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Piloter les espaces verts avec un smartphone

Robots de tonte ou de désherbage, arrosage automatique, station météo, capteurs d’hygrométrie… tous ces outils se multiplient et sont de plus en plus souvent reliés à des applications permettant de tout gérer depuis son téléphone.

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Avec l’expansion du numérique ajoutée à la fin annoncée des produits phytosanitaires, la jardinétique – ou jardin connecté – est en vogue. On ne compte plus les gadgets à destination des particuliers pour des jardins sans effort : mini-serres connectées, capteurs d’humidité qui préviennent lorsqu’il n’y a plus assez d’eau dans le pot… Mais qu’en est-il dans les es­paces verts ? Les opportunités y sont nombreuses pour faciliter la gestion, automatiser l’entretien, diminuer la pénibilité et valoriser les réalisations. Ces nouveaux outils sont souvent sous-utilisés mais se démocratisent.

Des capteurs en tout genre (d’humidité, de fertilisation, de luminosité…) et une station météo reliés directement à une application sur le téléphone permettent par exemple d’avoir une myriade d’informations pour une gestion millimétrée de l’arrosage ou de la fertilisation.

Plusieurs sociétés proposent ce type de service, pas encore toutes reliées directement au smartphone du gestionnaire. L’entreprise Urbasense, par exemple, propose un suivi personnalisé pour les gazons sportifs grâce à des sondes tensiométriques installées. Les capteurs hydriques dont elles sont équipées envoient directement les données à la société, qui recommande ou non d’arroser. L’objectif est de moins irriguer et de favoriser au maximum la pousse des racines*. Il existe également des systèmes avec l’arrosage automatique qui se déclenche en fonction du taux d’humidité dans le sol.

Des robots autonomes qui tondent et entretiennent

Devenus communs, les robots tondeurs ont envahi les jardins publics, mais surtout privés. Soit grâce à un fil de guidage enfoncé dans le sol, soit grâce aux satellites et au système­ de navigation par GPS, ils tondent la pelouse d’une zone donnée quasiment sans intervention humaine. On peut suivre leur activité sur le téléphone. Certains vont proposer de gérer directement via l’application le niveau de l’herbe et la fréquence de passage.

« Je pouvais savoir s’il était actif, combien de fois et de temps il avait tondu dans la journée », se souvient François Lecomte-Vagniez. Propriétaire de La Roseraie, classée monument historique, il a créé en 2017, près d’Amiens (80), une sorte de « living lab » sur deux hectares qui concentrait les outils technologiques utilisés dans les espaces verts. Il n’a pas remis en route cette année son robot de tonte, à cause d’un faux contact du fil de guidage. « Je n’ai jamais eu une pelouse aussi belle que lorsque je l’utilisais. C’est un très bel outil, mais il ne faut pas lésiner sur la qualité du fil au départ », pointe-t-il.

Grâce à cet espace de démonstration, beaucoup de propriétaires de monuments historiques ont fait le choix d’installer des robots de tonte. Le marché est en forte progression et les prix diminuent. Les collectivités ont semblé moins intéressées. Peut-être par peur de déprédations. Pourtant, ces robots ont une fonctionnalité qui les rend inutilisables hors de leur zone de tonte prédéfinie, le vol n’a donc pas de sens.

Certains sont équipés de quatre caméras, d’une télédétection par laser (lidar). Le robot I.Mower, développé par Infiny IA, transmet des informations sur le terrain : qualité géolo­gique, type d’arbres ou de fleurs sur son parcours. Il propose alors des solutions pour améliorer l’état de la zone. Il est également programmé pour pulvériser l’engrais et le désherbant et peut réaliser des dessins en utilisant des modèles mis à disposition par la société.

Ce type de robot reste du très haut de gamme, à destination de certains particuliers ayant potentiellement davantage de moyens que la plupart des collectivités. Mais on peut imaginer que, dans un avenir proche, des robots multifonctions puissent remplir de nombreuses tâches, de l’entretien à la tonte, sans nécessiter la présence d’agents.

Peu de systèmes autonomes et connectés se développent pour le moment, même si le marché des robots desherbeurs s’accroît et que nombre de solutions voient le jour, notamment depuis l’interdiction des phytos dans la plupart des espaces verts.

Libérer du temps de travail

Tous ces outils libèrent du temps de travail pour les agents d’entretien, qui peuvent se consacrer à d’autres tâches, moins pénibles et plus valorisantes – telles que les suivis biodiversité (dont une partie se font aussi sur smartphone) –, et améliorent le suivi des espaces verts.

Si les outils connectés restent actuellement sous-utilisés, en partie à cause de leur prix, ils se sont bien démocratisés et coûtent de moins en moins cher. Il est fort à parier que la modification des pratiques et des mentalités se fera petit à petit.

*Pour plus de détails, lire « Rationaliser l’arrosage des gazons sportifs » dans Le Lien horticole n°1096, p23.

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