Login

Marché du jardin horizon plutôtdégagé, maisnuages potentiels

P. FAYOLLE

Le marché du jardin est dynamique cette année, après un millésime 2020 contrasté mais porteur, au regard de ce qui peut se passer dans certains secteurs totalement sinistrés. Mais, revers de la médaille, pour diverses raisons, les rayons des magasins pourraient se vider dans les prochains mois !Pascal Fayolle

Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.

Quel point commun y a-t-il entre la disparition­, ces dernières années, de nombreuses entreprises de production horticoles en Europe et la réduction des mises en culture que cela a entraînée, la pénurie de plastique, le manque de conteneurs pour le transport maritime, la flambée des prix des métaux ou la reprise économique vigoureuse en Asie ? Cela peut sembler étrange, mais ce cocktail d’apparence peu digeste semble s’être aggloméré pour faire planer une menace de pénuries sur divers rayons du marché du jardin.

Confinés ou a minima limités dans leurs envies de se déplacer et de voyager, les Français jardinent et veulent consommer du végétal, désormais confirmé produit de première nécessité (page 6). Mais la demande soutenue que cette tendance génère met à rude épreuve une offre plus limitée. Résultat, certaines gammes deviennent introuvables, parfois à l’échelle de l’Europe entière. Même forte demande du côté des gazons, provoquant une tension sur le marché que les importations habituelles ne peuvent pas non plus amortir (page 30).

Alors que, quelques mois plus tôt, la simple évocation du mot plastique évoquait l’ennemi à abattre, il est devenu un produit en tension dont la matière première est en rupture, soit presque un matériau précieux ! Les tests PCR et antigé­niques exigent d’importantes quantités de plastique, pour les pipettes, les plaques de test… Ce serait l’une des explications de l’assèchement de l’offre disponible. Le marché des pots est affecté, comme celui des étiquettes (page 33). Les professionnels ont vite tiré la sonnette d’alarme (lire Le Lien horticole n° 1104, page 8). Mais nul doute que d’autres produits du marché du jardin seront concernés.

Enfin, le renchérissement des coûts du transport international en raison du manque de conteneurs, couplé à la flambée des prix des métaux, fait craindre des difficultés de livraison de certains outils de jardinage, les tondeuses, par exemple (page 32).

Les économies sous perfusion se tiennent étonnamment bien

Le problème ne concerne pas que le marché du jardin. L’arrêt des usines, partout ou presque dans le monde l’an dernier, a créé des manques dans bien des secteurs, de manière parfois très durable. Le point le plus média­tique, même si les métiers du végétal sont moyennement concernés, porte peut-être sur les puces électro­niques. En tension partout dans le monde, ces com­posants sont indispensables pour toute la connectique. En face, la demande importante de populations confinées a fait grimper les prix des ordinateurs. La presse grand public en a largement parlé, le sujet préoccupant plus sûrement les Français que le risque de manque de pots dans les jardineries !

Il est bien difficile de savoir combien de temps ce phénomène va durer et quelle en sera la portée. La multiplicité des origines des pénuries et les mécanismes complexes mis en jeu dans des domaines très divers (prix des matières premières, des transports, problèmes techniques de production…) font que le sujet peut vite évoluer dans un sens ou dans l’autre. Mais en ce qui concerne­ le jardin, un certain nombre de tendances induites font consensus (page 33).

La montée des prix comme premier signe de tension

La tension sur les marchés est provoquée par une consommation plutôt soutenue dans les secteurs pouvant encore travailler, dont la filière du végétal fait partie. Un paradoxe après une année 2020 cataclysmique, mais qui s’explique par la mise en veille de pans entiers de l’économie : la cul­ture, la restauration, etc., dans lesquels les consommateurs ne peuvent plus dépenser, par la force des choses. Entre les pertes d’emploi inévitables à moyen terme et l’injection d’argent par les gouvernements pour soutenir l’activité, il est là aussi bien difficile de prévoir comment la situation évoluera.

Toutes ces pénuries potentielles pourraient faire monter les prix, avec des répercussions pour le consommateur, provoquer des rup­tures d’approvisionnement… Mais, pour l’instant, le marché du jardin se porte bien, porté par l’engouement de certains amateurs en mal de vert et par un printemps globalement favorable d’un point de vue climatique.

Dans l’ensemble, les professionnels de la filière se ré­vèlent confiants en l’avenir : de toute cette envie de nature encouragée par la situation sanitaire particu­lière, il restera forcément toujours quelque chose ! D’autant que les valeurs portées par le végétal sont dans l’air du temps depuis quelques années ! Alors il est essentiel de rester malgré tout optimiste, en prenant conscience qu’effectivement le marché peut se montrer tendu pour certains produits, mais que la profession, dans sa majorité, saura bien trouver les solutions pour retrouver le bon équi­libre entre l’offre et la demande !

A découvrir également

Voir la version complète
Gérer mon consentement