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Des innovations, de la sélection jusqu’au marché

Parmi les temps forts du congrès IHC, le symposium S5, dédié aux innovations en horticulture ornementale, coconstruit avec l’institut belge ILVO. Les organisateurs déclineront une large palette d’avancées et de perspectives pour la filière.

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Les responsables de l’organisation du congrès mondial de l’horticul­ture IHC, se tenant du 14 au 20 août au Centre des congrès d’Angers (49), ont retenu pour le symposium S5, parmi les 120 propo­sitions de contributions par des scientifiques et experts, français et internationaux, près de quarante sujets exposés à l’occasion d’in­terventions orales – durant trois jours – et près de 80 autres thèmes qui feront l’objet de présentations de trois minutes (« e-posters »).

Seront développés, parmi d’autres, les Hydrangea (ploïdie), la pivoine fleur coupée (extension de la période de vente), l’impatiens (mildiou), l’hémérocalle (hybridations), le géranium vivace (génétique du parfum), les orchidées de Roumanie, l’érable (multiplication des cul­tivars stériles)…

Le congrès sera largement enrichi cette année par bon nombre d’interventions sur la rose. IHC accueille en effet le 8e symposium international sur la recherche et la culture de la rose. Habituellement, il se tient tous les cinq ans, mais a été reporté deux fois à cause de la pandémie.

Fabrice Foucher*, chercheur senior à l’Inrae d’Angers, et Johan Van Huykebbroek, de l’ILVO**, vont organiser les interventions du symposium S5 en six sessions. Seront déclinés les aspects amont (l’évolution des ressources génétiques, les bases génétiques de caractères d’intérêt, la sélection variétale), jusqu’à la prise en compte de la demande des consommateurs et les préférences du marché. Les phases clés de la production (comme les réponses aux stress) seront évoquées, tout comme la physiologie des floraisons et la tenue après récolte.

Optimiser la qualité postrécolte

En production, Vanessa Soufflet-Freslon, enseignante-chercheure à l’institut Agro-IRHS, abordera la résistance partielle du rosier à la maladie des taches noires, issue d’un travail sur des génotypes résistants et sensibles. La détection de régions génétiques contrôlant la résistance permet d’envisager la possibilité d’opérer une sélection assistée par des mar­queurs spécifiques.

La conservation des fleurs coupées de pivoines peut être améliorée. Annelies­ Christiaens, chercheure belge en plantes ornementales, expliquera comment utiliser les nouvelles données sur la réaction des végétaux en fonction de la teneur en oxygène, à la fois pour augmenter la qualité des fleurs (aspect phytosanitaire) et pour réduire la fa­naison­. Les professionnels de même que les consommateurs attendent des solutions en postrécolte.

Les taux d’oxygène influencent également la conservation et le transport des jeunes plants. Lieven Van de Vondel, de l’université de Gand, en Belgique, en témoignera.

Des pétales, des épines, des fragrances

Junping Gao, pour l’université agricole de Pékin, en Chine, interviendra sur la durée de vie en vase des fleurs, qui peut s’améliorer grâce à de meilleures connaissances sur la génétique des cultivars et la physiologie des pétales. Il expliquera comment la durée de leur bonne tenue dépend notamment d’hormones. Les travaux en cours s’intéressent à appliquer les connaissances, aussi bien à l’étape de la sélection des cultivars qu’à la tenue après récolte. Des progrès sont possibles chez les sélectionneurs autant que chez les producteurs.

La présence d’épines aurait une ori­gine­ sous-épidermique des aiguil­lons, gérée par un déterminisme génétique­ et moléculaire complexe. Fabrice Foucher – qui travaille en particulier sur la remontée de flo­raison des roses – évoquera le travail de recherche d’une doctorante sur la présence­ ou l’absence d’aiguillons chez le rosier, qui ouvre la voie à la sélection de variétés sans épines.

Beaucoup s’interrogent sur la perte du parfum chez les rosiers fleur coupée (essentiellement des hybrides de thé). Jean-Claude Caissard, qui est maître de conférences à l’uni­versité de Lyon-université Jean-Monnet de Saint-Étienne, relatera l’origine de la production de molécules odorantes (géraniol) chez le rosier, mais les solutions pour y remédier semblent encore lointaines.

La génétique
et la ploïdie

C’est probablement en génétique qu’il y aura le plus de communications. Pascal Heitzler, directeur de recherche au CNRS, présentera le rosier sauvage Rosa arvensis en tant que plante modèle pour aborder la variation génétique.

Clovis Pawula, jeune doctorant de l’université d’Angers, aura sa place parmi les chercheurs plus expérimentés. Lui cherche des marqueurs afin d’étudier les populations sauvages et variétés cultivées de la rose de France (Rosa gallica L.). Il présentera le développement d’une méthode de génotypage en effectuant un séquen­çage de « microsatellites » (des répétitions d’ADN en tandem) pour caractériser la diversité géné­tique du rosier.

Conny Tränkner, de l’université des sciences appliquéesd’Erfurt, en Allemagne, détaillera comment diversifier le niveau de ploïdie (de 0 à 98 %, en fonction du parent mâle) chez Hydrangea macrophylla, et donc le potentiel de variabilité des cultivars (grâce à un gène contrôlant l’apparition de gamètes non réduits).

Mehrdad Akbarzadeh, pour l’ILVO, donnera des perspectives d’accroissement du succès dans les hybridations de géraniums vivaces et esquissera de nouvelles opportunités pour sélectionner des géraniums avec de nouveaux types de fleurs, d’autres dates de floraison et des architectures différentes de la plante. Il est possible d’améliorer les taux d’hybridation en travaillant sur la conservation (température idéale), la germination et la viabilité du pollen. Il est possible aussi de lever la dormance des graines et d’optimiser leur germination.

Certains travaux ou résultats seront plus transversaux et potentiellement transférables à tel ou tel vé­gétal. Certains ont déjà été publiés dans des revues scientifiques (tels que ceux présentés par Valéry Malécot ou Jean-Claude Caissard), certains le seront ultérieurement. Les principaux résultats présentés au congrès seront édités sous forme d’actes, puis publiés.

Odile Maillard, avec la contribution de Fabrice Foucher

*Coorganisateur du symposium S5, spécialiste de la génomique et de la génétique du rosier, responsable de l’équipe « Géné­tiques et diversité des plantes ornemen­tales » au sein de l’IRHS, Institut de recherche­ en horticulture et semences.

**Directeur scientifique à l’ILVO, institut flamand de la recherche en agriculture, unité­ des sciences sur les plantes.

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