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Vendre Passer du « végétal ornemental » au « végétal environnemental ».

Dans un climat qui se réchauffe et face aux sécheresses, les plantes ne sont pas un mal – des plantations dont il faut gérer l’arrosage-, mais un remède : planter permet d’entretenir le cycle de l’eau. « Donner un litre d’eau à un arbre est un bénéfice », a martelé Marie Levaux lors du dernier congrès de Verdir.

Le dernier congrès de Verdir a cherché à mettre en valeur les qualités des végétaux face aux enjeux actuels, en particulier climatiques. Une nouvelle feuille de route devrait en découler pour la fédération, mais le but est surtout d’y trouver une nouvelle dynamique des ventes !

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C’est un congrès spécial que Verdir(ex-FNPHP) a tenu à Avignon (84) les 20 et 21 juin derniers, pour deux raisons. D’une part parce que cet événement était le premier sous ce nouveau nom : la Fédération nationale des producteurs de l'horticulture et des pépinières a changé de nom pour prendre celui de Verdir il y a maintenant un an. D’autre part parce que le moment était venu pour le bureau en place depuis maintenant trois ans, sous la présidence de Marie Levaux, de dresser un bilan de son action. Élue en pleine crise Covid, cette équipe a vécu la victoire du « végétal, produit essentiel » qui a permis aux points de vente jardin de rester ouverts, et a connu depuis de nombreuses évolutions sociétales auxquelles il faut s’adapter. Mais il est essentiel dorénavant, selon Marie Levaux, de « coconstruire des chemins nouveaux, penser collectivement, la filière de demain. S’adapter ne suffit plus ». Appelant à se réapproprier le végétal, à être fier d’être producteur, elle veut entraîner toute la profession à passer du « végétal ornemental » au « végétal environnemental ». Dans un climat qui se réchauffe et face aux sécheresses, les plantes ne sont pas un mal – des plantations dont il faut gérer l’arrosage –, mais un remède : planter permet d’entretenir le cycle de l’eau. « Donner un litre d’eau à un arbre est un bénéfice » pour la société, a-t-elle martelé.

Planter pour une planète supportable

La présidente de Verdir a insisté sur le fait que si un outil technologique rassemblait toutes les qualités des plantes, être capable de stocker le CO2 ou améliorer la biodiversité, par exemple, en n’ayant besoin que de la lumière du soleil, elle serait de toute évidence immédiatement adoptée par les décideurs de tous bords. Empêcher les producteurs d’arroser est donc un non-sens contre-productif. On peut d’ailleurs souligner que le message a été entendu puisque le « Guide circulaire de mise en œuvre des mesures de restriction des usages de l’eau en période de sécheresse », publié au printemps par le ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires, épargne les usages des producteurs (voir le dossier page 29).

La gestion de l’eau a évidemment fortement influencé le congrès. Parmi les actions qui avaient été fixées en 2020 à l’équipe qui termine son mandat, figuraient le fait de communiquer sur les valeurs liées au végétal, faire connaître ses fonctionnalités, adapter la palette pour évoluer vers un végétal multifonction. Une nouvelle équipe ayant été élue autour de Marie Levaux, reconduite pour un nouveau mandat, la volonté est désormais de franchir une nouvelle étape, de ne plus considérer le végétal comme ornemental, mais comme « environnemental ». Ses potentialités pour adapter notre monde aux défis qui l’attendent sont nombreuses, et se contenter de planter des cactus au milieu des cailloux n’est à aucun moment un remède durable au réchauffement et au manque d’eau. Il faut être plus ambitieux et planter des végétaux qui vont stocker l’eau et la restituer par la transpiration, régulant ainsi son cycle.

Le soutien d’un intervenant sensible au sujet

Jean-Claude Razel, intervenant choisi pour engager le débat sur la thématique du congrès, « notre végétal est environnemental », a d’ailleurs largement soutenu ces propos. Ce montagnard qui a vu les glaciers de ses Alpes natales régresser rapidement, qui a participé à la plantation de milliers d’arbres pour protéger les milieux pour finalement transmettre son entreprise à ses salariés et passer à l’enseignement, entre autres, croise désormais dans ses séminaires de nombreux métiers. Selon lui, produire des végétaux fait partie de ce qui correspond le mieux pour répondre aux défis actuels. Des défis qui sont nombreux. Il a rappelé que si les humains avaient mis 300 000 ans à être un milliard sur Terre, puis 200 ans pour atteindre les 8 milliards, avec une croissance économique tout aussi exponentielle, cette progression devait devenir plus raisonnable pour préserver les ressources d’un univers fini. « La croissance, oui, mais la croissance exponentielle, ce n’est plus possible. » Insistant sur sa volonté de ne pas être catastrophiste, il a néanmoins asséné qu’il y avait urgence à agir, à mettre l’économie au service de l’humain et pas l’inverse. Il faut prendre soin des humains en apportant fraîcheur et ombrage, mais aussi du vivant, en ayant un impact sur la biodiversité, par exemple. Il appelle aussi à se fixer des limites et partager les surplus, à utiliser les ressources avec sobriété… Et Jean-Claude Razel de conclure que « quand on plante des arbres, on plante de l’eau » !

Face à un participant expliquant que, certes, si la filière coche les cases du développement durable, elle n’en perdait pas moins des entreprises, il convient que la situation est compliquée, mais qu’il faut rendre la filière attractive, que les jeunes sont sensibles aux enjeux actuels… Il faut aussi faire venir des écoles dans les entreprises, pour faire connaître les métiers de la production.

Le végétal diversifié, utile, facile…

Le second jour du congrès, Jean-Claude Razel a fait travailler ensemble les producteurs, dans un premier temps sur l’entreprise et le végétal de demain, pour évaluer ce que chacun met derrière ces locutions. Par la technique de nuages de mots, chacun a pu s’exprimer d’abord de manière individuelle, puis à l’échelle de la filière. Pour le végétal, les mots qui sont revenus souvent sont « environnemental », « résistant », « utile », « diversifié », « résilient », mais aussi « bien-être », « adapté », « beau », « résistant » ou « facile »… Pour l’entreprise, les termes « rentable », « engagée », « responsable », sont ressortis en premier, suivis de « humaine », « proche », « résiliente »…

Un travail poursuivi vers les actions faites ou faisables de chacun en termes de gestion de l’eau, de biodiversité et de bilan carbone. Pour l’eau, les idées émises par les participants pour améliorer son usage ont porté sur le recyclage des eaux grises, la récupération des eaux de pluie, le suivi informatique des arrosages, le choix d’essences peu exigeantes… Pour la biodiversité, les entreprises proposent ou ont déjà mis en pratique le fait de planter des haies, d’élargir la gamme mise à disposition des clients, d’avoir recours à la protection ,biologique intégrée (PBI), de laisser place aux jachères, voire de laisser pousser des ronciers… Au niveau de l’action concernant le carbone, les producteurs travaillent ou sont prêts à le faire sur les biocarburants, la réduction de l’usage de la tourbe, la baisse du chauffage, le non-labour en pleine terre, la livraison en local ou l’optimisation des transports.

Pour répondre parfaitement aux attentes des clients, demain, il faudra évidemment proposer des végétaux qui répondent à leurs attentes et qui sont adaptés au contexte climatique. Mais, et c’est l’un des messages du congrès, il faudra aussi le faire dans de bonnes conditions sociétales. La plupart des secteurs économiques le montrent aujourd’hui et l’auscultation permanente de la société, via les médias et les réseaux sociaux, ne fait que renforcer cette tendance !

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