national de la fonction publique territoriale) propose également une offre de formation capable d'améliorer les connaissances techniques des agents des collectivités, aussi petites soient-elles. Mais ces moyens restent trop peu opérants. La filière aurait intérêt à ce que s'estompent les effets de cette France à deux vitesses : même si les villes demeurent les locomotives les plus puissantes des marchés publics, leur moteur est en phase de ralentissement. Il reste un gisement de 32 000 villages de moins de 2 000 âmes sous-exploité...

PAR PASCAL FAYOLLE