Quelle croissance pour les arbres dans le climat du futur ?
La thématique du stress hydrique sera tout à fait logiquement abordée à l’occasion d’IHC. Des chercheurs français viennent de publier des travaux sur l’estimation du développement d’espèces transplantées dans des climats plus favorables que celui qui est le leur aujourd’hui.
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Les arbres sont des espèces « clés de voûte » s’avérant essentielles au bon fonctionnement et au maintien des écosystèmes. Le constat dressé par les scientifiques ayant travaillé sur le « modèle pour prédire la croissance des arbres forestiers dans un nouvel environnement », dont les travaux ont été publiés récemment dans la revue The American Naturalist, ne peut que trouver un écho favorable chez les professionnels du végétal !
Mais le changement climatique entraîne de très nombreux dépérissements. Pour faire face, « des stratégies de transplantation prenant en compte les mécanismes évolutifs sont à l’étude, par exemple le déplacement d’arbres vers des climats où ils seraient mieux adaptés », expliquent les chercheurs .
Le pin maritime en modèle
Mais transplanter des arbres dans des régions aux climats plus propices ou au sein de populations menacées manquant de diversité génétique est une action qui engage les gestionnaires pour plusieurs années. Il est donc nécessaire d’anticiper la réponse des sujets déplacés .
Jusqu’ici, les modèles de prédiction se basaient principalement sur le climat d’origine des populations d’arbres. En partant du principe que « les données génomiques constituent des informations précieuses sur les processus adaptatifs des arbres comme la croissance », les chercheurs ont voulu élaborer « des modèles combinant données climatiques et génomiques pour améliorer la précision des prédictions ».
Pour ce faire, ils ont utilisé le pin maritime comme modèle d’étude. Un dispositif expérimental de suivi a été mis en place dans cinq sites : Pierroton, à Cestas (33), la région des Asturies, Cáceres et Madrid, en Espagne, et Fundão, au Portugal, avec des sujets provenant de 34 populations de pins collectés dans l’ensemble de l’habitat naturel de l’espèce. Les scientifiques se sont alors concentrés sur la prédiction de leur croissance en hauteur, un trait d’intérêt majeur chez les arbres forestiers tant d’un point de vue économique qu’écologique puisque ceux qui grandissent le plus rapidement ont une probabilité plus élevée de survivre et de se reproduire.
Les résultats démontrent que les variations de croissance en hauteur du pin maritime observées peuvent s’expliquer à la fois par les divers « pools » génétiques dont ils sont originaires et par les différents climats dans lesquels ils ont évolué. Grâce à l’incorporation conjointe des données climatiques et génomiques dans les modèles, les prédictions de la croissance en hauteur des populations ont été améliorées : de 14 à 25 % en moyenne selon les sites expérimentaux par rapport à des modèles uniquement basés sur des données climatiques. Des résultats que les chercheurs jugent « prometteurs pour développer des modèles de prédiction de l’adaptation de populations d’arbres transplantés dans un nouvel environnement, dans le cadre de la conservation et de la gestion forestière »...
Pascal FayollePour accéder à l'ensembles nos offres :