Le 19 novembre a été adoptée au Sénat la proposition de loi visant à interdire l'usage des produits phytopharmaceutiques dans les espaces ouverts au public d'ici 2020 (p. 5). Dès 2006, différents textes législatifs ont tracé la voie et, depuis le plan Écophyto 2018, les collectivités engageant des démarches « zéro phyto » se sont multipliées, aidées par les subventions des agences de l'eau. Les formations Certiphyto font prendre conscience aux opérateurs les moins avertis des risques liés à l'usage des pesticides. Le renforcement des contraintes réglementaires permet de professionnaliser l'application phytosanitaire.
Cette évolution est positive, mais elle ne doit pas farder la réalité. Sous la pression des élus prônant le « zéro phyto », mais sans moyens à disposition, certains services des espaces verts se retrouvent dans des impasses. Petit à petit, des solutions se mettent en place : mutualisation du matériel de désherbage par les petites communes, nouvelles molécules proposées par les firmes...
Faut-il diaboliser les produits phytos (*) ? L'un des intérêts du texte est qu'il cible également l'usager amateur, certainement le moins conscient des risques qu'il encourt ou qu'il fait encourir. C'est lui qu'il faut convaincre, plus que les techniciens ou gestionnaires passionnés de nature, qui font au mieux avec les moyens dont ils disposent. Il serait naïf de penser que les pesticides chimiques - au même titre que d'autres produits de synthèse - n'ont pas d'impact sur la santé et/ou l'environnement. Mais, appliqués correctement, ils offrent encore parfois la seule issue possible. Le texte de loi prévoit d'ailleurs des dérogations à leur interdiction en cas de danger sanitaire et de sécurité publique. En attendant de pouvoir s'en passer, soulignons les efforts déjà réalisés par les professionnels !
PAR VALÉRIE VIDRIL
(*) Des produits de biocontrôle en font partie.