Préserver l'existant

Après des années passées à améliorer la maîtrise de substrats de plus en plus artificialisés, l'horticulture est en train de tourner la page. La prise de conscience environnementale amène à envisager les choses sous un autre angle, à mieux prendre en compte la vie du sol, sa complexité, le rôle des micro-organismes... Ce sera l'un des thèmes qui seront abordés lors des prochaines journées techniques de l'Astredhor (lire page 7), les 18 et 19 janvier prochains, à Orléans.

Le monde du paysage est moins concerné par cette problématique, même si quelques voies ont été explorées dans le domaine des substrats artificialisés, souvent pour des usages très précis (murs végétaux...) ou parce que les contraintes de sol sont localement très fortes (en général, en milieu très urbanisé). Toutefois, à l'avenir, la terre végétale pourrait venir à manquer et le recours à des substituts semble inévitable (lire page 14). Le contexte différent (qui nécessite d'assurer la pérennité des végétaux mis en place) et le fait que le problème ait déjà été pris en compte par des bureaux d'études spécialisés ou même par la recherche devraient permettre de ne pas tomber dans l'écueil de l'hyperartificialisation.

Au final, le plus grand progrès qu'il reste à accomplir pour le paysage est sans doute dans sa préservation. Préservation des terres agricoles de plus en plus mitées par l'habitat ? Certes. Mais surtout, préservation des sols en place lors de la réalisation des chantiers. Il n'est pas rare de voir une entreprise de travaux publics quitter un chantier en ayant marqué de ses pneus ou de ses chenilles chaque mètre carré de sol. Derrière, la réalisation d'un jardin n'est pas simple, surtout pour le grand public qui ne perçoit pas forcément ce que ce champ de ruines a de néfaste, à terme, pour son jardin. Comme pour l'énergie, le principal gisement permettant de faire face aux pénuries à venir est peut-être déjà en notre possession...

PAR PASCAL FAYOLLE