Phytos : apparences trompeuses

On croyait avoir à faire à un mouvement de fond, on pensait la tendance inéluctable : les produits phytosanitaires étaient amenés à disparaître à relativement court terme, malmenés par la volonté de plus en plus affirmée des citoyens de se convertir au bio, puis engloutis par une prise de conscience générale des méfaits des spécialités chimiques sur notre santé.

Mais les chiffres sont parfois plus têtus et précis qu'un simple ressenti. Et notre secteur, plutôt bon élève de la classe concernée par le plan Ecophyto, a peut-être eu la vision brouillée par la mise en place de nombreuses actions : baisse drastique des produits dans les espaces verts puis affirmation d'une suppression totale à un horizon très court, succès plutôt rapide de la démarche Plante Bleue en production... C'est oublier que ces deux activités réunies pèsent peu dans l'usage total des phytosanitaires, et un récent rapport montre que le plan élaboré en 2008 suite au Grenelle de l'environnement « n'a pas eu l'effet escompté », obligeant le ministère à reconcevoir son plan et à en rééchelonner les objectifs (page 4).

Les acteurs du phytosanitaire en espaces verts, qui ont tiré à boulet rouge sur la loi leur fermant le recours aux spécialités phytopharmaceutiques alors que leur travail pour en limiter l'usage a été parmi les plus efficaces, montrent qu'ils avaient raison : cette décision vise à offrir des résultats de façade avec des choix qui sont presque de l'ordre du symbolique. Alors qu'au final, peu de choses bougent là où pourtant les citoyens attendraient plus : baisser l'usage des produits sur ce qui se mange et se boit. Mais là, il y a encore loin de la coupe aux lèvres...

PAR PASCAL FAYOLLE

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