Horticulture : le bilanphytosanitaire de 2021
La lutte contre les ravageurs et maladies en productions horticoles ornementales reste un exercice périlleux. L’an passé, il fallait surveiller particulièrement les cochenilles des racines, de nombreux ravageurs, les mildious et phytophthoras…
Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.
Les bioagresseurs les plus préoccupants sont spécialement concernés par ces stratégies de défense des cultures ornementales.
1.Attention à la cochenille des racines
Les productions horticoles figurent en tête des filières végétales à être exposées à des organismes nuisibles réglementés dans l’Union européenne, avec à peu près 170 maladies et ravageurs recensés. Parmi ceux identifiés en France en 2021, il faut signaler la cochenille des racinesRipersiella hibisci, originaire d’Asie, détectée sur des lots d’Archontophoenix sp., de Callistemon citrinus, de C. laevis, de Cestrum fasciculatum, d’Howea (= Kentia) forsteriana et de Phoenix canariensis provenant de fournisseurs du sud de l’Europe. Afin d’éradiquer les foyers, des mesures officielles ont été prises. D’autres pays d’Europe (Allemagne, Belgique,Danemark, Espagne, Italie, Slovaquie, Slovénie, Suisse) ont également été concernés par ce ravageur. La vigilance s’impose, et notamment sous abri, sur des plantes hôtes majeures comme Hibiscus rosa-sinensis, Pelargonium x hortorumet des palmiers d’ornement. Il existe des risques de confusion entre R. hibisci et d’autres espèces de cochenilles des racines qui se montrent moins nuisibles.
2. Ravageurs : attaques localisées, parfois intenses
Les populations de charançon vertPolydrusus impar ont augmenté localement en pépinières de sapins de Noël. Dans les cas graves, la base de la flèche est sectionnée, les aiguilles des pousses sont perforées, ce qui entraîne un rougissement et une déformation des tissus.
Chez les otiorhynques, autres charançons, les femelles ont parfois émergé précocement, en octobre- novembre 2020, au lieu d’avril-mai suivant, traduisant ainsi les effets du réchauffement climatique.
Globalement, les attaques de pucerons ont été modérées, et ce malgré la faible activité des auxiliaires au printemps à cause des pluies et des températures fraîches dans les régions du nord et du centre.
En ce qui concerne les cicadelles, outre leurs dégâts directs, elles sont à même de transmettre des phytoplasmes ou bien des bactéries vasculaires comme Xylella fastidiosa, pathogène de quarantaine, vu sur un plant de Lavandula x intermedia ‘Grosso’ dans une exploitation horticole de l’Aude en septembre 2020.
Parmi les punaises, le tigre réticulé du chêne (Corythucha arcuata), originaire d’Amérique, découvert dans l’Hexagone en mai 2017, a été observé en progression sur le territoire. Il peut pulluler, faisant jaunir et chuter prématurément les feuilles.
3.Forte pression des mildious et de Phytophthora
Rien d’étonnant, avec l’hiver pluvieux et doux, suivi de précipitations abondantes de mai à juillet, que des foyers de mildious localement intenses aient été constatés, par exemple sur des cépages sensibles de vigne de table.
Autres Oomycètes, les Phytophthora ont aussi bénéficié de conditions favorables à leur développement, provoquant des attaques localisées sur des poinsettias et sur de nombreux arbustes. À tel point que des cultures vulnérables telles que Choisya ternata ont été abandonnées par certains producteurs.
La rouille blanche du chrysanthème a quelquefois montré une virulence accrue en septembre sur des variétés sensibles, dans un contexte de retrait du marché de plusieurs fongicides qui étaient autorisés contre cette maladie.
Les oïdiums se sont montrés d’intensité variable selon les cultures et les régions. Plutôt en hausse dans des pépinières de l’Île-de-France, ils se sont moins manifestés dans le Sud-Ouest. Des contaminations localement fortes ont été repérées en avril-mai sur Gerbera dans la région Paca. Enfin, la pression de fusariose vasculaire du cyclamen (Fusarium oxysporum f. sp. cyclaminis) a faibli en 2021 en raison des températures moins élevées que celles des étés précédents.
Jérôme Jullien**Expert national en surveillance biologique du territoire, productions horticoles, jardins, espaces végétalisés et infrastructures, DGAL-SDSPV (Direction générale de l’alimentation, sous-direction de la santé et de la protection des végétaux).
Remerciements : conseillers des stations d’Astredhor, rédacteurs des Bulletins de santé du végétal, inspecteurs des services chargés de la santé et de la protection des végétaux (Draaf-SRAL), Fredon, laboratoires d’analyses, pour leurs précieux renseignements.
Pour accéder à l'ensembles nos offres :