Expérimentation Astredhor Méditerranée investit pour la fleur coupée
La station Astredhor Méditerranée a ouvert ses portes le 14 novembre 2025 pour présenter ses essais - de la régénération des parcelles aux techniques hors-sol, en passant par la diversification florale - et inaugurer ses derniers investissements.
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Chaque année à la mi-novembre, Astredhor Méditerranée (Scradh) située à Hyères invite les professionnels à déambuler au sein de ses abris, plateformes hors-sol et pleine terre pour découvrir ses travaux. La station d’expérimentation étudie notamment les alternatives phytosanitaires, l’amélioration des calendriers de production (anémones, renoncules, dahlia…), la qualité post-production, et l’évaluation de nouvelles variétés adaptées aux conditions méditerranéennes.
En cas de fatigue : réinitialiser le sol
Problématique centrale de la journée, la fatigue des sols demeure un obstacle majeur en production de fleurs coupées pleine terre. La station expérimente la réinitialisation des sols (« soil resetting »), un procédé inspiré de la biofumigation et de la solarisation. Le principe consiste à incorporer de la matière organique qui sert de carburant aux micro-organismes présents dans le sol, puis à le recouvrir d’une bâche étanche pendant 4 à 5 semaines : l’activité microbienne fait chuter l’oxygène puis libère des composés toxiques pour les pathogènes et les adventices.
Estimée entre 2,20 et 2,50 €/m² – soit l'équivalent d'une désinfection vapeur –, cette méthode présente des avantages significatifs : une fenêtre d'application de mai à septembre, une efficacité sur adventices dont le liseron ou le chardon. Elle est notamment testée sur pivoine et lisianthus.
Le hors-sol prend racine
Un moyen de contourner les problèmes de fatigue consiste à cultiver en hors-sol. Les essais sur anémones et renoncules témoignent d’un itinéraire concluant. L'adoption de systèmes surélevés a permis de réduire la main-d'œuvre de 30 à 40 % grâce à une meilleur ergonomie. « Ce qui est considérable en fleur coupée où la main-d’œuvre représente 50 et 60 % du prix», précise Laurent Ronco, le directeur de la station, insistant sur la moindre pénibilité.
Le recyclage des eaux de drainage à l’aide d’un système de filtration lente a également généré des économies de 47 % en engrais et de 26 % en eau.
Pour le lisianthus, deux dispositifs sont comparés.
Le premier, facilement transférable en exploitation, consiste à cultiver en bacs peu profonds (10 cm). Le faible volume de substrat peut être remplacé entre deux cycles, ou désinfecté à la vapeur (moins coûteux qu’en pleine terre). Les points de vigilances sont l’arrosage et la propreté des allées.
Le second dispositif, en aéroponie, est plus technique et nécessite un investissement supérieur : les racines sont nourries par brumisation. Il permet jusqu’à trois cycles de production par an, sans éclairage et en chauffant un minimum la solution nutritive. Ce système peut fonctionner en circuit fermé.
Une station modernisée pour répondre aux enjeux climatiques
Inaugurée lors de l’événement, une nouvelle serre de 600 m² dédiée aux cultures en pleine terre améliore la capacité expérimentale en climat méditerranéen : écrans d'ombrage pour gérer les étés très chauds, ventilation, éclairage photosynthétique.... Elle clôture un projet de rénovation lancé en 2020, et s’ajoute à une salle de tenue en vase, des ombrières, dans le cadre d’un programme d’investissements financés par la Région Sud, avec la participation de la métropole TPM, du Département du Var et de la Mairie de Hyères. Écrans thermiques modernisés et stations de fertilisation automatisées complètent cette rénovation.
Numérique et patrimoine végétal
Outre les essais, les visiteurs ont pu découvrir deux projets auxquels participe la station. Ainsi l’outil Baco* a pour ambition d’offrir une solution ergonomique de traçabilité (suivi des bioagresseurs, pratiques culturales…) aux producteurs et conseillers, pour tous types de cultures spécialisées. La gouvernance coopérative permettra de limiter les coûts d’usage.
Également présent pour présenter ses activités : le Conservatoire méditerranéen partagé (CMP) organise la sauvegarde des variétés patrimoniales (œillet de Nice, tubéreuse, narcisse…), tout en explorant leur potentiel de relance sur des marchés de niche.
*La fatigue des sols, l’outil Baco et le CMP seront présentés dans les prochains Lien horticole.
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