Biocontrôle Spinosad, insecticide polyvalent
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Spectre d'efficacité et cultures envisagées
Propriétés
Le spinosad est un insecticide d’origine microbienne qui agit sur des insectes ravageurs de plusieurs ordres (diptères, coléoptères, lépidoptères, thysanoptères…). Cette substance active présente naturellement dans le sol est issue de la fermentation de la bactérie Saccharopolyspora spinosa qui produit deux métabolites insecticides : la spinosyne A et la spinosyne D. Le spinosad provient du mélange de ces deux métabolites. Il est ensuite formulé pour donner une suspension blanche aqueuse cristalline concentrée.
Mode d’action
Essentiellement larvicide, ce produit à large spectre est un neurotoxique. Une fois absorbé par l’insecte, il atteint rapidement le système nerveux central (action sur les récepteurs nicotiniques de l'acétylcholine) et provoque une paralysie (blocage du canal chlore du récepteur GABA) qui l’empêche de s’alimenter. Les premiers symptômes apparaissent dans les minutes qui suivent l’ingestion. Ils se traduisent par des tremblements, une incoordination, une paralysie, puis la mort au bout de quelques heures. Son mode d’action est différent de celui des produits de la famille chimique des néonicotinoïdes, interdits en Europe depuis 2018. Efficace par contact et surtout par ingestion, le spinosad n’est pas systémique, mais doté de propriétés translaminaires, c’est-à-dire qu’il pénètre dans les tissus végétaux et migre à travers plusieurs couches de cellules. Il est ainsi mis rapidement à l’abri du lessivage par la pluie ou l’irrigation par aspersion. Il se montre très efficace contre des insectes piqueurs-suceurs de cellules végétales comme les thrips.
Cibles
Le spinosad permet de stopper le développement de divers insectes ravageurs, mais pas tous. On peut l’utiliser pour la lutte contre les chenilles défoliatrices ou foreuses des arbres et arbustes (noctuelles, tordeuses, bombyx, chenille processionnaire du chêne d’avril à juillet, chenille processionnaire du pin d’octobre à mars, pyrale du buis de mars à septembre…), des palmiers (papillon palmivore argentin de juin à septembre) ou des cultures florales et plantes vertes, contre les coléoptères défoliateurs (altises, galéruques, charançons ou scarabées d’avril à juillet) ou les thrips (surtout de mai à septembre). Par contre, le spinosad est généralement peu actif sur les acariens phytophages et sur les insectes piqueurs-suceurs de sève (cicadelles, cochenilles, pucerons), excepté les aleurodes et les psylles où sa toxicité est variable selon l’espèce.
Lutte intégrée
L’intérêt principal du spinosad est son effet de choc par contact et par ingestion (jusqu’à cinq à dix fois plus efficace), de même que sa persistance d’action limitée, avec une activité résiduelle de l’ordre de cinq à quatorze jours selon l’organisme nuisible visé. Ainsi, lors de la gestion d'un foyer de ravageur, il est possible d’agir vite en abaissant le niveau de population, puis de réintroduire des auxiliaires en fin de rémanence du produit ou de réaliser un autre traitement si besoin. Chaque application de spinosad doit être raisonnée par rapport au cycle biologique du bioagresseur ciblé (stade dominant), sa fréquence et son abondance dans la culture observée, grâce à un relevé représentatif.
Facteurs d’efficacité
Quel que soit l’insecte visé, le nombre d'applications maximales est limité à trois par saison sur les arbres et arbustes d’ornement. Le nombre maximal d'applications sur les cultures florales et plantes vertes est de six par an, mais il est conseillé de ne jamais effectuer plus de trois applications successives sur une même culture, quel que soit le ravageur ciblé, afin de limiter l'apparition de résistance par pression de sélection.
Effets non intentionnels sur les auxiliaires et l’environnement
Le spinosad est sujet à une controverse. Bien que produit de biocontrôle et utilisable en agriculture biologique (UAB) pour de nombreux usages, il a, comme certains insecticides chimiques de synthèse, des conséquences néfastes sur les abeilles et autres insectes pollinisateurs, ainsi que sur d’autres auxiliaires. Il convient donc avant tout de privilégier les mesures agroécologiques préventives et de n’utiliser le produit qu’en dernier recours. Compte tenu des résultats obtenus lors d’expérimentations réalisées au champ, il n’est pas attendu que le spinosad ni ses produits de dégradation soient persistants dans le sol.
Sa toxicité orale sur les oiseaux est très faible et il présente un risque léger en cas d’exposition prolongée. Il est également très peu toxique pour les vers de terre.
En revanche, il est reconnu dangereux pour certains organismes aquatiques, parfois à long terme. C’est pourquoi une zone non traitée (ZNT) de cinquante mètres vis-à-vis des points d’eau doit être respectée, notamment pour les usages sur arbres et arbustes d'ornement à la dose de 96 g de substance active par hectare.
À la suite de l’évaluation des risques réalisée chez les abeilles, bourdons et divers macro-organismes auxiliaires de biocontrôle, il est recommandé de respecter un délai de douze heures entre le traitement et l’introduction d’insectes pollinisateurs pour les usages sous abri. Il convient aussi de respecter un délai de quinze jours entre le traitement et la réintroduction d’auxiliaires de biocontrôle pour les usages en serres et tunnels. En effet, le spinosad est fortement toxique pour les abeilles en application directe ou lorsqu’il est ingéré avec une DL 50 aiguë par contact de 0,0029 µg par abeille.
Il est également reconnu toxique vis-à-vis des punaises prédatrices mirides (toxicité comprise entre 25 et 50 %) et de plusieurs micro-hyménoptères parasitoïdes de pucerons (Aphidius, Aphelinus), d’aleurodes (Encarsia, Eretmocerus) ou d’œufs de papillons (trichogrammes), surtout les spécimens adultes (toxicité comprise entre 50 et 75 %) et pour les larves parasitant l’hôte (toxicité comprise entre 25 et 50 %).
Mais le spinosad est jugé assez sélectif (peu toxique) pour d’autres auxiliaires tels que les coccinelles, chrysopes, cécidomyies aphidiphages, syrphes, punaises anthocorides Anthocoris et Orius, acariens prédateurs phytoséiides Amblyseius et Neoseiulus.
Enfin, pour protéger les arthropodes non-cibles en plein air, une ZNT de vingt mètres doit être observée par rapport aux zones non cultivées adjacentes (bandes herbeuses, haies…), en particulier pour les usages concernant les arbres et arbustes.
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