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Santé et sécurité Les fleuristes réagissent face aux suspicions de pesticides

Les fleurs coupées font l’objet d’enquêtes, études, groupes de travail… pour vérifier leur innocuité quant à la santé des fleuristes.

À la suite de la plainte d’une salariée fleuriste fin 2024, les choses vont bouger quant à l’information sur la dangerosité, ou non, des fleurs coupées utilisées dans la filière et les magasins. Les structures professionnelles s’expliquent.

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Le témoignage dans les médias de Laure Marivain, ancienne fleuriste dans les Pays de la Loire dont la fille Emmy est morte à 11 ans d’une leucémie, a bouleversé. Emmy avait subi notamment une exposition in utero aux pesticides, avait établi le Fonds d’indemnisation des victimes de pesticides (FIVP).   

Ainsi, les ministères du Travail et de l’Agriculture ont chargé l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) d’une première étude pour déterminer les risques et évaluer dans quelles mesures les fleuristes sont exposés aux « agents chimiques dangereux dans le secteur des fleurs », chacun comprend aux « pesticides ».

« Dans un second temps, il s’agira d’identifier les mesures permettant de renforcer leur protection et émettre des recommandations sur des évolutions des différentes réglementations», a indiqué Henri Bastos, directeur scientifique Santé Travail à l’Anses auprès de Franceinfo. La procédure devrait durer environ deux ans.

La saisine de l’Anses bien acceptée par l’UNF

L’interprofession Valhor avait rappelé - dès mi-décembre 2024 - les initiatives, les engagements, les projets de la filière : voir ici Phytosanitaires et fleurs coupées : les engagements de la filière.

Mi-janvier 2025, après la mobilisation de l’Anses par le gouvernement, l’Union nationale des fleuristes (UNF) « porte un regard favorable sur la saisine de l’Anses, organisme public indépendant, dont le rôle est de garantir la sécurité sanitaire et environnementale des citoyens. Cette initiative, fondée sur une expertise scientifique reconnue, permettra d’apporter un éclairage objectif et documenté sur les problématiques soulevées ».

Et de poursuivre : « Les recommandations de l’Anses seront essentielles pour accompagner les fleuristes dans la mise en place de dispositifs sanitaires et sécuritaires adaptés, à la fois pour les professionnels et les consommateurs. Nous nous engageons à travailler de concert avec les autorités pour mettre en œuvre les préconisations qui découleront de cette analyse. »

L’UNF relate que, depuis 2022, parmi ses initiatives, elle a :
- cartographié les zones de production floricole mondiales, pour mieux comprendre les flux et impacts ;
- organisé des premières Assises de la traçabilité, afin de croiser les informations et développer des solutions collectives en faveur des fleuristes de tous horizons, qu’ils soient en zone rurale, périurbaine ou en ville ;
- rédigé un livre blanc livré à la ministre en mai 2024, avec des pistes de travail et recommandations pour une filière plus durable ;
- sensibilisé les fleuristes à la sécurité au travail, via des campagnes d’information et affiches pédagogiques…

Des visites sur le terrain, notamment dans des fermes florales au Kenya, ont permis « de dialoguer avec les organismes de certification sur la réalité des pratiques de production en vue d’accompagner la transformation nécessaire de la filière ».

Pas de maladie professionnelle reconnue

De son côté, la Fédération française des artisans fleuristes (FFAF, réseau de fleuristes indépendants), via son président Farell Legendre, cherche plutôt à rassurer : « Notre passion est aussi notre fierté, et elle se pratique dans un cadre sûr et responsable […]. Contrairement à certaines idées qui ont pu émerger récemment, il n’y a aucune maladie professionnelle reconnue dans cette filière. […] Être fleuriste, c’est une vocation. Nous transformons chaque jour des fleurs en messages d’amour, de joie, de réconfort. Et nous le faisons dans un cadre sûr et rigoureux, sans concession sur la sécurité. C’est une profession de passionnés et de perfectionnistes. »

Et de rappeler les réglementations strictes supervisées par le ministère de l’Économie et celui de la Transition écologique, le respect des législations et normes françaises et européennes, la traçabilité et la conformité des produits, le rappel régulier des bonnes pratiques concernant la santé et la sécurité au travail…

Un groupe de travail et de recherche

Le sujet préoccupe aussi côté production. Durant l’assemblée générale du Collectif de la fleur française** le 20 janvier 2025, la rencontre a donné l’occasion de lancer un chantier d’études autour des pesticides : « Nous avons une intuition à confirmer, par des chiffres, à démontrer scientifiquement. » Un groupe de travail et de recherche autour des fleurs et des pesticides s’est ainsi créé à l'initiative de Mathilde Bignon, Justine Waignier et Justine Beaussart, toutes trois fleuristes, designers florales.

*Pour en savoir plus, notamment sur le fonds d’indemnisation des victimes : « Victimes des phytos, se faire accompagner pour la reconnaissance » et « Les enfants aussi ! », Le Lien horticole n° 1141 de décembre 2024.
**Association et réseau « au service de la fleur locale et de saison, pour soutenir une agriculture plus responsable et faire évoluer les pratiques de consommation ».

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