Nouveau cauchemar des professionnels du végétal, la bactérie Xylella fastidiosa est arrivée en Belgique et aux Pays-Bas (notre édition de la semaine dernière, page 5). Et on peut gager que le commerce international qui véhicule ravageurs et maladies à une vitesse bien plus foudroyante que les vecteurs naturels propagera bientôt la nouvelle terreur un peu partout en Europe. C'est surtout une question de temps...
On peut se rassurer en se disant qu'il s'agit d'un feu de paille, qu'on apprendra à contrôler la bactérie. Le feu bactérien dans les années 1980 ou la cicadelle Metcalfa pruinosa nous ont appris qu'il ne faut pas être trop vite alarmiste. Xylella semble toutefois appartenir plutôt au domaine des pathogènes capables, à l'image de la graphiose, de modifier profondément et durablement nos paysages. Sauf que la graphiose n'a (presque) rayé de la carte que l'orme, la bactérie disposant d'une capacité de nuisance bien plus large !
À moins que la bactérie indésirable ne mette encore plus en avant le caractère incontrôlable qu'ont pris les échanges commerciaux et ne déclenche une large prise de conscience ? Qu'elle apporte une pierre de plus au besoin de revenir à une production de proximité ? Qu'on se dise qu'un déficit commercial qui frôle le milliard chaque année pour notre filière, alors que nous disposons des atouts climatiques parmi les plus favorables du continent, est suffisamment anachronique pour qu'on remette en question son fonctionnement ? On peut rêver : et si l'arrivée de Xylella était un déclencheur pour le renouveau de nos métiers, autour du made in France et de la proximité ?
PAR PASCAL FAYOLLEfayolle@lienhorticole.fr



