Comme aime à le raconter son dirigeant, Jean‑Marie Clanet, l’histoire de Pousse‑Clanet plonge ses racines dans les terres de l’Aude et de l’Ariège. Elle commence bien avant 1955 avec le grand‑père maternel, Sébastien Pousse.
Dès les années 1920, à Castelnau‑le‑Lez (Hérault), il dirige La Rose de France, combinant pépinière, aménagement de jardins et commerce de fleurs.
Après‑guerre, tout est à reconstruire. Embauché comme ouvrier chez un horticulteur, Sébastien Pousse y rencontre, en 1953, Roger Clanet, architecte paysagiste et ingénieur horticole diplômé de l’école de Versailles. Ensemble, ils fondent, en 1955, l’établissement horticole Pousse‑Clanet, à la périphérie de Montpellier ; c’était encore « la campagne ».
L’aventure est d’abord familiale : Élise Pousse - épouse de Roger - et son père Sébastien s’occupent de la production horticole, Roger Clanet conduit les chantiers et Marguerite Pousse (la grand‑mère maternelle) assure la vente sur les marchés.
En février 1956, quelques mois après l’installation, une vague de gel historique s’abat sur la France. Les économies investies dans les premières cultures sont anéanties. La famille reconstruit serres et pépinière avec ténacité.
De la jardinière de balcon aux grands projets urbains
Les années 1960 marquent l’essor de l’entreprise. Pousse‑Clanet s’impose progressivement sur le marché des espaces verts publics, notamment avec la ville de Montpellier, client historique depuis 1975. Elle participera à plusieurs réalisations emblématiques : des pins de la route de Carnon au bassin Jacques‑Cœur, jusqu’au parc Charpak, en passant par de nombreuses ZAC (Millénaire, Ovalie, Malbosc, Grisettes, etc.).
En 1973, l’entreprise acquiert un terrain de 6 hectares à Maurin, d’abord dédié à la production puis devenu siège social en 2000. Elle s’équipe et se professionnalise ; aujourd’hui, le parc compte 30 véhicules et 25 engins de chantier.

Le « bon sens paysan » comme boussole
En 1974, Jean‑Marie Clanet rejoint l’entreprise à 19 ans, « après avoir glorieusement échoué par 2 fois au baccalauréat ». Son père l’affecte d’abord comme manœuvre : « Le plus beau cadeau qu’il m’ait fait : apprendre le métier par la base. »
Fort de ce « bon sens paysan », héritage des familles Pousse et Clanet, il porte un regard critique sur certains projets de paysage qu’il juge « irréalistes », mal conçus ou non durables par le manque de compétences techniques de nombreux concepteurs : « Pour bien concevoir, il faut connaître ce qu’on met en œuvre. La pérennité d’un aménagement est le seul vrai juge de sa qualité. Ignorer l’évolution d’un végétal mène aux échecs et au gaspillage. »
Face aux défis climatiques, Pousse‑Clanet privilégie des végétaux adaptés au climat méditerranéen, moins exigeants en eau. Son dirigeant défend une vision raisonnée de l’arrosage : loin d’être un gaspillage, il conditionne la reprise des plantes et permet, s’il est finement géré, un sevrage progressif.
Autre conviction : l’importance d’un contrat d’entretien post‑chantier, garant de la pérennité des aménagements et d’une responsabilité partagée.
L’humain, socle du savoir‑vert
Aujourd’hui, 45 collaborateurs font vivre la plus ancienne entreprise d’espaces verts d’Occitanie. Deux pépinières - Maurin et Vendargues (acquise en 2022) - s’étendent sur 7 ha et sont ouvertes aux professionnels et aux particuliers.
Environ 40 000 végétaux y sont disponibles, majoritairement issus du négoce (80 %), mais aussi de la production de plantes recultivées, une approche « anti-gaspillage » fidèle à l’esprit maison.
Les activités couvrent l’ensemble du spectre du paysage : conception ainsi que la réalisation et l’entretien d’aménagements paysagers, entretien de terrains de sport, désherbage écologique (procédé WeedingTech), traitements biologiques - notamment contre les ravageurs des palmiers -, location de plantes pour l’événementiel et végétalisation d’intérieur.
La formation et la fidélité des équipes sont centrales. « Les collaborateurs sont les ambassadeurs de notre Savoir‑Vert », souligne Jean‑Marie Clanet. Plusieurs salariés affichent plus de vingt ans d’ancienneté.
Polyvalence, réactivité, expertise
Face à la concurrence des grands groupes du BTP et des sociétés nationales d’espaces verts, l’entreprise s’appuie sur trois atouts :
- la polyvalence, avec la capacité à gérer des projets « de la jardinière de balcon à la ligne de tramway » ;
- la réactivité, permise par une taille humaine et l’engagement des équipes ;
- l’expertise, avec des spécialistes dédiés (élagage, arrosage, etc.), formés en continu et capables d’intervenir avec pertinence sur l’ensemble d’un projet.
La clientèle privée, que Pousse‑Clanet continue de servir, complète l’activité publique.

La quatrième génération
Le vœu le plus cher de Jean‑Marie Clanet, son « inaccessible étoile », est désormais exaucé : la transmission de l’entreprise à ses trois enfants. Nathalie dirige l’administration et les ressources humaines ; Sébastien, l’aîné, pilote le développement et la stratégie environnementale ; Florent s’occupe du développement commercial et des décorations florales.
À eux d’écrire la suite de l’aventure familiale avec en tête cette parole du père : « Nous faisons des choses simples, basiques ; pour qu’elles soient pertinentes, elles doivent être fondées sur le bon sens paysan. »



