Une vingtaine d'années après l'arrivée de la gestion différenciée, une dizaine d'années après la montée en puissance des pratiques d'entretien plus respectueuses de l'environnement, les espaces verts entrent aujourd'hui dans l'ère de la gestion autonomisée : créer des espaces sur mesure pour les riverains et entretenus par eux. La ville d'Angers, récemment élue ville la plus verte de France, en donne l'exemple (page 10) : elle n'hésite pas à entailler les trottoirs pour mettre à disposition des habitants des microparcelles de jardins.
On imagine déjà les sarcasmes des esprits les plus critiques : voilà bien une nouvelle façon de gérer de l'espace vert à peu de frais ! Comme à l'époque pour la gestion différenciée, les responsables d'espaces publics mettront toujours plus en avant la demande citoyenne que les économies générées pour justifier les évolutions de leurs pratiques. Tout en reconnaissant qu'il faut bien adapter ses modes de fonctionnement aux budgets, de plus en plus contraints.
Sous cette double poussée d'une société qui évolue et d'un argent qui se raréfie, les parcelles de verdure de nos cités deviennent plus extensives, moins sophistiquées. Tout en restant plébiscitées, et c'est finalement là le plus important. Des espaces verts moins tirés au cordeau mais plus nombreux, plus accessibles, mieux répartis dans la ville : telle est la nouvelle demande, et mieux vaut s'y adapter que de tenter d'aller contre. D'autant qu'au vu des économies qui vont devoir être faites à tous les échelons de notre fameux « mille-feuille administratif », les choses ne devraient guère que s'accentuer !
PAR PASCAL FAYOLLE



