La suspension de l'écotaxe poids lourds, annoncée la semaine dernière par le Premier ministre, sonne dans la filière comme une victoire. Les échéances électorales qui arrivent en 2014 et 2015, ajoutées à la tétanie qui frappe désormais le gouvernement, contraint de reculer sur un nombre important de sujets, laissent penser que le dossier est refermé pour un moment. L'enthousiasme de la société, après le Grenelle de l'environnement de 2007, à lutter contre le tout-camion a été sacrifié sur l'autel de la raison économique, mais surtout sur celui du trop-plein fiscal.
Cette bataille gagnée, il faut passer à la suivante, celle de la TVA. Puisque ce gouvernement recule sur tout, ou presque, pour peu que l'on se fasse entendre assez fort, pourquoi ne pas imaginer qu'il le fasse sur la TVA ? Ces décideurs capables de céder sur un dossier qu'ils avaient soutenu (même s'ils étaient dans l'opposition, l'écotaxe avait été votée à l'unanimité) doivent bien pouvoir faire de même sur l'augmentation de la TVA, puisqu'ils ont été élus sur la base d'un programme qui annonçait le refus de la TVA sociale...
Même si la suspension de l'écotaxe entraîne un manque à gagner pour les rentrées fiscales de 2014, renoncer au passage à 10 % des seuls produits horticoles ne pèserait pas grandchose dans le budget de l'État. Maintenir l'emploi horticole justifierait bien ce prix. Encore qu'il semble que les choses se décident surtout en fonction de l'agitation des rues. La bataille de l'écotaxe est, au moins momentanément, gagnée, et l'état du pays laisse imaginer que d'autres victoires sont possibles.
PAR PASCAL FAYOLLE