Les professionnels de la distribution que nous avons interrogés sur la manière dont ils ont affronté la première partie de l'année 2013 (voir le Lien horticole n° 847, du 19 juin 2013, page 8) sont fatalistes : le premier semestre est catastrophique, c'est la faute au climat et à la conjoncture, et on n'y peut pas grand-chose. Ils ont bien conscience que les conséquences de cette saison ratée seront moins tragiques pour leurs entreprises que pour les producteurs qui les fournissent, mais sans envisager de modifications des règles du jeu qui unissent producteurs et distributeurs.
Le point de vue est défendable et la thèse de l'accident peut effectivement être plaidée : qui, dans ses pires cauchemars, aurait pu prédire un printemps pareil ? Comment imaginer que mars, avril et mai puissent ainsi s'enchaîner sans offrir au consommateur jardinier une petite fenêtre de beau temps permettant de se rendre au jardin et de passer à l'acte d'achat de végétaux ?
Dans ce contexte, quid de 2014 ? Les enseignes risquent d'être plus frileuses, nous promet-on, de moins anticiper et de « favoriser les achats d'opportunité ». Le producteur, premier maillon de la chaîne de fourniture des végétaux et qui, à ce titre, assume le risque le plus important en cas d'année atypique, va donc devoir réaliser ses mises en culture et ses choix stratégiques dans un contexte encore plus incertain que d'habitude. On aurait pourtant pu espérer qu'une année aussi noire incite les familles professionnelles à se rapprocher pour tenter de mieux travailler ensemble... Satisfaire la demande du consommateur désormais sensible à acheter du « Made in France » vaudrait bien cette démarche.
PAR PASCAL FAYOLLE