« Ils ont détruit la profession ». « Ils », ce sont les jardineries et la grande distribution, aux dires de certains producteurs de végétaux. Des années à faire leurs choux gras sur la vague bienheureuse du jardinage, à tirer sur les prix à l'approvisionnement tout en appliquant de fortes marges en magasin, à imposer des volumes, à appliquer au végétal des règles de commercialisation inadaptées... Avec pour résultats des plantes vendues trop chères, ou à des prix ridicules à grands renforts de promotion, des produits en rayon dégradés pour écouler des stocks invendus, des magasins remplis mais sans clients (il fait mauvais) ou vides mais sans végétaux (il fait beau mais c'est jour d'inventaire), des achats hors frontières de plantes disponibles en local, ou des plantes non achetées à un producteur local parce qu'il n'est pas référencé. Voilà ce qui se dit.
La météo a eu bon dos, mais ne peut pas expliquer à elle seule le désintérêt croissant des consommateurs pour le jardin. Les procédés de la distribution, spécialisée ou non, y sont-ils donc pour quelque chose, comme l'affirment nos producteurs plus haut ? Peut-être. La crise ? Pourquoi pas. La concurrence des autres loisirs ? Certainement.
Une chose est sûre : les modes de vie changent, et avec eux les modes de consommation. Maintenant, demandez à un citadin d'imaginer une ville sans verdure : le jour où cela lui semblera concevable, le doute sera permis. Pour le moment, le défi attend d'être relevé : imaginer de nouvelles offres végétales, de nouvelles façons de vendre, de nouvelles collaborations... pour que la nature en ville reste une évidence.
PAR VALÉRIE VIDRIL



