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Espaces publics : les rendre accessibles à tous les handicaps

Sur quels éléments faut-il se baser pour gérer l'obligation d'accès des espaces verts et horticoles aux personnes à mobilité réduite ? Des experts répondent pour aider à s'y retrouver. Exemple avec le service des espaces verts de la ville de Versailles, dans les Yvelines.

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Depuis le 23 décembre 2009, chaque commune ou groupement de communes doit disposer d'un plan de mise en accessibilité de la voirie et des espaces publics (PAVE). La législation et la réglementation relatives à l'accessibilité aux personnes handicapées distinguent la voirie et les aménagements des espaces publics, les établissements recevant du public (ERP), les installations ouvertes au public (IOP), les bâtiments d'habitation collective et les lieux de travail. Les espaces verts et autres aménagements extérieurs sont donc concernés par ce plan.

Situation de handicap

ET PAS UNIQUEMENT PERSONNE HANDICAPÉE

L'accès aux espaces publics (espaces verts, parcs et jardins) et aux établissements accueillant du public (jardineries, fleuristeries...) prend-il en considération les demandes de tous les usagers ? Les personnes âgées (de plus en plus nombreuses) et les personnes à mobilité réduite (PMR) y trouvent-elles leur compte ? En fait, il convient de prendre en compte non pas uniquement des personnes handicapées, mais plutôt l'ensemble des personnes rencontrant une situation de handicap (mental, moteur, visuel, auditif, psychique), temporaire (femmes enceintes, accidentés, mamans avec une poussette de bébé, voyageurs avec de lourds bagages...) ou définitive.

Fortement sensibilisé par le handicap dans les métiers auxquels il prépare (paysage, fleuristerie, technico-commercial), le Centre de formation d'apprentis des métiers de l'horticulture et du cheval de Saint-Germain-en-Laye/ Maisons-Laffitte, dans les Yvelines (www.cfahorticheval.com) avait organisé, en octobre dernier, une journée technique annuelle sur ces sujets de société. L'établissement reviendra également sur ces thématiques lors de ses portes ouvertes, samedi 6 avril 2013.

Consacré à l'accessibilité des réalisations en espaces verts, cet article sera suivi, dans une prochaine édition, par un second volet dédié à l'insertion des personnes handicapées au sein des métiers horticoles.

Espaces publics

L'EXEMPLE DE LA VILLE DE VERSAILLES

« Les espaces verts de proximité sont les poumons de la ville et forment des lieux privilégiés pour les familles, les personnes âgées, les personnes à mobilité réduite... À ce jour, sur les quarante squares, parcs et jardins de Versailles, trente-sept sont accessibles. Les cours d'écoles maternelles et élémentaires sont également en cours d'aménagement », expliquent Fabienne Souhami-Gillis (chargée de mission « accessibilité ») et Nadège Begard (paysagiste au service des espaces verts de Versailles). « Les espaces verts sont intégrés dans les aménagements urbains mais ils sont aussi sociaux. On doit donc maintenir un cheminement continu entre les transports, la voirie, les bâtiments et les espaces verts, précise Nadège Begard. Au fur et à mesure des rénovations, l'accessibilité pour tout handicap est prise en compte, quand cela est possible, sans négliger la sécurité et la mise en valeur du patrimoine historique. » Dans l'idéal, « l'accessibilité, c'est l'affaire de tous. Le meilleur projet est celui qui intègre l'accès à tout type de population sans discrimination », poursuivent les deux intervenantes. « Les nouvelles technologies améliorent l'accessibilité et donc le confort pour tous, véritable démarche de développement durable. Il ne faut pas hésiter à faire appel aux associations pour bien recueillir les besoins. Cela nécessite un travail à la fois en amont et en transversal. C'est surtout une question de bon sens... »

Mais rendre à tout prix tout accessible n'est pas toujours concevable, surtout en réhabilitation, à cause de contraintes topographiques, historiques et/ou financières. Fabienne Souhami-Gillis et Nadège Begard ont illustré des cas concrets par l'exemple. Notamment un jardin avec trop de dénivelé : il faut être réaliste, la situation ne permet de rendre accessible qu'une partie d'un jardin ou d'un espace. L'objectif est alors de s'adapter en donnant un accès à tous les publics (par exemple l'entrée et la partie basse), tandis que cet accès restera partiel pour certains types de handicap et/ou pour une partie de l'espace (par exemple la partie la plus élevée dont la dimension et la déclivité imposent forcément des escaliers).

« La mise en place de l'accessibilité dans les projets exige une collaboration entre les différents services d'une commune et la définition d'une méthodologie de travail », précise Fabienne Souhami-Gillis, qui conseille de s'appuyer sur divers paramètres : « Un constat-état des lieux, un diagnostic, une évaluation des besoins en concertation avec les riverains ou les équipes pédagogiques, une référence à la réglementation et aux normes, une prise en compte des contraintes techniques, une transversalité inter-services, une analyse d'aménagement, une élaboration du projet (choix des matériaux...), et enfin une validation par les riverains ou directeurs d'école. »

Réflexion citoyenne

ANTICIPER L'ÉVOLUTION DÉMOGRAPHIQUE

Les personnes touchées par les cinq types de handicap sont estimées à 10 % de l'humanité, c'est-à-dire plus de 650 millions dans le monde. Il faut y ajouter le vieillissement démographique : en France, en 2030, 40 à 50 % de la population devrait être touchée par des problèmes de mobilité ! Alors, même si les réglementations régissant l'accessibilité sont contraignantes, exigeantes et difficiles à mettre en place, les professionnels sont invités, en tant que citoyens mais également futurs « bénéficiaires » potentiels, à anticiper et à intégrer l'ensemble de ces paramètres, en amont, dès la conception des parcs et jardins.

Luis Da Costa, formateur chargé du développement de l'apprentissage au CFA de Saint-Germain-en-Laye/Maisons-Laffitte

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