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Espaces verts La gestionécologique s’inscritdans la durée

La gestion écologique des espaces verts progresse. Le mouvement ne s’arrêtera pas, même s’il faut parfois encore se battre pour appliquer la théorie et laisser la biodiversité se développer en ville. Les initiatives sont de plus en plus justifiées par des chiffres et le débat public monte en qualité, ce qui est bon signe pour faire évoluer les choix de gestion.

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Le processus de mise en place d’une ges­tion plus respectueuse de l’environnement dans les espaces verts est bien enclenché. Pour se persuader de la profondeur du mouvement, il suffit de s’arrêter sur les nombreux rendez-vous professionnels qui y font référence. Pour ne prendre que deux exemples évoqués dans ce dossier, le congrès d’Hortis (les directeurs d’espaces nature en ville) a eu pour thème l’an passé « La nature, levier de résilience des sites et paysages industriels » et le Conseil d’architecture, d’urbanisme et de l’environnement (CAUE) de Paris a proposé début mai une visioconférence sur le thème « Biodiversifier nos villes » (voir pages 28-29). Dans le même temps, Plante & Cité documente le sujet dans un ouvrage paru cet hiver : Déployer la gestion écologique. De leur côté, des chercheurs étudient la question de la présence de pollinisateurs en ville (pages 30-31), pendant que des collectivités, parfois déjà engagées sur la voie d’une gestion plus naturelle depuis des années, poursuivent leur démarche sans regarder derrière (pages 32-33).

Beaucoup a été fait, mais il reste du travail !

Nous sommes aujourd’hui au-delà de la gestion différenciée initiée il y a longtemps (lire l’encadré ci-dessous), et certaines pratiques sont devenues courantes, telles que l’écopâturage. Par exemple, avec la loi Labbé, qui interdit désormais les produits phytosanitaires chimiques dans l’essentiel des espaces publics, la législation a aussi apporté sa pierre à l’édifice.

Il faut encore expliquer et justifier, pour pouvoir laisser pousser librement la végétation spontanée à tel ou tel endroit. Mais les citoyens appuient désormais globalement ces démarches. Conscients des enjeux, que ce soit en termes de biodiversité ou de santé publique, ils devraient relâcher la pression.

Reste une question, tout cela est-il vraiment nouveau ? Pas vraiment. La plupart des initiatives s’inscrivent dans la continuité de ce qu’ont engagé les pionniers. Ce qui change, c’est qu’une certaine maturité des débats, née, entre autres, d’une plus grande documentation scientifique des sujets, est en train d’émerger. Surtout, on sent davantage de prise de recul concernant certains sujets.

Il fallait sauver les abeilles car la disparition de ces pollinisateurs était inquiétante ? De nombreuses voix se sont élevées depuis pour mettre en garde sur le risque de nuisance des abeilles domestiques, installées dans des ruches, vis-à-vis d’espèces de butineurs sauvages plus méconnues. Il faut planter des espèces locales, supposément plus résistantes aux conditions climatiques de leur zone d’origine ? Ce n’est pas forcément le cas. Des projets menés uniquement avec des espèces natives ont montré des limites au raisonnement, avec des spécimens qui ne résistent pas au changement climatique. Ces sujets peuvent désormais être évoqués et débattus posément. Ce phénomène est nouveau. Il montre que si beaucoup a été fait, énormément doit encore être réalisé afin de sauver la biodiversité, en ville mais également dans les campagnes, et que les acteurs du terrain sont prêts à s’y engager !

Pascal Fayolle

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