La crise agricole des dernières années a largement alimenté les reportages des médias grand public. Qui n'a pas vu un éleveur témoigner des difficultés de son quotidien ou un producteur de lait expliquer qu'au prix pratiqué sur le marché, il était incapable de rembourser ses emprunts. Quant à se verser un salaire... Le revenu moyen des agriculteurs a été largement relayé sur les ondes pendant le dernier Salon de l'agriculture, toujours pour rappeler combien le métier est difficile.
Mais le sort des horticulteurs reste totalement ignoré. La faute à une méconnaissance du métier ? Au fait que la cible est jugée trop étroite pour intéresser suffisamment de public ? Allez savoir. Toujours est-il que la FNPHP vient de rappeler dans un communiqué combien la situation des producteurs de végétaux d'ornement était, en de nombreux points, à l'image de celle des autres secteurs agricoles (page 4).
Ce ne sont pas, dans notre secteur, les industriels de l'agroalimentaire qui sont montrés du doigt, mais les distributeurs et leur hyperconcentration. Avec un résultat comparable : des acheteurs peu nombreux qui font la pluie et le beau temps chez des producteurs atomisés. Autre difficulté soulevée par les producteurs : des contrats à prix fixés à l'avance alors que le coût des intrants ne cesse de fluctuer. La fédération aurait aussi pu aborder le problème d'une filière qui ne bénéficie quasiment d'aucune aide, si ce n'est une enveloppe limitée d'appui à l'investissement à partager avec les maraîchers. Il y a, à bon droit, une carte du made in France à jouer sur ce registre, mais reste à trouver la corde qui va faire vibrer le public : jouer la mélodie entre nous reste malheureusement improductif !
Excellence végétale regroupe des professionnels et amateurs engagés dans la recherche de qualité pour les produits issus de l'horticulture et de la pépinière. Cette association, qui gère le Label rouge pour les végétaux d'ornement, s'est dotée d'un nouveau bureau lors desa dernière assem-blée générale, qui aeu lieu le jeudi 22 février dernier.
La liste des administrateurs est composée de trois personnes pour les producteurs : Patrick Chassagne (pépinières Desmartis), qui prend la présidence, accompagné de Bertrand Turc (Ernest Turc Production) et d'Aude Monsarrat (Nova Flo-re Jardin).
Pour le collège « production », sont élus François Pauly (Jardiland) et Patrick Abadie (Truffaut), par ailleurs secrétaire général de l'association.
Les présidents de section sont Arnaud Crosnier (pépinières Crosnier), Jean-Marc Pilté (France Pilté) et Frédéric Naudet (Naudet Sapins de Noël).
Enfin, pour le collège « entreprises certifiées et partenaires », les élus sont Philippe Wegmann, du Bureau horticole régional (BHR) au poste de trésorier, Thierry Browaeys(Pépinières La Forêt), vice-président, et Michel Grésille, de la Société nationale d'horticulture de France (SNHF), également vice-président.
«Le déséquilibre des forces tue la production. » Tel est le message asséné par la Fédération nationale des producteurs de l'horticulture et des pépinières (FNPHP) dans un communiqué diffusé le 28 février dernier, en plein Salon de l'agriculture. « La lame de fond relative à la concentration des enseignes, qui existe depuis des années dans les domaines de la distribution alimentaire et non alimentaire, touche aujourd'hui le secteur du végétal d'ornement et nécessite de relayer la situation de détresse que rencontrent les producteurs », explique d'emblée la Fédération, qui regrette que « les états généraux de l'Alimentation ont focalisé l'attention sur le secteur de l'alimentaire ». Alors que Jardiland vient d'être acquis par In Vivo, ce qui illustre parfaitement le propos sur la concentration des enseignes, la FNPHP estime que « le modèle économique qui prédomine aujourd'hui conduit tout le monde dans le mur, et comme pour l'agriculture vivrière, c'est la production horticole qui est la plus touchée. Cette dernière se retrouve dans un rapport de force ''producteur-distributeur'' de plus en plus déséquilibré au sein d'un système qui semble à bout de souffle. Les producteurs de végétaux d'ornement sont actuellement pris en étau entre leurs fournisseurs et leurs clients sans aucune marge de manoeuvre. En effet, d'un côté des hausses de matières premières inéluctables en cours d'année, et de l'autre des prix de vente aux distributeurs qui ne peuvent pas évoluer. Pourtant, chacun sait que pour être présent demain sur un marché toujours plus concurrentiel, il est essentiel de garder sa capacité à investir et à innover. Malheureusement, nombre d'entreprises sont aujourd'hui privées de cette capacité du fait de l'absence de répartition équitable des marges qui ont maintenant disparu des entreprises ».
La tendance ne doit pas être un alibi
La Fédération constate bien que le végétal est « tendance » auprès du grand public. Elle voudrait justement alerter sur le fait qu'il « ne faut pas que l'argument serve ''d'alibi nature'' aux distributeurs pour faire toujours plus de profit au détriment des producteurs. Et la FNPHP de souligner que la qualité des relations passe par un équilibre des rémunérations.
Rappelant que l'horticulture a vu une entreprise sur cinq fermer entre 2011 et 2015, parmi lesquelles des acteurs historiques de la filière, 15 % des surfaces exploitées et des emplois ont disparu.
« Les conclusions des états généraux de l'Alimentation ont débouché sur la mise en place de "plans de filière" pour chacune des productions. Dans le secteur du végétal, ce plan doit conduire la filière de la fleuristerie, de l'horticulture et du paysage à engager sereinement, mais rapidement, de vraies réflexions capables de restaurer les marges de la production pour assurer sa pérennité. Le moment est venu de remettre le savoir-faire et la qualité du végétal français au coeur de nos échanges afin de redonner une dynamique au secteur productif de l'ornement », conclut la Fédération.
PAR PASCAL FAYOLLEfayolle@lienhorticole.fr



