Les étudiants se mobilisent pour les productions horticoles

Trois équipes qui ont participé à la première édition du concours 2016 - 2017 Apprendre avec les pros ! du Lien horticole avaient pour mission de mener un projet concernant des productions dans les secteurs de la floriculture, de la pépinière, ou du maraîchage. Elles ont chacune fait naître un projet bien distinct en lien avec les préoccupations actuelles. Les principaux lauréats reviennent sur leur expérience...

Des végétaux d'origine locale

AU LYCÉE LOUIS-PASTEUR DE MARMILHAT

L'équipe du projet « Préservons nos racines » - des bac pro productions horticoles (PH), associés à des bac pro technicien conseil vente des produits de jardin (TCVPJ) - au Legta Louis-Pasteur de Marmilhat, à Lempdes (63), témoigne : « Nos professeurs nous ont proposé de faire connaître notre travail, de le promouvoir. » Le concours du Lien horticole a été l'occasion de valoriser le partenariat qu'ils ont mené avec un pépiniériste produisant et vendant des plants labellisés « Végétal local ». Bien que blogueurs novices, ils ont mêlé humour et informations, émoticônes et blagues à l'appui. Stressés au départ, ils n'ont toutefois pas baissé les bras : « On n'avait jamais fait de blog ! Et écrire ce n'est pas forcément notre truc ![...] », ont-ils confié à leurs internautes. Pour les rassurer leurs professeurs n'ont pas manqué de souligner qu'il s'agissait d'un challenge où tout était à gagner. Tour à tour chasseurs de plantes sauvages locales, expérimentateurs pour faire germer leurs graines, artistes en herbe pour réaliser une affiche..., ces jeunes ont arrêté très tôt leur plan de communication. « Mieux nous communiquons et plus nos actions seront connues. Nous avons pensé faire découvrir notre travail à nos amis et à notre famille. »

Durant leur chantier, ces élèves ont surtout travaillé sur la recherche de graines in situ et la stratification de celles-ci, puis sur des tests de germination. Leur mission était d'aider à produire des jeunes plants pour un pépiniériste, Nicolas Lachaze, installé à Veyrières (15), en partenariat avec la Mission Haies Auvergne. « Nous avons aimé récolter des graines à l'état sauvage. Ça nous a changé des cours théoriques. Le plus pénible était d'écrire des articles. Mais nous avons surmonté nos difficultés grâce aux professeurs, pour corriger les fautes, pour mettre en forme le blog. Beaucoup d'entre nous continuent leurs études en BTS et ce concours restera une belle expérience. Nous pouvons aussi remercier nos partenaires pour leur soutien, Nicolas Lachaze pour l'explication de son travail, l'artiste Jacques Moiroud pour la réalisation de l'affiche... Et grâce aux journées de démonstration sur le greffage, nous avons pris conscience que nous pouvions échanger nos connaissances avec les jardiniers amateurs. »

Une autre équipe de l'école auvergnate, composée de lycéens de seconde générale écologie, agronomie et territoire (EATD), a planté 300 m de haie champêtre brise-vent pour protéger la parcelle d'un maraîcher bio, Stéphane Pichot, co-associé dans le Gaec Les Jardins d'Ys, à Malintrat (63). Elle a également participé au concours avec un blog (http://concours-lienhorticole-2dmarmilhat.blogspot.fr/), et a gagné une 3e place ex aequo pour la meilleure vidéo, et deux 4es places dans les autres épreuves.

Des fruitiers et des légumes

AU CFA DE LOMME

Avec « Verger maraîcher bio », des apprentis en BTS productions horticoles première année (aidés par les élèves de deuxième année) du CFA horticole de Lomme (59) ont participé à la réalisation d'un verger maraîcher bio, associant arbres fruitiers, petits fruits et plantes maraîchères. Ce projet de transition écologique de l'exploitation Les Flandres site de Lomme (59) a été réalisé en partenariat avec les Planteurs volontaires. Cette association organise des reboisements participatifs et citoyens avec des essences locales, dans la région des Hauts-de-France.

Parmi les élèves, Baptiste, Pierre-André, Maxime et deux Ambroise ont travaillé avec Isabel Goncalves, formatrice et responsable de l'éducation socio-culturelle (ESC). Leur chantier de verger réunissait plusieurs intervenants : Frédérick Lévêque, formateur en biologie-écologie, apiculture, parasitologie et agronomie, et André Charruau, formateur en techniques horticoles. Dès la création de leur blog, ils expliquaient : « Nous sommes cinq apprentis âgés de 18 à 25 ans. Nous alternons une semaine de cours et une en entreprise. Ces dernières sont spécialisées en production maraîchère ou florale et sont situées dans la région des Hauts-de-France. Nous avons tous un parcours scolaire très différent. Ce projet de verger maraîcher s'étend sur 2 000 m². L'essentiel consiste à planter des pommiers rustiques de diverses variétés, associés à des arbustes fruitiers avec des planches maraîchères qui accueilleront carottes, choux, pommes de terre... » Leur mission avait pour but de préparer une expérimentation afin de tester différents paillages et leurs effets sur les adventices. Les produits récoltés ont été vendus en circuit court à la serre du lycée. « L'objectif était également basé sur la communication avec les professionnels aux alentours, afin qu'ils se servent de notre expérience pour produire autrement », indiquent les élèves.

Le travail mené par les jeunes s'inscrivait dans le cadre d'un projet Casdar (compte d'affectation spéciale de financements développement agricole et rural), lancé par Frédérick Levêque, formateur au CFA : « Nous avons été accompagnés par les Planteurs volontaires et le Réseau national éducation à l'environnement et au développement durable (RNEDD) sous l'autorité du ministère de l'Agriculture. Les BTSA productions horticoles de deuxième année ont apporté leur aide pour l'implantation du verger. La finalisation du projet Casdar est établie pour juin 2018, avec des protocoles de suivi en cours d'année. En point d'orgue, un séminaire d'une demi-journée de restitution aura lieu sous l'intitulé : Comment mettre en place un verger maraîcher dans les Hauts-de-France vers fin mai début juin 2018, à destination des professionnels. »

Récupérer l'énergie via des bidons

À L'ÉCOLE DE SAINT-ILAN

Les BTS2 productions horticoles de l'école d'horticulture de Saint-Ilan, à Langueux (22), ont travaillé en partenariat avec la station d'expérimentation et de développement de plantes en pot Astredhor-Stepp Loire Bretagne, pour leur projet baptisé « Expérimentation récupération d'énergie ». « Notre sujet a porté sur la recherche expérimentale de la restitution de chaleur par accumulation thermique. Il visait à étudier un système permettant de restituer de la chaleur la nuit, celle-ci ayant été accumulée en journée. Nous avons choisi de mettre, sous une tablette de culture, 100 bidons noirs et remplis d'eau, afin de créer une masse d'accumulation représentant 2 m3 d'eau. Dans le cadre de l'expérimentation, nous avons consacré deux heures par semaine à ce module et une heure de statistiques appliquées au traitement des données. Durant nos séances, nous étions les acteurs du projet : gestion de l'organisation, du calendrier, répartition des tâches, définition des critères de l'expérience... » Les élèves avaient toute autonomie et responsabilités pour se gérer : « Nos enseignants [NDLA : en particulier Véronique Cheyrou-Lagrèze], ainsi qu'Oscar Stapel, directeur de la Stepp, étaient présents pour nous encadrer et nous indiquer si nous étions sur le bon chemin ou non. » Les premiers essais n'ayant pas obtenu les résultats escomptés, Oscar Stapel est donc intervenu rappelant que « l'expérimentation c'est apprendre de ses erreurs, et améliorer le protocole en essayant de prévoir les problèmes potentiels. »

Les étudiants concluent : « En effet, de la planification à l'interprétation, nous avons appris à construire et à réaliser un plan d'expérimentation pour lequel la rigueur, la méthode et l'organisation sont des compétences indissociables et nécessaires. »

Odile Maillard