SÉCURITÉ Allier régulation climatique et prévention incendie

À partir de ses retours d'expériences sur le terrain, la compagnie d'assurances Gartenbau-Versicherung VVaG (à Wiesbaden, en Allemagne, et à Strasbourg, 67) alerte sur les dangers et risques d'incendie avec les écrans utilisés dans les exploitations horticoles. Elle informe aussi sur les bases légales et innovations dans le développement de méthodes d'essai.

L'évolution des coûts énergétiques, les nouvelles stratégies de gestion climatique et les plans de cultures très stricts exigent l'utilisation flexible d'écrans thermiques et de toiles d'ombrage pour optimiser la réussite et assurer la viabilité économique des mises en culture sous serre. Des stores intérieurs peuvent aussi être utilisés pour la régulation climatique des points de vente... Ces équipements spécifiques mis sur le marché répondent à des exigences contraignantes, essentielles pour l'exploitant, surtout en termes de degré d'ombrage, d'économies d'énergie et de régulation de l'humidité... Du coup, le besoin en matériaux modernes présentant les caractéristiques les plus diverses a donné naissance, au niveau international, à une offre de toiles aussi vaste que variée. Or, un écran thermique ou d'ombrage doit présenter également certaines propriétés pour se conformer à la réglementation, en priorité le comportement en cas d'incendie. Par manque d'information et de sensibilisation, cette propriété est trop souvent négligée. Cependant, les matériaux d'écrans montés sur de grandes surfaces peuvent contribuer à la propagation rapide d'un incendie. Et la chute de gouttes et de débris enflammés peut mettre le feu à d'autres matériaux combustibles (par exemple des fonds de tablettes en plastique). Bien gérer les risques, c'est prévenir la propagation de l'incendie afin de limiter les dégâts. Dans la protection classique, on crée des compartiments, par exemple en installant des barrières coupe-feu. Des mesures de ce type sont pratiquement impossibles en horticulture sous serre. Il convient alors de procéder autrement. Afin d'éviter des dégâts importants, un matériau d'écran monté sur une grande surface ne doit pas propager un incendie naissant.

La norme française NF P92-507

La norme française applicable au comportement au feu de matériaux de construction a été mise au point et décrite par l'Association française de normalisation (AFNOR) qui encadre l'élaboration et assure la reconnaissance des normes. On trouve les classes de matériaux de construction suivantes :

- M0 (incombustibles) ;

- M1 (combustibles et ininflammables) ;

- M2 (difficilement inflammables) ;

- M3 (moyennement inflammables) ;

- M4 (facilement inflammables).

Tous les matériaux d'écran disponibles sur le marché sont plus ou moins inflammables et sont à classer selon les sous-groupes de la norme. Cette dernière détermine les essais à effectuer pour classer ce type de matériau. Les critères examinés sont notamment la persistance de l'inflammation, la vitesse de propagation de flamme et la présence de gouttes enflammées après des tests avec diverses sources d'inflammation et inclinaisons. D'où l'importance des normes et des tests qualitatifs.

La norme européenne NF EN 13501-1

La norme européenne pour la sécurité incendie a été publiée par l'AFNOR, tout comme la norme française ci-dessus. Toutefois, son élaboration a eu lieu en Europe au sein du comité européen de normalisation (CEN) avec tous les autres organismes de normalisation nationaux. Son objectif est de créer, à terme, un paysage normatif uniforme en Europe. Cette norme pour la protection incendie procède à une répartition plus précise des classes de matériaux de construction. Elle prévoit, au total, seize différenciations allant de la classe A1 (produits incombustibles) à la classe F (produits facilement inflammables). Cependant, seule la classe B avec ses nombreux sous-groupes est pertinente pour l'évaluation de matériaux d'écrans. À noter : la norme européenne évalue et définit les aspects « chute de gouttes et de débris enflammés » et « production de fumée » de manière plus transparente dans le dispositif d'essai ; un point positif pour la gestion des risques. La méthode d'essai prévoit, à cet effet, différents tests préalables qui se concentrent sur ces questions. Si un écran obtient, par exemple, un certificat d'essai avec le résultat B-s1 (d0), ce résultat signifie que le matériau possède, outre la propriété principale « auto-extinguible », également la propriété de ne causer qu'une très faible production de fumée (s1), ni aucune chute de gouttes, ni de débris enflammés (d0). Les matériaux qui ont obtenu une classification selon la norme européenne sont admis, au regard de la norme française, sans tests supplémentaires. Ainsi, un matériau d'écran ayant obtenu un classement européen B-s1 (d0) est homologué comme M1 selon la norme française.

Par ailleurs, une convention technique néerlandaise (NTA) a été mise en place par l'Institut de normalisation néerlandais (NEN) pour tester le comportement au feu d'écrans. Les normes en vigueur ne reflétant qu'imparfaitement le comportement de ces matériaux, une convention NTA 8825 a spécialement entrepris des essais spécifiquement sur le caractère auto-extinguible des écrans thermiques et d'ombrage, dans des conditions proches de la pratique horticole, avec des montages d'essai monocouches, multicouches et inclinés à des angles de 30° et 90°, exposés aux flammes.

L'engagement d'un assureur

Gartenbau-Versicherung VVaG, opérant à l'échelle européenne, accepte aussi bien la classification AFNOR que les autres méthodes de certification habituellement appliquées et en vigueur en Europe, ainsi que la norme allemande DIN 4102-1. Alexandre Drühen, au service France, précise : « Les écrans M1 sont, en France, une obligation réglementaire dans les établissements recevant du public (réglementation ERP) comme les jardineries, mais il n'existe pas, à notre connaissance, d'obligation réglementaire pour les établissements de production. C'est pourquoi notre société d'assurances souhaite, à partir de 2016, exiger - lors de toute nouvelle installation, ou de tout remplacement d'écran existant - l'utilisation de matériaux difficilement inflammables, en acceptant, pour cela, les différentes normes en vigueur. C'est déjà le cas en Allemagne depuis 2006. Les matériaux difficilement inflammables sont, d'autre part, maintenantlargement disponibles et répondent à tous types d'exigences techniques. Les écarts de prix par rapport à des matériaux dangereux en cas d'incendie sont devenus minimes. À noter : le type d'écran entre aussi en compte dans le calcul des cotisations de notre établissement pour le risque incendie. »

Odile Maillard

Source : Gartenbau-Versicherung VVaG